Le groupe allemand rend le port du masque obligatoire à partir du 4 mai pour tous les passagers de ses compagnies aériennes Lufthansa, Brussels Airlines, SWISS, Eurowings et Austrian Airlines, même si le redémarrage des vols réguliers n’est toujours pas programmé. Mais il menace de se mettre sous une sorte de dépôt de bilan autogéré si le gouvernement allemand ne renonce pas à ses conditions pour une aide estimée à 9 milliards d’euros.

Face à la pandémie de Covid-19, le groupe Lufthansa a annoncé hier que tous les passagers devront porter un masque de protection pendant le vol à partir du 4 mai 2020, et « provisoirement » jusqu’au 31 aout. De plus, il « recommande » à ces mêmes passagers de le porter « pendant tout le voyage » lorsque la distance minimale requise ne peut être garantie sans restriction, c’est-à-dire « également à l’aéroport avant ou après le trajet ». Malgré de nombreuses adaptations des procédures de service, il n’est pas toujours possible de maintenir les mesures de distanciation sociale sur un vol, explique le groupe dans un communiqué ; cette mesure constitue « une protection supplémentaire pour tous les passagers », les PNC devant également porter un masque de protection à bord. Le groupe « se conforme ainsi aux réglementations officielles de nombreux pays européens dans lesquels le port d’un masque est désormais obligatoire dans les lieux publics ».

Tous les passagers sont priés d’apporter leur propre masque de protection ; un masque en tissu réutilisable est recommandé, mais tous les autres types de protection tels que les masques jetables simples sont également possibles.

La réglementation actuelle de Lufthansa Group visant à maintenir le siège voisin libre en classe Economie ou Premium ne s’appliquera plus, car le port du masque offre une « protection adéquate ». « En raison du faible taux d’occupation actuel », les sièges seront néanmoins répartis le plus largement possible dans toute la cabine.

Côté finances, le groupe de Star Alliance a beau « perdre un million d’euros par heure »,  il affiche toujours sa volonté d’indépendance face au gouvernement allemand, qui demanderait une place au conseil d’administration et des garanties sur l’emploi en échange d’une montée temporaire à hauteur de 9 milliards d’euros dans le capital du transporteur national (soit 25%, alors que le plus gros actionnaire n’en détient  que 10%). Pas question, répond Lufthansa qui menace de se lancer une sorte d’auto-faillite disponible dans le droit allemand, qui lui permettrait de gérer son insolvabilité sans avoir recours à un dépôt de bilan ou à des administrateurs externes. Dans un entretien accordé au quotidien Die Zeit, le CEO Carsten Spohr a évoqué la crainte d’une « influence excessive du gouvernement » dans les affaires de Lufthansa. La compagnie nationale allemande a déjà obtenu 900 millions d’euros via des emprunts à court terme et des lignes de crédit bilatérales.

Les restrictions de voyage mises en œuvre en raison de la propagation mondiale du coronavirus « ont eu un impact significatif » sur l’évolution des résultats du Groupe Lufthansa au premier trimestre 2020, selon des résultats préliminaires annoncés cette semaine : le chiffre d’affaires a baissé de 18% à 6,4 milliards d’euros, et « rien qu’en mars » les revenus ont baissé de 47%, soit près de 1,4 milliard d’euros. « Au vu des perspectives commerciales, des engagements de plusieurs milliards existants liés aux dettes fournisseurs et des remboursements de billets annulés ainsi que des remboursements à venir des passifs financiers », le groupe prévoit une baisse significative de la liquidité « dans les prochaines semaines ». Et il ne prévoit pas d’être « en mesure de couvrir les exigences de fonds propres qui en découlent par de nouveaux emprunts sur le marché ». D’où les « pourparlers intensifs » avec les gouvernements de ses pays d’origine sur « différents instruments de financement » pour assurer durablement la solvabilité du Groupe dans un avenir proche.

Groupe Lufthansa : des masques et une menace de liquidation 1 Air Journal

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