Avec les avions de la quasi-totalité des compagnies aériennes cloués au sol en raison de la pandémie de Covid-19, de nombreux aéroports sont aujourd’hui totalement fermés au trafic commercial. L’UAF (Union des aéroports de France) demande au gouvernement de prolonger le chômage partiel au-delà du 1er juin, et de prendre à sa charge le coût des missions de sûreté et sécurité.
Représentant près de 150 plateformes françaises de toutes tailles, l’UAF a publié le 25 mai 2020 une lettre ouverte appelant l’Etat à l’aide. « En l’absence de recettes, ces aéroports doivent néanmoins faire face à des coûts fixes très importants. Les équilibres économiques des aéroports sont donc clairement fragilisés et leur pérennité menacée », explique l’association qui émet « dans l’urgence » deux demandes « pressantes » auprès des pouvoirs publics. En l’absence de réponses concrètes et immédiates à ces deux demandes, ce sont « les aéroports et leurs milliers d’emplois ainsi que la reconstruction de la connectivité aérienne de la France et de ses territoires » qui seraient « mis en péril », poursuit l’UAF :
-Les aéroports doivent pouvoir continuer à bénéficier des taux actuels de prise en charge par l’Etat du chômage partiel au-delà du 1er juin compte tenu des contraintes fortes pesant sur la reprise du transport aérien.
-L’Etat doit assumer sur son budget le coût du déficit de financement 2020 des missions régaliennes de sûreté et sécurité aéroportuaires (estimé aujourd’hui à 500 millions d’euros) afin d’éviter une explosion de la taxe d’aéroport.
Le recours par les aéroports (à plus de 80% de leurs salariés) au dispositif du chômage partiel a été en effet « un outil de préservation des trésoreries et des emplois ainsi qu’un soutien efficace pour faire face à cette crise inédite. » Or, la reprise du trafic aérien sera « lente, progressive et partielle », rappelle l’UAF ; la liberté de circulation n’a pas encore été rétablie à ce jour, ni pour les lignes domestiques, ni pour les liaisons intra-Schengen, ni pour les liaisons internationales hors Schengen. Les mesures de protection sanitaire décidées par les Etats « viendront aussi restreindre l’activité dans les prochains mois avec un effet négatif supplémentaire sur le trafic à défaut de coordination entre les Etats membres de l’Union européenne ». Si ces restrictions au trafic aérien devaient perdurer, les aéroports seront donc contraints de continuer à recourir de façon très importante au chômage partiel.
Les missions régaliennes de sûreté et sécurité aéroportuaires sont financées par la taxe d’aéroport assise sur le billet d’avion. En l’absence de trafic, les aéroports doivent aujourd’hui faire face à « l’impasse financière engendrée par les besoins de financement de ces missions en 2020, aggravée par le versement seulement partiel aux aéroports des montants dus au titre de la taxe d’aéroport pour le mois de février. Seule une partie de ces montants a été jusqu’à présent reversée par la Direction de l’Aviation Civile aux aéroports ». Sans solutions rapides, les difficultés de trésorerie des aéroports « ne permettront plus d’assurer dans les prochaines semaines le paiement des sociétés de sûreté », et par conséquent le redémarrage du trafic. C’est donc bien la question du redémarrage du transport aérien qui est en jeu.
Les aéroports devront également faire face, dès 2021, à l’impact qu’aura le déficit de financement 2020 sur la taxe d’aéroport. Le déficit 2020, cumulé avec la baisse prévisible du trafic passager, entraînera à l’avenir « une augmentation insoutenable de la taxe d’aéroport et donc une dégradation très forte de la compétitivité des aéroports français soumis à la concurrence de leurs homologues européens ».
« Les aéroports sont une pièce maîtresse du développement économique et social des territoires. Si rien n’est décidé très rapidement sur le chômage partiel et la taxe d’aéroport, c’est à la fois la pérennité d’un certain nombre d’aéroports ainsi que la reconstruction de la connectivité française que l’on met en péril. Afin d’attirer à nouveau les compagnies aériennes, il faut impérativement baisser le coût de touchée sur nos aéroports. Nous avons aujourd’hui besoin d’un véritable plan en faveur de la reconstruction de la connectivité de notre pays » a déclaré Thomas JUIN, le Président de l’UAF sur ces deux dossiers majeurs du secteur aéroportuaire.
Pioneer300 a commenté :
25 mai 2020 - 13 h 19 min
L UAF peut toujours essayer d obtenir un soutien de l état ,ce sera peine perdue En effet le but est de soutenir essentiellement le rail Les aéroports de province vont tous voir leur traffic diminuer de manière très importante et l état ne les aidera pas Nos politiques n aiment pas l aérien Il n y a qu a voir les conditions qu ils imposent au pavillon national pour obtenir un prêt Seul Air France se voit imposer des obligations environementales faisant ainsi le lit de la concurrence qui elle peut librement utililiser Les infrastructures et l espace aérien français Pour sauver les meubles l UAF n a plus qu à se tourner vers les futurs utilisateurs des plateformes
L art et la manière pour l état de se désengager de l aérien …La casse continue
Bencello a commenté :
25 mai 2020 - 15 h 13 min
Une opportunité pour faire des économies au niveau des collectivités locales et/ou de l’état ?
Un éventuel soutien étatique va très rapidement se transformer en annulation de redevances pour les compagnies clientes, qui en ont clairement fait la demande.
Anna stazzi a commenté :
25 mai 2020 - 15 h 14 min
Valéry Giscard d’Estaing appelait ça élégamment le « libéralisme avancé ».. en 1974.
Près de quarante ans plus tard, malgré les « changements c’est maintenant » ou le « nouveau monde », la France croupit dans ses mauvaises habitudes étriquées.
L’état parapluie doit continuer de dispenser ses fonds comme des onguents là où ça pique,
150 aéroports, perfusés de subventions car jamais rentables.
N’est-il pas temps un jour de voir la réalité et l’accepter ?
On fermerait 90 aéroports personne ne s’en apercevrait.
Ces trucs microscopiques desservis par Chalair ou autre AirTruc pareillement gonflés de subventions car non rentables.
Les obligations dites régaliennes couvrent un fatras de copains et pas mal de coquins.
La France continue d’être un pays immensément riche.
Alors, pourquoi se gêner ? La soupe est bonne et généreuse..
On aurait attendu plus de courage d’un président quadra, plutôt que de la complaisance à ces baronnies de rombières, patronnesses de conservatismes constipés.
atplhkt a commenté :
25 mai 2020 - 16 h 29 min
@ ANNA STAZI
Si différents aéroports (voulus par des collectivités locales) ne sont pas viables et n’ont pas de raison d’être en termes de développement des infrastructures et régions, mentionner comme vous l’alléguez qu’il y en aurait 150 subventionnées pour des vols commerciaux est faux. C’est moins de 90 et ci-dessous figure un extrait de document sur le sujet :
« Il y a 84 aéroports en France métropolitaine qui ont des passagers commerciaux. 66 se répartissent environ 4,3% du trafic français. Et 40 aéroports représentent moins de 0,3% du trafic soit environ 300 000 passagers”, précise Jean-Pierre Sauvage, président du Bar France »
Anna stazzi a commenté :
25 mai 2020 - 17 h 51 min
La subventionite gangrène ce pays.
Presque ts les aéroports perçoivent des subventions, directement ou détournées.
Sans compter ceux qui ne vivent que du trafic subventionné de type Chalair, Ryanair etc..
90 aéroports fermés seraient un gain immédiat et pérenne pour la collectivité.
Lys 69 a commenté :
26 mai 2020 - 3 h 03 min
Voilà un commentaire rafraîchissant… mais vous ne savez que trop bien, @anna stazzi, que ce qui manque à nos responsables (?), quel que soit leur âge et leur couleur politique, c’est le vrai courage en matière d’économie, et en particulier dans ce domaine brûlant que sont les petits aéroports. La France, si elle avait su construire un réseau coordonné avec de grandes liaisons TGV (à quand Paris-Toulouse et Bordeaux-Nice ?), un vrai réseau ferré Intercités concurrentiel de l’avion (Lyon-Nantes, Lyon-Bordeaux en train impossibles en direct, obligation de passer par Paris, quant à Lyon-Toulouse… pour ne citer que les exemples que je connais), une utilisation intelligente des gares d’aéroports avec liaisons intra-régionales fréquentes… la France, donc, n’aurait gardé que les aéroports d’intérêt au minimum régional/national, et se serait lancée dans des projets de reconversions, pourvoyeurs d’emplois, de ces immenses surfaces, que n’auraient pas refusé les élus locaux et elle ne serait pas en train de compter ses sous et de se demander à qui elle va les donner, à quelles baronnies, quels hommes politiques puissants, qui vont réclamer leur dû…
Greg a commenté :
25 mai 2020 - 20 h 20 min
Personnellement, je suis toujours surpris par le grand nombre de petits/moyens aéroports qui sont situés à faible distance les uns des autres.
Le “grand sud-ouest” en est la meilleure illustration.
Perpignan-Carcassonne-Beziers-Bergerac-Limoges-Brive-Rodez-Agen-Pau-Tarbes-Aurillac-Castres…je dois en oublier.
Sachant que l’on trouve de plus importants aéroports à proximité : Bordeaux, Toulouse, Montpellier, voire Biarritz en pointe sud.
Ou encore la Bretagne, pourtant très bien cernée par Rennes et Brest, mais qui veut maintenir Lorient, Dinard, et Quimper.
Bref, pouvoir diminuer le nombre.
Et utiliser les subventions afin de mieux les relier directement au réseau TER local, serait une grande avancée.
Je rêve tout haut ?
flydreamer a commenté :
25 mai 2020 - 21 h 23 min
Qu est ce qui est fondamentalement plus important en ce moment :une aide de l’État pour ces aéroports et ses employés ou bien une aide de l’État aux hôpitaux et à ses personnels soignants ? J aime beaucoup l aéronautique mais là vous voyez, je préfère mieux avoir la possibilité d avoir un hôpital qui ne soit pas à plus de 100 kilomètres de chez moi…
poseidon a commenté :
26 mai 2020 - 11 h 40 min
on sait tous que en france ya 70 aéroports dont 50 non rentables.
et qui sont subventionnés par les régions.
le député du coin le notable veut pas faire 150 kms en voiture pour rejoindre
un aéroport principal comme lilles. strasbourg. nantes. bordeaux lyon marseille
toulouse nice.
évidemment pour faire vivre leur aéroport la liason parisienne matin et soir suffit pas.
alors on fait venir ryan air.
à coup de subvention.
là je pense que c’est fini les subventions.
ces petits aéroports vont fermer.
si on prend l’occitannie.
l’aéroport de toulouse et celui de montpellier suffit..
les habitants de béziers iront à montpellier.
ou à toulouse.
dans un cas 70 kms environ.
dans l’autre 150.
le gvt ne veut plus de laisons en avion style bordeaux paris!!
et veut que vous preniez le tgv..
il ne peut dans le meme temps accepter des vols sur des aéroports secondaires
payés par le contribuable..
il faut une certaine logique.
Greg a commenté :
26 mai 2020 - 15 h 40 min
@Poséidon
Vous avez raison pour Montpellier qui est tout proche.
Sinon plus près que Toulouse pour Béziers, il y a aussi Perpignan.
Et en petits aéroports proches, avant d’arriver à Toulouse il y a Castres et Carcassonne…
Franchement, je sais que je me répète, mais je suis effaré, voire mort de rire, par cette situation quand je vois une carte. C’est scandaleux…
Votre exemple est bon, pour ce secteur on ferait des économies à ne garder que Montpellier, Toulouse et Perpignan.
Et à utiliser les subventions pour raccorder ces aéroports directement aux réseaux de transports en commun, gros point faible de nos aéroports.
Mais à part ça, ils font la leçon à AF en matière d’écologie, et de maillage du territoire.
Ça me rend malade parfois…
Anna stazzi a commenté :
26 mai 2020 - 16 h 28 min
Bien d’accord avec vous !
Mais vous aurez le snpl et sa clique, maîtres du ciel, qui vont argumenter pour garder toutes ces friches ouvertes aux frais du contribuable.
Sans parler des politiques.
Les législatives ont lieu en 22, avec les présidentielles.
Aucun de ces aéroports ne fermera, de crainte de perdre des voix et le pouvoir.
Nom a commenté :
28 mai 2020 - 8 h 09 min
J’espère que ces aéroports de province ne fermeront pas. Pour madame Stazzi, a quand le retour de la locomotive à vapeur? Nous ne sommes plus au 19e siècle…