La compagnie aérienne Aeroflot n’a vu ses revenus diminuer « que » de 11,5% au premier trimestre, malgré l’impact de la pandémie de Covid-19. Sa perte nette a cependant augmenté à plus de 203 millions d’euros.
Les résultats non consolidés du premier trimestre clos au 31 mars 2020 présentés ce jeudi par la compagnie nationale russe font état d’un revenu de 100,867 milliards de roubles (1,27 milliard d’euros), en recul de 11,5% par rapport à la même période l’année dernière. Les tendances positives observées au quatrième trimestre 2019, notamment la croissance des rendements et la réduction des coûts d’exploitation, « se sont poursuivies en janvier 2020 et auraient dû soutenir une amélioration de la rentabilité et du résultat financier global pour la période considérée », souligne Aeroflot dans un communiqué. Cependant, l’impact sans précédent sur l’industrie aéronautique mondiale de la propagation du nouveau coronavirus a « de fait entraîné l’arrêt complet de tous les vols internationaux, ainsi qu’une diminution significative du nombre de passagers sur les vols intérieurs », avec pour résultat un impact négatif significatif sur le résultat financier en mars.
L’évolution des résultats financiers est confirmée par les résultats d’exploitation de la compagnie de l’alliance SkyTeam : en février, l’impact de Covid-19 a été « limité à une diminution des facteurs de demande et de charge » sur les vols entre sa base à Moscou et des destinations en Chine, et par effet domino sur le trafic de transit ; le chiffre a ainsi diminué de 4,1%. En mars en revanche, le chiffre d’affaires passagers a diminué de 43,6%, les vols vers d’autres destinations ayant été interrompus et les indicateurs ayant commencé à baisser sur les liaisons intérieures ; en conséquence, le chiffre d’affaires passagers pour le premier trimestre dans son ensemble a diminué de 17,9%.
Aeroflot précise que si les rendements ont augmenté de 7,5%, une réduction de 9,1 points de pourcentage du coefficient d’occupation a entraîné une diminution de la recette unitaire de 5,5% en glissement annuel. Les coûts étaient eux en baisse de 7,4%, grâce notamment à une diminution de la capacité de 6,6% ; les coûts fixes opérationnels n’ont pas changé de manière significative en mars, ceux de la maintenance ont légèrement augmenté « en raison des travaux programmés qui se sont déroulés comme prévu ».
Key results in accordance with RAS, RUB million | |||
Q1 2019 | Q1 2020 | Change | |
Revenue | 114,026 | 100,867 | (11.5%) |
Cost of sales | -133,039 | -123,264 | (7.4%) |
(Gross loss) | -19,013 | -22,398 | 17.8% |
(Net loss) | -16,85 | -16,139 | (4.2%) |
La « détérioration rapide de la situation » dans le secteur en mars a nécessité de la part d’Aeroflot un certain nombre d’initiatives immédiates d’optimisation des coûts, afin de réduire la perte nette qui pour le T1 2020 était de 16,1 milliards de roubles (203 millions d’euros). Comparable à celui de la même période l’année dernière, elle reste « inhabituellement élevée » en raison de la forte pression sur les coûts des prix du carburant et des facteurs monétaires. L’industrie aéronautique « est confrontée à une situation extrêmement difficile, notamment une baisse significative de la demande et des réservations pour les mois à venir au milieu des restrictions et des interdictions de vol, ainsi que des possibilités limitées d’optimiser les coûts fixes, notamment la nécessité de conserver les vols clés et le personnel opérationnel. L’entreprise restructure son passif et la direction est en dialogue constant avec ses partenaires pour améliorer les conditions et optimiser les échéanciers de paiement. Cependant, le quasi-arrêt des vols en avril entraînera une détérioration significative du résultat financier du deuxième trimestre », prévient déjà Aeroflot.
Mais la compagnie nationale russe a déjà programmé pour le mois de mai une moyenne de 1000 vols domestiques par semaine entre Moscou et 56 villes, le double de son programme d’avril (et le tiers de l’avant-pandémie). Aeroflot avait réduit son offre ce mois-ci à entre 70 et 80 départs quotidiens, passant pour la première fois de son histoire derrière S7 Airlines – qui bénéficie d’un hub à Vladivostok en plus de celui à Moscou ; de nombreuses régions maintiennent une période de quarantaine de 14 jours pour les passagers en provenance de la capitale, la ville la plus touchée par le coronavirus. Les liaisons entre régions auraient moins souffert de la chute de la demande.
Selon les statistiques de Rosaviatsia, le trafic en Russie a chuté de 28,1% en mars, avec 6,41 millions de passagers dont 1,9 million sur les lignes internationales (-50%). Sept compagnies dont Aeroflot et Ural Airlines, ont été autorisées par l’agence fédérale à transporter du fret dans les cabines d’avions passagers en raison de la forte baisse du nombre de voyageurs.
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