La présentation mardi d’un plan de soutien à l’aéronautique française de 15 milliards d’euros, dont sept pour la compagnie aérienne Air France mais zéro pour les autres, désole le SCARA qui redoute la disparition de plusieurs transporteurs. L’UNCAF demande de son côté un changement de cap pour sauver l’emploi dans la filière.
Sept milliards d’euros pour la compagnie nationale, huit pour l’industrie et c’est tout : la France abandonne les autres transporteurs, selon le Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes (SCARA) qui regroupe plus de 50% des compagnies françaises basées en Métropole et dans les territoires ultra-marins ainsi que des sociétés d’assistance aéroportuaire et de formation. « En décidant de limiter son soutien aux seules industries du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) et à Air France », explique son communiqué, « c’est tout un pan de la chaîne de valeur du transport aérien allant des entreprises d’assistance en escale aux aéroports, des compagnies d’aviation d’affaires aux compagnies d’hélicoptère, des sociétés de maintenance aux sociétés de handling, des avitailleurs aux écoles de formation, sans oublier en premier lieu toutes les compagnies aériennes non Air France que l’État a décidé d’abandonner en pleine crise COVID-19 ».
Et ceci en dépit de la pleine conscience qu’il a des difficultés du secteur, souligne le SCARA, citant un extrait du dossier de presse du 9 juin « Plan de soutien à l’aéronautique page 9 : « les compagnies aériennes, malgré l’arrêt presque complet de leurs revenus, doivent faire face à des coûts non opérationnels importants (frais de personnel, coûts fixes, coûts financiers pour la constitution des flottes…). Elles sont donc dans une situation difficile, qui nécessite pour nombre d’entre elles un soutien renouvelé de leurs autorités nationales ou de leurs actionnaires ».
« Ce choix assumé de l’État, de soutenir la seule compagnie Air France au détriment des toutes les autres compagnies aériennes françaises conduit à une distorsion de concurrence inacceptable. Est-il compatible avec le règlement européen ? La question est ouverte ». Cette décision a en tout cas selon le SCARA deux conséquences immédiates :
– Elle va accélérer le mouvement de disparition des compagnies aériennes françaises déjà sévèrement attaquées par une concurrence étrangère qui bénéficie d’un environnement social et fiscal bien moins contraignant dans leur pays de rattachement ;
– Elle va également accélérer la perte d’emplois qualifiés en France dans toute une branche industrielle essentielle au développement économique du pays et de ses régions.
Rappelons que le SCARA demande depuis la fin avril la création d’un fonds d’urgence d’un milliard d’euros pour aider les compagnies aériennes françaises hors Groupe Air France, proportionnel au plan de soutien annoncé en faveur du groupe « pour un montant historique de 7 milliards d’euros, soit près de 45% du chiffre d’affaires annuel de la compagnie (hors KLM) ». Il expliquait alors que le chiffre d’affaires global de ces autres compagnies aériennes françaises « représente environ 15% de celui d’Air France », et qu’elles « rencontrent les mêmes difficultés qu’Air France et sont tout aussi soucieuses de renouveler leurs flottes pour améliorer leur compétitivité et participer à la transition écologique ».
La veille de l’annonce du plan de soutien gouvernemental, l’Union Nationale des Compagnies Aériennes Françaises (UNCAF, dont les 25 membres incluent des compagnies telles que Twin Jet ou St Barth Commuter) avait aussi demandé un « changement de cap pour sauver l’emploi dans la filière du transport aérien ». En termes d’aides à la filière du transport aérien (hormis Air France), le syndicat présentait la situation comme suit :
– rien n’a été fait pour le compte de résultat des entreprises, à part l’activité partielle,
– aucune subvention n’a été octroyée par le gouvernement aux petites et moyennes compagnies,
– aucune écoute de la part de Bercy pour agir sur les postes de charges,
– refus d’accorder l’aide financière à concurrence de 800 000 euro, pourtant acceptée par l’Europe…
L’UNCAF demande le maintien jusqu’au 31 décembre de la prise en compte de l’activité partielle à 100%, « indispensable pour contribuer à la sauvegarde de l’emploi particulièrement pour les compagnies aériennes ne pouvant pas reprendre une activité normale !! Si le gouvernement veut gérer sainement l’activité partielle, qu’il la coupe aux compagnies étrangères comme easyJet qui sont fiscalisées en dehors de l’hexagone, qui paient leurs taxes hors de France, et qui profitent de notre système de solidarité nationale financé par les impôts Français ». « Si le gouvernement ne veut pas voir un Tsunami de licenciements dans le secteur, Mme Pénicaud doit écouter les professionnels du secteur pour que son bilan de sauvegarde de l’emploi ne ressemble pas au bilan 2020 de nos entreprises… à savoir catastrophique », a précisé Olivier Manaut, président de l’UNCAF et dirigeant de Twin Jet.
TONG PO a commenté :
11 juin 2020 - 7 h 36 min
Etonnement nous avons toujours étés plus dur avec les “locaux” qu’avec les compagnies étrangères.Une désolation se profile dans le paysage aéronautique français.Les prédictions disant qu’à terme ne survivraient que les grands groupes semblent se vérifier lentement mais sûrement.Plus que jamais pour multiplier ses chances de décrocher un emploi dans le secteur il faudra maîtriser l’anglais et pourquoi pas une autre langue en plus.
Greg765 a commenté :
11 juin 2020 - 10 h 19 min
Maîtriser l’anglais a toujours été important en aéronautique, ce n’est pas nouveau. L’avion c’est aussi le voyage et un secteur fortement international, peu importe quelle est la compagnie pour laquelle on travaille !
Citoyen lampiste a commenté :
11 juin 2020 - 7 h 52 min
L’aérien c’est formidable. Ça fait rêver.
Mais c’est le secteur qui râle pour n’importe quelle raison et passe son temps à geindre et se plaindre, annonçant sa disparition au moindre coup de cent.
Vaste secteur dit privé, incapable de fonctionner sans l’argent des états.
L’article mentionne les vols d’affaires.. Ils n’ont jamais autant ramassé de fric que pendant cette crise.
La location d’aéronefs pour les prétextes les plus divers ont généré des fortunes.
Les « autres » compagnies Françaises remplissent leurs avions de pax aux billets sponsorisés par l’état, ou sur des lignes dites d’obligation de service public, financées par l’état, la palme revenant aux Dom Tom et aux Corses en ce qui concerne ka France.
La Finlande sponsorise les vols vacances vers les Canaries..
Formidable !
Papillon a commenté :
12 juin 2020 - 16 h 18 min
Vous plaisantez j’espère! Rien à voir avec la Corse non plus.
La seule compagnie qui a été désignée pour assurer la continuité dans les DOM, c’est AF.
C’est vrai que même quand les vols sont à moitié vides, TX assure ces vols : ça coûte !
C’est une CIe qui a une gestion de proximité, de vérité et de sagesse.
En aidant AF, l’état ne le fait pas en tant qu’actionnaire, sinon cela correspondrait à une augmentation de capital. La méthode utilisée est discriminatoire. C’est un choix.
Maintenant, il reste au client, à vérifier que cet avantage consenti, se transforme en une qualité de service supérieure.
Il est temps que le consommateur ouvre les yeux !
Un pilote d’EZY a commenté :
11 juin 2020 - 7 h 57 min
C’est bien Olivier Manaut président de l’UNCAF, j’espère que tu pourras continuer à payer tes pilotes et équipages au SMIC pendant de nombreuses années. Par contre EasyJet qui offre de bonnes conditions de travail, des contrats locaux, et est une des rares sinon la seule low cost a ne pas faire de dumping sociale, cette dernière ne mérite aucun soutien. C’est bien ça?
Actionnaire a commenté :
11 juin 2020 - 8 h 34 min
Avant de demander a l’Etat .. que font les actionnaires de ces compagnies ?
Il me semble que l’Etat est actionnaire d’AF mais pas des autres non !!!
Quand il s agit de prendre les benefs des boites les gros actionnaires sont là par contre quand il faut renflouer y a plus personne et on demande a l’Etat comme si il siegait au conseil d’administration de ces compagnies.
AF l’Etat siège au CA et il a des billes dans la compagnie C’EST TOUTE LA DIFFERENCE !
Greg765 a commenté :
11 juin 2020 - 10 h 16 min
Beaucoup des petites compagnies françaises n’ont pas de très gros actionnaires. Ils n’auraient probablement pas les moyens de sauver les compagnies dans le cadre de la crise actuelle qui les touche très sévèrement !
Après je suis d’accord pour l’état actionnaire AF. Le seul truc que je trouve anormal c’est justement que l’état soit actionnaire d’AF. Car les mesures de l’état sont biaisées pour favoriser AF au détriment des autres compagnies qui ne comptent pas (on le voit ici). L’état doit réguler le SECTEUR, il ne doit pas réguler Air France. Pour moi les parts de l’état dans AF auraient dû être vendues depuis longtemps car cette double casquette n’est finalement qu’un gros conflit d’intérêt ! Le tout orchestré avec l’argent du contribuable !
B744 a commenté :
11 juin 2020 - 15 h 17 min
Oui l’État est actionnaire d’AF…À HAUTEUR DE 15%. Et donc ne devrait amener que 15% des fonds. Les autres ne font rien ! comme dans toutes les compagnies.
lolo94 a commenté :
11 juin 2020 - 15 h 28 min
c’est bien connu! Les actionnaires de Chalair sont milliardaires!! mdr
poseidon a commenté :
11 juin 2020 - 10 h 23 min
c’est plus compliqué que cela.. vous savez tous que en france une entreprise française paye énormément d’impots..
alors les entreprises se délocalisent et font de l’optimisation fiscale.
certaines companies dites frnaçaise ne le sont pas vraiment..
siege social au luxembourg ou ailleur.. capital détenu en majorité par des étrangers.
l’état leur a demandé du donnant donnant..
je vous aide si vos actionnaires mettent la main à la poche..
pour l’instant c’est toujours en négociation..
sinon pour easy jet ou ryan air. par exemple c’est à l’état irlandais ou anglais qu’ils doivent demander des sous…
et vu le peu d’impot qu’ils payent dans leur pays d’origine..
çà sera pas le cas..
mais je m’inquiete pas pour eux..
ils ont une montagne de cash et peuvent tenir un an sans voler..
ils licencieront et rembaucheront dans 2 ans.et à des salaires plus bas.
flydreamer a commenté :
11 juin 2020 - 11 h 37 min
La France d’avant : Air France, UTA , Air Inter , Euralair, Aéris, TAT, Air Littoral, AOM, Air Liberté, Aero Lyon , Air Bourbon, Corsair, Brit Air, Régional, Aigle Azur.. Etc
Et progressivement, la France devenue ( et en train de devenir) : Air France (holding),EasyJet, Transavia, Ryanair, Volotea, Wizz Air, TUI… Etc
La France est de moins en moins libre et autonome quant à défendre ce qui est estampillé bleu blanc rouge. Elle doit fonctionner encore et toujours plus selon les pressions de L’UE. Ainsi, certaines compagnies “françaises” disparaissent et d’autres compagnies “européennes” apparaissent.
Simple constat que je fais sur ce qui se passe dans l’aéro.
czl a commenté :
11 juin 2020 - 12 h 04 min
Il n y aura pas de places pour tout le monde dans l’après-Covid
Le gouvernement l’a bien compris et il privilégie tout naturellement et logiquement le sauvetage d’Air France que celui de Corsair, le contraire aurait étonné
Les autres compagnies n’ont d’autre choix que de se regrouper pour créer un grand pôle concurrent à Air France
Et si on visait plutot un pole complémentaire? a commenté :
11 juin 2020 - 12 h 56 min
je me souviens des débuts à l’international d’une compagnie UK nommée British Caledonian, face au monopole de fait sinon, de jure, de British Airways sur son réseau… La chose ne fut pas facile, mais plutôt que d’aller se frotter face à face avec BA sur des grandes destinations connues , les dirigeants d’alors ont choisi de créer un réseau complémentaire de celui de BA, c’est à dire , d’ouvrir des lignes sur lesquelles BA n,’était pas, ce qui, de fait, faisait de B.Cal la seule compagnie British sur ces lignes. Alors, certes, ce n’était pas des “lignes millionnaires” en pax à multiples fréquences quotidiennes, ni meme parfois avec une seule fréquence quotidienne, mais ces lignes ont bien fonctionné: c’est ainsi que depuis LGW on vit apparaitre des vols sur le Brésil, les Menphis, St Louis, … et d’autres..
peut être il y a t il là une idée à creuser pour que des compagnies avec petits modules ( type 321LR/330/787) se forgent un réseau opérationnel rentable en ligne régulière, meme à fréquence limitée au début ( genre 3/semaines), mais des lignes qui n’auraient pas des visées uniquement touristiques à 100%, car il faut un minimum de trafic à yield plus élevé. des idées de destination? La Nouvelle Orléans, St Louis justement, Quebec-ville ,Salvador ( Bahia), Recife, Bahamas, Orlando, Raleigh, Alexandrie ( Egypte), Las Vegas, Portland ( Oregon-USA) San Diego, Bahrein, Mascate, Colombo, Seychelles, Sal ( Cap Vert), Funchal ( en direct)…voir aussi cote Asie Centrale-ex URSS comme Bakou, Samarcande, Buhkrat
de petits flux…de petites lignes…mais quasiment toutes sans grande facilité de voyage depuis Paris…
Ars Technis a commenté :
11 juin 2020 - 14 h 44 min
Sauf que là, je ne vois que des destinations plutôt touristiques. Quand aux voyages professionnels, je prédis sans trop de risques leur diminution suite au COVID & à l’explosion/démocratisation des visioconférences qui remplaceront nombre de déplacements.
De plus, cette solution centre a nouveau tout sur Paris, alors qu’on ne cesse de constater que la politique des hubs a vécu…
Oui, c'est certain... a commenté :
12 juin 2020 - 9 h 31 min
Se lancer dans une telle entreprise demande un peu d’imagination créatrice et de courage: les chemins n’y sont ni tous tracés d’avance, ni tous en droite ligne…
Toute compagnie a besoin d’une base : vous la mettrez ou vous voulez ( Paris ou ailleurs) mais il vous faudra tenir compte que si ce sont déjà des “petites lignes ” ( ou ” ligne à marchés limites” ou ” lignes d’économie fragile”) je ne suis pas certain que de les baser hors Paris les renforce! Maintenant, si votre vision c’est une desserte avant toute chose des villes hors Paris: pourquoi pas, mais alors c’est hors de France qu’il vous faudra baser vos avions/equipages/entreprise: il sera toujours plus facile à une compagnie basée à New York de faire des dessertes NEWS YORK-Provinces…et idem pour une autre basée à Montréal ( par exemple)..
Mais tout ça, meme si ça peut vivre, ne créera aucune ” compagnie française”, seulement une succession de compagnies étrangères reliant la France à ailleurs…
Greg765 a commenté :
11 juin 2020 - 18 h 30 min
Non pour moi ce n’est pas « tout naturel » de privilégier Air France. Sans les aides de l’état aujourd’hui on nous parlerait de la faillite de la compagnie, comme quoi si on laissait faire la nature Air France ne serait plus ! Ils n’avaient que des liquidités jusqu’au mois de juin / juillet pour rappel !
L’État doit réguler le secteur, pas réguler une compagnie de manière arbitraire. Ensuite qu’il laisse la concurrence se faire et les compagnies les plus performantes l’emporter. Le problème n’est pas qu’une compagnie X ou Y fasse faillite ou que telle compagnie survive plutôt que telle autre (des faillites sont de toute façon inévitables car le marché se consolide). Dans les faits AF bénéficie d’un gros traitement de faveur par rapport à plein d’autres compagnies françaises et ça n’est pas normal. On ne devrait pas voir de conflits d’intérêts de la sorte, car si les traitements sont inégaux le marché est lui unique !
Greg a commenté :
11 juin 2020 - 21 h 18 min
@GREG765
Vision ultralibérale.
Le marché, que vous défendez, est très défavorable aux compagnies Françaises. Pour des raisons de charges, taxes etc…
Si on laisse les compagnies les plus performantes l’emporter comme vous dîtes, on perdra les compagnies françaises. C’est déjà en partie ce qui s’est passé d’ailleurs.
Un homme politique a lui plutôt intérêt à défendre des compagnies qui emploient du monde dans son pays, et qui aident le budget de l’état en payant ses impôts dans le pays.
AF est un gros employeur en France, et le premier employeur privé d’Île de France. Et paye ses impôts en France.
Donc AF, comme d’autres compagnies dans d’autres secteurs, bénéficie d’un traitement de faveur.
Tous les autres pays font la même chose, d’une manière ou d’une autre.
" les dindons du marché" a commenté :
12 juin 2020 - 9 h 24 min
ou, au choix, comme vous voulez: ” les idiots du visage libéral mondial”: voilà ce que vous nous proposez.
Non merci: très peu pour moi, même si cela vous hérisse le poil…Si j’avais des doutes sur le style de société économique futur qui me conviendrait le plus, vous viendriez de me pousser loin de la votre.
Rejoignez Mr. MADELIN: il tend les bras à des gens comme vous.
jeje a commenté :
11 juin 2020 - 17 h 56 min
Voila comment faire disparaître plusieurs concurrents d’AF et ainsi lui donner le monopole sur plusieurs lignes avec des prix en hausse comme dans les années 70 qui vont en faire râler plus d’un .
Je dit ca , je dit rien !!!!
Délire a commenté :
11 juin 2020 - 18 h 23 min
Parce qu’il y a aucune compagnie en France sauf Air France et les morobondes comme ASL ?
JEJE a commenté :
11 juin 2020 - 20 h 45 min
Juste pour votre info , il existe bien d’autres compagnies aérienne dans notre pays , Air France n’est pas le centre du monde de l’aérien , et heureusement d’ailleurs .
Filoustyle a commenté :
12 juin 2020 - 4 h 38 min
La nature a horreur du vide si les compagnies française meurent elles seront vite remplacée par des étrangères.
Comme la dernière fois (Ryanair,Volotea,EasyJet,Vueling)
Ou bien les Qatar ou Emirates rentreront dans leurs capital tel le cheval de troye pour venir se servir en France
BPOL a commenté :
12 juin 2020 - 9 h 10 min
Les salariés d’Eazyjet en France ont des contrats de droit français , paient leurs cotisations à l’URSSAF . Pourquoi n’auraient-ils pas les mêmes droits que les salariés d’Air France , ou des autres salariés français ?