La lutte contre le dumping et un « retour à la vérité des tarifs » justifient selon le SCARA une obligation de prix minimum du billet d’avion, couvrant les taxes et redevances du secteur aérien.
Saluant la décision du gouvernement autrichien d’interdire la vente de billets d’avion à moins de 40 euros, le Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes (SCARA) a rejoint la position de la ministre des transports Elizabeth Borne exprimée ce weekend : il faut imposer un prix plancher au voyage aérien, « afin de lutter contre le dumping social et environnemental dans le secteur » selon son communiqué de lundi. Il s’agit de « combattre la pratique de nombre de compagnies aériennes » qui consiste à publier des prix d’appels inférieurs au coût des taxes et redevances – qui sont collectées par ces transporteurs pour le compte des États et des aéroports, et qui servent à financer le fonctionnement des aviations civiles et la sûreté en aéroports. Pour rappel ces taxes et redevances sur un billet d’avion, quel que soit le prix payé par le passager, s’élèvent en classe Economie à 30 € pour un billet intra-européen et à 50 € pour un billet hors Europe ; en classe Affaires, elles sont de 50 € pour les vols en Europe et de 110 € pour les vols hors Europe.
« Aujourd’hui, la vente de billets d’avion pour une somme inférieure au total des taxes et redevances dues n’est pas interdite car elle ne relève pas de la vente à perte », souligne le SCARA : la vente à perte est caractérisée soit par la simple revente d’un bien acheté à un tiers, soit par la pratique d’un opérateur en position dominante pour empêcher l’accès au marché de concurrents.
Il n’en demeure pas moins que cette pratique a induit au fil du temps selon le syndicat « des comportements aberrants sur le marché : instillation d’une culture low-cost extravagante chez le consommateur, guerre des prix chez les opérateurs, délocalisation des compagnies aériennes pour rechercher les coûts sociaux et fiscaux toujours plus bas. Avec pour résultat, la consolidation du secteur aérien autour de compagnies aériennes de moins en moins nombreuses et de plus en plus imposantes, œuvrant à se débarrasser de toute concurrence pour pouvoir ensuite imposer leurs tarifs, forcément plus élevés ».
Au bout du compte, « c’est le consommateur qui se retrouve berné », lui qui par d’ailleurs exige le paiement « d’indemnités déraisonnables en Europe en cas de retard ou d’annulation d’un vol (règlement européen UE261) », sans relation avec le prix du billet qu’il a acheté et parfois « bien en-dessous de son prix de revient ».
Le SCARA a depuis longtemps demandé une évolution de cette réglementation : homogénéisation des droits européens des passagers pour tous les modes de transport, indemnisation versée sous forme d’avoir, indemnisation au prorata du prix du billet, meilleure reconnaissance des « circonstances exceptionnelles » exonératoires de l’indemnisation, suppression de toute dissymétrie de droit entre les transporteurs communautaires et les autres. La période actuelle, durant laquelle les États doivent aider l’industrie du transport aérien à se relever de la pandémie de Covid-19, « est propice à cette révision d’une réglementation très pénalisante pour les compagnies aériennes européennes », assure le SCARA.
Pour qui il n’est pas question de « revenir à la mise en œuvre de tarifs administrés par les États » ; mais la question de l’imposition d’un tarif minimum couvrant les taxes et redevances mises en place par les États « fait sens », a fortiori dès lors où cette fiscalité a pour objet de couvrir des dépenses régaliennes (sûreté) ou humanitaires (taxe Chirac) « à la charge de la communauté et non pas des seules compagnies aériennes ».
Cette question d’un tarif minimum des billets d’avions se posera encore plus dans le cadre de la mise en œuvre probable d’une fiscalité « verte », veut croire le syndicat, « que ce soit pour soutenir une politique de fiscalité dissuasive ou pour participer au financement de la transition écologique ».
Le SCARA regroupe plus de 50% des compagnies aériennes françaises, basées en Métropole et dans les territoires ultra-marins ainsi que des sociétés d’assistance aéroportuaire et de formation.
private equity a commenté :
23 juin 2020 - 11 h 26 min
Ils ont bien raison. Dans beaucoup de pays, inclus suisse et autriche ce débat est en cours au parlement. Reste à espérer que le surcout profitera au travailleurs précaires et pas aux actionnaires
greg a commenté :
23 juin 2020 - 12 h 04 min
Rien n’ira dans la poche de leurs employés. Surtout en ce moment ou il y a pléthore de personnel qualifié sur le marché, prêt à travailler pour n’importe quel prix.
Un prix plancher du billet servira à réajuster le marché, en faveur de compagnies “high cost” (d’où l’avis probablement intéressé de la SCARA). Malheureusement c’est une attaque du système Low Cost, qui pourtant fonctionne très bien aux USA (et sans dumping social). Si ils veulent plus de justice sociale, il faut harmoniser la réglementation au niveau européen, pas imposer un prix plancher qui au final desservira le pouvoir d’achat.
PIERRE a commenté :
23 juin 2020 - 14 h 52 min
Oui Greg. Ca ne changera rien pour les salariés. Et pas grand chose pour les passagers vu les niveaux. Maintenant, si les autorités se mettent à régler le marché à la mode soviétique et fixe un minimum élevé, là ce sera effectivement un bonus pour les compagnies en sureffectif et qui payent trop
HERVE a commenté :
23 juin 2020 - 13 h 20 min
C’est beau de rêver !!
Le monde des bisounours…
Wind Surf a commenté :
24 juin 2020 - 15 h 36 min
@ PRIVATE EQUITY
“espérer que le surcout profitera au travailleurs précaires”
C’est beau de rêver.
Si le parelement suisse ou autrichien prend une décision il pourra PEUT-ETRE la faire appliquer dans son pays, mais les low cost ne volent pas seulement en entre ZRH et GVA ou VIE et SZG !!!
Quant à la répercussion sur la paie des salariés ……. MOL se tape le ventre par terre.
PM a commenté :
23 juin 2020 - 11 h 27 min
le modèle low-cost est base aussi sur les ventes suplementaires. embarquement prioritaires, valises, manger, boire
???????? a commenté :
23 juin 2020 - 11 h 44 min
Bravo le SCARA !
Maintenant: objectif agir vite pour une mise en pratique effective avec le début de commercialisation des billets aériens pour le programme période IATA été 2021….
FL350 a commenté :
23 juin 2020 - 11 h 49 min
C’est un faux sujet, puisqu’il ne s’agit que de prix d’appel qui ne concernent que très peu de client, sans quoi ces compagnies ne pourraient survivre.
Rappelons surtout qu’en France, 47 % du prix d’un billet est constitué de taxes.
Super... a commenté :
23 juin 2020 - 12 h 14 min
Puisqu’il ne s’agirait que” d’un faux sujet …qui ne concerne que très peu de clients”…il n’y a donc aucun problème à mettre un terme à cette pratique avec une vraie solution!
Bencello a commenté :
24 juin 2020 - 10 h 53 min
Bien vu !
L’image du low-cost (qui ne veut pas dire low-price NDLR), en sera modifiée. Fini les affichages “tête de gondole”, souvent abusifs et trompeurs.
Et les défenseurs du “voyage-pour-tous-le-plus-loin-possible” arrêteront de nous faire croire qu’il y a une spoliation
Spin53 a commenté :
23 juin 2020 - 12 h 39 min
On va vers plus de précarisation donc !
Les compagnies ne feront plus voler leurs avions sur les périodes creuses (l’été on est loin des tarifs plancher et la demande est forte).
Pour faire face à cette accentuation de la saisonnalité le recours aux CDDs et autres contrats à l’heure de vol sera de mise.
Y compris pour les sous-traitants et assistants aéroportuaires.
Ou quand le remède est plus toxique que la maladie.
HERVE a commenté :
23 juin 2020 - 13 h 23 min
Exactement.
Moins de possibilité de remplir les avions en hiver = avions qui resteront au sol = moins d’emplois de PNC, PNT, personnel au sol…
Et aujourd’hui c’est 40€, dans deux ans les écolos voudront 60€ minimum… Juste le début de la fin pour l’aérien en europe, et un retour dans les année 80.
Fred a commenté :
23 juin 2020 - 20 h 52 min
La fin pour l aérien? Vraiment? La bonne blague… Dans les années 80 les pilotes avaient un niveau de vie autre que celui d’aujourd’hui qui lui est gangréné par la méthode O’Leary. Évidemment ça va en enm..der plus d un de devoir payer son ticket plus cher et tant pis! Il est scandaleux de fermer les yeux sur les conditions de vie des pilotes et hôtesses juste par égoïsme, par pur plaisir personnel. Quand on grince les dents pour un billet a 40 au lieu de 15, on voit le pouvoir d achat du dit touriste low cost. C est sur qu avec de tels profiteurs une region va tirer grand profit de ce genre de tourisme à la recherche du cheap et toujours plus cheap, style la pizza a 2 eur… Vous êtes pathétique. Un pilote avec les responsabilités et le mode de vie qui est le sien doit être payé 15.000 Eur net pour un Commandant et 10.000 Eur net pour un copi. Criez au scandale si vous le voulez et allez vite faire vos recherches sur internet pour trouver toujours moins cher et vous en venter sur les réseaux sociaux. Société sans âme, sans respect, sans avenir…
Bio a commenté :
24 juin 2020 - 9 h 05 min
15k€ pour un Cdb et 10k€ pour un copi ???
Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Sérieusement ?
Le pilote n’a pas plus de responsabilité que le mécano qui signe la remise en service de l’avion après maintenance, qu’un pilote de train (qui trimballe facilement 4 à 5 fois plus de personnes dans son train) ou même qu’une infirmière à l’hôpital.
Et pour le rythme de vie, excusez moi, mais beaucoup de métiers largement moins bien payer ont aussi des rythmes décalés et difficiles (même liste que pour les responsabilités).
Et quand je vois le rythme de vie de certains de mes potes pilotes, je ne vais pas les plaindre et ils ne s’en plaignent pas d’ailleurs (et ils sont pas tous chez AF)
La Pizza à 2€? a commenté :
24 juin 2020 - 9 h 35 min
Alors nous prendrons une pizza simple pour deux..et une carafe d’eau du robinet..
Peut on nous servir sur cette table ,là: la seule que vous ayez face à la mer?
jojo a commenté :
23 juin 2020 - 13 h 24 min
on va faire comme la loi alimentaire .
vous pensez que certaines compagnies font mieux renumere non elle font en mettre plus dans les poches .
flydreamer a commenté :
23 juin 2020 - 13 h 24 min
Et ce sera quoi la prochaine idée pour compléter ce projet : la vente aux enchères des billets d’avions ?
Que ce soit des billets low cost ou classiques, il y aura toujours les 2 mots magiques : taxes et redevances
Nico a commenté :
23 juin 2020 - 14 h 02 min
Il aurait été peut être plus simple d’interdire définitivement les subventions et aides diverses…
Greg765 a commenté :
23 juin 2020 - 14 h 22 min
Ça me parait inutile.
1 – Ce sont des prix d’appel, or tout le monde à bord ne paye pas le prix d’appel, donc la mesure est assez « symbolique ». Les avions ne voleraient pas si ça se faisait à perte.
2 – Pour les vols internationaux c’est facile à contourner, il n’y a qu’à brader le vol retour et le résultat sera le même.
3 – C’est la porte ouverte aux augmentations successives jusqu’à tuer le secteur et les emplois qui vont avec. Ce sera 40€ la première année, puis 50, 60, 70, 80, 100, 120…
4 – Où ira l’argent ? Les compagnies ne vont pas gentiment dire « on veut payer plus de taxes car on a un prix minimum » ! Donc ça ne changera rien, la concurrence sera toujours là. Ce sera juste plus cher sur le papier, mais les compagnies fonctionneront toujours de la même manière.
5 – Pour les quelques aéroports où jouer sur les prix entre la haute saison et la basse saison permettait de maintenir des lignes, certaines lignes pourraient disparaître. Du coup les employés de ces aéroports en CDI deviendront intérimaires / CDD. On disait éviter le dipping social ?
PIERRE a commenté :
23 juin 2020 - 14 h 54 min
Si on pousse la logique jusqu’au bout avec des minima élevés, ce sera juste une gestion soviétique du secteur et le projet de tuer les low cost pour favoriser les compagnies mal gérées mais protégées
Laurent a commenté :
23 juin 2020 - 20 h 54 min
Non, juste tuer les low cost et leurs pratiques misérables. Le jour ou cette boite jaune et bleu ferme boutique je paie une tournée générale !!!
Bencello a commenté :
24 juin 2020 - 10 h 59 min
Les suisses et Autrichiens ne sont pas connus pour être très “soviétiques” économiquement.
Il faudrait seulement encadrer les hausses de ces prix plancher en les indexant sur l’inflation ou tout autre indice pertinent.
"prix encadrés sur l'inflation".. a commenté :
24 juin 2020 - 14 h 17 min
Pourquoi pas, mais alors il faudra pratiquer comme pour toutes autres choses en France qui sont indexées sur l’inflation: on devra retenir le “Taux d’inflation officiel, hors tabac, hors taxes, hors énergies, hors effets saisonniers, hors situation exceptionnelles”…bref, hors tout ce qui augmente, quoi!
Moyennant quoi on a un taux d’inflation imbattable…
beber a commenté :
23 juin 2020 - 15 h 44 min
Si le prix du billet minimum n’incluerait que les taxes et redevances ça me semble cohérent comme idée. En quoi ça aboutirait à une augmentation massive des billets comme certains peuvent l’écrire ? Les taxes et redevances ne sont pas fixées par les compagnies donc elles ne pourront pas jouer dessus pour justifier des augmentations qu’elles décident de leur propre fait (si la compagnie justifie une augmentation de prix par rapport à des taxes ou redevances qui n’augmentent pas ou moins que l’augmentation du prix du billet …). Au pire ça va jouer sur les prix d’appel … que de toute façon il est difficile d’obtenir (d’où une publicité limite mensongère)car pas rentables.
CPasJojo a commenté :
23 juin 2020 - 16 h 21 min
Vous remarquerez que en ce moment c’est un festival de lois dans tous les secteurs pour empêcher/décourager les gens de travailler et obliger à la décroissance. Aussi bien en aérien, automobile (électrique qui empêche tout grand déplacement), agriculture. A croire que la France et l’UE veulent donner nos marchés aux entreprises étrangères.
atplhkt a commenté :
23 juin 2020 - 17 h 34 min
Ce qui semblerait logique est d’interdire toute vente de billets (taxes et redevances incluses) qui serait inférieur au montant des dites taxes et redevances. Celles-ci ne sont pas négligeables.
Par exemple (simulation ce jour) pour un vol de PARIS à NICE le 16 septembre 2020 le tarif (toutes taxes comprises) le moins élevé est de 49,91 € dont 32,91 € de taxes et frais. C’est-à-dire qu’Air France ne conserve (prix de son billet hors taxes) que 17,00 €. Un autre prix (ce n’est pas le plus élevé) le même jour est à 227,22 € dont 34,22 € de taxes et frais. Air France en ce cas conserve (prix de son billet hors taxes) 193,00 €.
Il ne faut donc pas mélanger les tarifs hors taxes (les compagnies n’ont pas à se voir imposer un YIELD MANAGEMENT avec un minimum tarifaire) et le prix toutes taxes comprises.
Dans l’exemple ci-dessus (billets à environ 50 € et 228 €) ce n’est évidemment pas aux mêmes heures ni aux mêmes règles tarifaires (billet modifiable ou non modifiable avec ou sans frais, remboursable ou non) et de bagages.
Ricou a commenté :
23 juin 2020 - 17 h 43 min
Je suis en accord pour pour un prix plancher en France et en Europe.
Maintenant, j’attends de voir comment vont réagir les low Cost.
Une armonisation Européenne sur le marché serait la bienvenue…
Wind Surf a commenté :
24 juin 2020 - 16 h 25 min
@ RICOU
Vous souhaitez une harmonisation européenne ?
Prenons un exemple : la Politique Agricole Commune (PAC) existe depuis les années soixante (plus de 50 ans).
Ca marche pas trop mal avec quelques magouilles et des inégalités. Ceci au prix d’un monstre bureaucratique à Bruxelles et des centaines de fonctionnaires dans 27 capitales.
Pour le transport aérien, ce serait bien pire.
Non, merci.
EnGreve a commenté :
23 juin 2020 - 19 h 21 min
Tout à fait d’accord,
mais qu’un vol hexagonal A/R soit facturé 150,
car aucun concurrence sur la ligne (Bretagne Paris)
il y a comme un soucis.
Robert a commenté :
24 juin 2020 - 0 h 39 min
Et comme il est prévu d’augmenter les taxes sur les billets d’avion, le prix des billets augmentera.
Le but poursuivi est de contrer la démocratisation du transport aérien. L’avion est aujourd’hui accessible à peu près à tout le monde. Demain il ne sera accessible qu’aux plus aisés. Les autres iront s’entasser dans les wagons d’un SNCF qui n’arrive déjà pas à fournir ou bien resteront chez eux.
Après le confinement par le coronavirus, voici venir le confinement par l’avion bashing.
Brabançon a commenté :
24 juin 2020 - 16 h 33 min
A ce jour, un débat sur des tarifs minimum a-t-il du sens ?
Pour l’essentiel le transport aérien, partout dans le monde, repose sur des bases qui datent, à peu près, des années 50 et qui ont, ensuite, été modifiées des dizaines de fois.
Aujourd’hui, cette activité est un échafaudage rafistolé de tous les côtés.
Pour certains secteurs industriels, en particulier le transport aérien, la sortie de crise ne passe pas par un nouveau bricolage mais par une reconstruction.
Depuis des dizaines d’années les nombreux professionnels ont acquis une vaste expérience. Ils connaissent les points forts, les points faibles, ce qui va, ce qui ne va pas.
Le PIAF est un instrument qui permet de remplacer, progressivement, certaines règles obsolètes et terriblement paralysantes par d’autres qui feront rebondir l’activité ou bien qui marginaliseront à l’extrême des comportements nuisibles.
A titre d’exemple, dans le cadre actuel la surveillance des bas tarifs nécessiterait des dizaines de brigades d’inspecteurs et de contrôleurs. Elle imposerait aux administrations d’établir le montant de milliers de tarifs minimum, etc. C’est ingérable.
Le PIAF peut comporter des dispositions plus légères et plus efficaces car basées sur l’expérience.
Que la France commence dans cette voie. Un adhérent du SCARA l’avait évoquée il y a quelque temps.
Ensuite, les autres Etats verront s’ils veulent ou non suivre une voie similaire. Chacun son choix.