La Commission européenne a lancé une enquête approfondie sur le projet de rachat du voyagiste canadien Transat par la compagnie aérienne Air Canada, craignant une réduction de la concurrence sur le marché transatlantique.
Approuvé par les actionnaires de Transat en aout dernier après une bonification de l’offre à 18 dollars par action (environ 485 millions d’euros au total), son rachat par la compagnie nationale pose sans surprise un problème de concurrence : c’est l’argument avancé le 25 mai 2020 par la Commission européenne pour l’ouverture de cette enquête approfondie, qui « ne préjuge en rien » de ses conclusions attendues d’ici la fin septembre. Selon la vice-présidente exécutive Margrethe Vestager, responsable de la politique de la concurrence, Air Canada et Transat « sont les deux principales compagnies aériennes exploitant un vaste réseau de liaisons entre l’Europe et Canada. Nous évaluerons soigneusement si la transaction proposée affecterait négativement la concurrence dans ces marchés conduisant à des prix plus élevés, une qualité réduite ou moins de choix pour les voyageurs survolant l’Atlantique. C’est une période difficile, en particulier sur les marchés gravement touchés par le coronavirus, mais un retour à des conditions de marché normales et saines doit être basé sur des marchés qui restent compétitif ».
À ce stade selon son communiqué, la Commission craint que l’opération proposée ne « réduise considérablement la concurrence » sur 33 paires de villes d’origine et de destination (O&D) entre l’EEE et le Canada. Ceux-ci inclus 29 O&D où les deux sociétés offrent des services directs, et quatre où une vole directement et l’autre indirectement via l’un de ses hubs. L’enquête préliminaire du marché menée par la Commission a révélé qu’Air Canada et Transat « ont été en concurrence directe historique pour les services de transport aérien de passagers entre l’EEE et le Canada ». En particulier, Air Canada a développé avec Rouge « un modèle d’affaires pour répondre aux nature moins coûteuse et axée sur les loisirs des marchés du transport aérien de passagers EEE-Canada, en concurrence directe avec Transat ». Tandis que d’autres compagnies aériennes, en particulier les transporteurs nationaux européens (dont Air France), « concurrents plus éloignés », ne concourent « que sur un très petit sous-ensemble de routes » à partir de leurs bases.
Toujours « à ce stade », la Commission a constaté que même si la compagnie canadienne WestJet a élargi ses opérations transatlantiques vers les pays de l’EEE, « il est peu probable que WestJet exerce une contrainte concurrentielle sur l’entité issue de la concentration en ce qui concerne les O&D » jugés problématiques par la Commission.
L’opération envisagée par Air Canada a été notifiée à la Commission « à un moment où le secteur de l’aviation est particulièrement touché » par la pandémie de Covid-19. La Commission explique qu’elle a examiné dans quelle mesure cette crise sanitaire aura une incidence sur le paysage concurrentiel « à moyen et long terme » : les fusions ont selon elle des effets structurels à long terme sur la concurrence qui doivent être pris en compte « même en période de chocs violents affectant l’économie ». Et elle reconnait qu’elle n’était pas en mesure durant l’enquête initiale de déterminer si « à long terme les sociétés continueront à rivaliser sur chacune des routes sur lesquelles ils étaient en compétition avant la crise » – d’où cette enquête approfondie.
Rappelons qu’Air Canada prévoit préserver les marques Transat et Air Transat, et maintenir le siège social et les principales fonctions de Transat à Montréal. Les voyageurs pourront profiter « des moyens améliorés des sociétés sur le marché hautement concurrentiel du voyage d’agrément à l’échelle mondiale, de l’accès à de nouvelles destinations, de correspondances accrues ainsi que de vols plus fréquents. Les consommateurs et l’économie québécoise bénéficieront grandement de la présence à Montréal d’un champion mondial axé sur la croissance dans le domaine de l’aviation, le secteur le plus international du monde, le tout créant des emplois et accentuant la réputation de la métropole en tant que centre d’aviation mondial de premier plan », déclarait l’été dernier le CEO d’Air Canada Calin Rovinescu.
Greg a commenté :
26 mai 2020 - 10 h 37 min
Air Canada rouge se sépare de tous ses a319 et tous ses b767, soit 47 avions, pour ne garder que 19 a320/a321.
Et Air Transat tourne en majorité sur Airbus, dont des a321 de plusieurs types.
Du coup cela laisse penser à une fusion des deux entités…
Et donc une baisse de la concurrence.
WestJet est encore petit en matière de long long-courrier.
Brachetto a commenté :
26 mai 2020 - 13 h 11 min
Air Canada n’a plus besoin de Air Transat ( si tant est qu’elle n’ait jamais eu besoin de l’acheter, sauf pour détruire un concurrent). Rien n’étant signé encore, le pire serait tout simplement que ACA renonce , en prétextant la Covid. TSC serait rapidement coulée, et AC aurait atteint son but sans débourser un seul dollar… Tentant, non ???
Jean Pierre a commenté :
26 mai 2020 - 14 h 04 min
Plus libéral dogmatique que Bruxelles tu ne peux pas trouver. Qui a dit que le nouveau monde serait différent de l’ancien ?
Greg a commenté :
26 mai 2020 - 19 h 26 min
Je suis très loin d’être un ultra-libéral.
Et je ne connais pas spécifiquement le marché Canadien.
Mais seulement deux grosses compagnies pour un marché de près de 40 millions d’habitants, ça me paraît peu. D’autant plus que le pays est ouvert, il accueille de nombreux visiteurs, professionnels, ses habitants voyagent eux aussi.
Et westjet est encore petit dans le secteur du long courrier.
Bref, je trouve ça logique de surveiller et demander des garanties.