Le Conseil d’administration de la compagnie aérienne Kenya Airways vient d’approuver la suppression de 1500 postes sur 3730, et une réduction de ses activités tous azimuts en raison de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ses revenus.
Fin juillet, l’IATA déplorait les lourdeurs administratives qui empêchent les compagnies africaines de recevoir l’aide promise ; la compagnie nationale kényane n’en a reçu aucune, et vient donc de donner son feu vert à une diminution du réseau, de la flotte et des effectifs. Selon le quotidien The Star, le CEO par intérim Allan Kilavuka a déclaré au principal syndicat de pilotes que les licenciements allaient commencer « immédiatement », tout en respectant les lois du travail. Il cite un audit interne selon lequel les opérations de Kenya Airways ne sont « pas viables avec un statu quo ». Au moins 182 pilotes et 400 PNC pourraient ainsi perdre leur emploi. Les frais du personnel représentent 20% des coûts de Kenya Airways, dont un tiers pour les navigants, 24,9% pour le personnel au sol, 13,8% pour la technique ou 12,5% pour le commercial selon le quotidien.
Le dirigeant de Kenya Airways a ajouté que les projections à court et moyen terme indiquaient qu’elle « doit réduire ses opérations pour résister à la baisse de la demande des clients et aux chocs économiques ». Avec pour conséquence immédiate la suspension de huit routes en Afrique, entre sa base à Nairobi-Jomo Kenyatta et les aéroports de Bamako, Blantyre, Brazzaville, Djibouti, Luanda, Khartoum, Maputo et Mogadiscio. Et ce alors qu’elle vient à peine de relancer ses opérations internationales.
Face à une demande réduite, une partie de la flotte est clouée au sol : parmi ses 38 avions, quatre Boeing 787 sont inactifs, ainsi que six 737-800, deux 737-700, deux 737-300F et douze Embraer 190 selon le décompte de ch-aviation.
« Nous continuerons également d’exploiter un réseau réduit car il faudra un certain temps avant que l’industrie ne commence à rebondir », a déclaré le CEO de la compagnie de l’alliance SkyTeam. « L’ampleur de ce défi nécessite des changements substantiels, de sorte que nous soyons dans une position compétitive et résiliente pour faire face à l’impact de Covid-19 et résister à toute réduction à long terme de la demande des clients et à tout autre choc économique ».
Le syndicat de pilotes a publié une lettre ouverte au président kenyan Uhuru Kenyatta, expliquant entre autres que Kenya Airways « aurait dû profiter des vides laissés par Air Mauritius ou South African Airways », au lieu de mettre en péril « l’investissement que le Kenya a réalisé dans l’amélioration de l’infrastructure aéroportuaire, ce qui entraînera une perte importante de recettes fiscales dans le secteur ». La réduction des effectifs fera perdre au pays « des talents hautement qualifiés au profit des transporteurs étrangers », et à Nairobi sa place de plaque tournante d’Afrique de l’est « au profit d’Addis Abeba ou Kigali »…
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