L’aéroport de Walterboro en Caroline du Sud a été en partie dévasté par une tornade lundi matin, plus de 20 avions privés étant détruits. Personne n’a été blessé.
« Cela ressemble à une zone de guerre », a déclaré à la télévision locale WSCS Tommy Rowe, directeur de l’aéroport de Walterboro-Lowcountry. La violence des vents tôt le 13 avril 2020 a détruit le toit d’un hangar ; un hangar et emporté un petit avion par-dessus la clôture jusqu’à une route proche ; des débris auraient été retrouvés à plus d’un kilomètre de la piste. Un Douglas C54, avion de la Seconde Guerre mondiale stationné temporairement, a également été déplacé d’environ 100 mètres par les vents.
La météo lundi en Caroline du Sud a été décrite comme la pire depuis 12 ans pour l’Etat, et a laissé neuf morts après le passage de plusieurs tornades.
En Louisiane, Monroe Regional Airport a également été impacté par une tornade, un hangar et au moins quatre avions étant détruit. Mais les infrastructures essentielles ont été épargnées, l’aéroport rouvrent hier après-midi.
BREAKING: Several planes have been damaged at the Lowcountry Regional Airport in Walterboro. #chsnews #scnews pic.twitter.com/NYJ9osfxsT
— Rob Way (@RobWayTV) April 13, 2020
NEWS: Severe storms and tornadoes continue across parts of the USA. At least 24 aircraft were damaged or written off this morning at Lowcountry Regional Airport (KRBW), near Walterboro, W. of Charleston, SC. Hangars were also damaged. https://t.co/wtXCt5HBvv pic.twitter.com/gSt3GyUaN3
— Airport Webcams (@AirportWebcams) April 13, 2020
"Spirit of Freedom" (N500EJ) Douglas C-54 was seriously damaged when a tornado swept across Walterboro Airport, SC. https://t.co/jKdv2FdVPthttps://t.co/rBi4MD4CVv pic.twitter.com/L8ZuWB94DA
— JACDEC (@JacdecNew) April 13, 2020
T-LFSP1 a commenté :
14 avril 2020 - 16 h 53 min
Bjr – bigre, vidéo impressionnante et si par malheur un bonhomme se trouve au milieu des pistes, jusqu’à quelle hauteur il va s’envoler et à quelle distance retrouvera t-on le pauvre malheureux ? Ces tornades aux US sont toujours aussi impressionnantes. Une question aux sachants. On sait que des équipages bien entraînés s’aventurent à l’intérieur des ouragans afin de les étudier. Quelle vitesse maxi ils peuvent rencontrer ? On peut imaginer qu’ils ont intérêt à être bien attachés sur leur siège car ça doit taper dans tous les sens…
Fcb1962 a commenté :
15 avril 2020 - 10 h 59 min
Tu confonds un ouragan avec une tornade……cela n’a rien à voir à part la composante vent bien sûr! L’un est un système météorologique massif qui peut faire plusieurs centaines de kilomètres diamètres alors qu’une tornade est une formation très localisée.. …qui ne dure pas.
T-LFSP1 a commenté :
15 avril 2020 - 16 h 04 min
Bjr – je ne confonds rien du tout. Je sais très bien que les mécanismes entre une tornade et un ouragan sont de nature différentes. La tornade est un évènement soudain entre des masses chaudes et des masses froides générant un tourbillon provoqué par l’air chaud qui monte et l’air froid qui descend. On a déjà enregistré des vents à plus de 500 km/h. auant aux ouragans, on sait qu’il s’agit d’un phénomène combiné avec la température de l’eau (supérieure à 26°), la rotation de la terre au niveau de l’équateur et des tropiques. Tout ça, je le sais même si ma description est très sommaire et incomplète. je profitais de l’occasion du sujet de AJ pour poser une question “hors sujet” mais malgré tout en rapport avec les phénomènes venteux même s’ils sont différents par leur origine. Point barre…
Grinch' a commenté :
15 avril 2020 - 18 h 33 min
Bonjour T-LFSP1
Etant météorologue, je vais tenter de vous répondre simplement, mais n’hésitez pas à me reprendre si je ne suis pas clair, je ne me vexerai pas.
Les équipages dont vous parlez volent sur des Lockheed Hercules spécialement équipés pour effectuer des mesures in-situ au sein des ouragans. Ces mesures complètent et précisent celles des satellites, et elles sont utilisées par les prévisionnistes du National Hurricane Center de Miami, branche du NWS (l’équivalent américain de Météo France, mon employeur) chargée de la prévision cyclonique sur l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est.
Bien plus que les vitesses du vent, ce que ces mesures apportent est la valeur de la pression dans l’oeil du cyclone. Un satellite ne sait pas mesurer cela, il n’y a pas d’autres moyens pour ça que d’aller voir sur place.
Au sein des plus puissants cyclones, les vents en altitude dans le mur atteignent environ 200 noeuds.
Le mur est la zone nuageuse immédiatement proche de l’oeil du cyclone. Dans le mur, les vent tournent autour de l’oeil du cyclone à des vitesses de l’ordre de 150 à 200 noeuds, et deux ou trois km plus loin (perpendiculairement au mur) dans l’oeil, le vent devient quasiment nul y compris en altitude.
Mais des vents à 200 noeuds peuvent très bien survenir en dehors des cyclones, au sein des courants-jets. Ces courants-jets sont des tubes de vent fort haut en altitude et quasi permanents aux latitudes tempérées, dont la force évoluent au fil des jours.
Il y a quelques semaines, les jets au dessus de l’Atlantique ont atteints les 200 noeuds entre Terre-Neuve et les côtes anglaises, et des records de faible durée de vols transatlantiques ont d’ailleurs été battus (Air Journal avait publié un article là dessus).
Dans un avion, si la trajectoire est parallèle aux vent forts, il n’y a pas de turbulence. Les turbulences surviennent si la trajectoire traverse les zones de gradient de vent, c’est à dire les zones où le vent varie beaucoup en vitesse (ou en direction) entre deux points géographiquement proches. C’est le cas aux latitudes tempérées lors des traversées de courant-jet, et c’est le cas dans les cyclones à la traversée du mur pour entrer (ou sortir) de l’oeil.
Quand j’étais prévisionniste à Saint-Pierre et Miquelon, j’ai régulièrement utilisé les bulletins du NHC de Miami, qui faisaient souvent référence aux mesures réalisées in-situ par ces Hercules.
J’ignorais les trajectoires exactes des avions au sein des cyclones, mais j’imagine que ces avions volaient parallèlement au sens du vent dans le mur, et sortaient du mur pour entrer dans l’oeil de manière très progressive, la plus parallèle possible avec le mur. Un peu comme les bulles de savon qui tournent longtemps autour de la bonde quand on vide une baignoire. Avec une trajectoire plus perpendiculaire, n’importe quel avion irait au tapis à cause du gradient de vent trop fort.
Je n’ai pas connaissance d’un accident déjà survenu sur ces Hercules “traqueurs d’ouragan”, ce qui me fait penser que, bien sûr, ça doit secouer lors de ces missions, mais finalement peut-être pas tant que ça (si la trajectoire de l’avion est bien maîtrisée), peut-être pas beaucoup plus qu’au dessus de l’Atlantique dans les zones de turbulences en air clair, empruntée quotidiennement par les gros porteurs.
Bonne soirée.
Gerard a commenté :
14 avril 2020 - 21 h 55 min
et il faut que le zinc soit solide !!!
T-LFSP1 - t-lfsp1@outlook.fr a commenté :
16 avril 2020 - 7 h 50 min
Bonjour, pour de la réponse, c’est de la réponse ! Bigre, belle explication et à portée de mon pauvre cerceau pas toujours bien paramétré pour tout comprendre du premier coup.
En ce qui concerne le “jet” oui, j’ai lu des articles là-dessus. Il y avait eu un document très complet concernant les deux tempêtes de fin 99. Sur ce sujet, nous ici en Franche-Comté, on a subi les deux tempêtes certes à un niveau moins violent qu’en Normandie ou dans le Bordelais mais des vents de 155 km/h avait été enregistrés à 900 mètres d’altitude. Ce documentaire avait été réalisé en collaboration avec le centre Météofrance de Toulouse. Et justement, il était bien indiqué que les courants du jet avoisinaient les 400 km/h et avaient largement contribué au développement des deux tempêtes. Quant aux avions à l’intérieur des cyclones, j’imagine que les pilotes ont quand même une certaine expérience car le mur dont vous parlez doit être impressionnant. Pouvez-vous me confirmer qu’un cyclone est bien la conjugaison entre de l’air chaud qui monte de la mer à plus de 26° avec amplification du fait de la rotation de la terre à l’équateur ? Bien cordialement.
Grinch' a commenté :
16 avril 2020 - 12 h 37 min
J’ai été longuet dans mes explications, mais j’ai essayé d’obtenir le meilleur compromis entre les précisions et la simplicité.
Les courant-jets au dessus de l’Atlantique Nord, vers 9 à 10 km d’altitude, atteignent souvent 100 noeuds en été et 150 noeuds en hiver, parfois 200 noeuds. En décembre 1999, la valeur record (mondial) de 289 noeuds soit 529 km/h a été mesurée par le radiosondage de Brest du 27/12 à 00h (un radiosondage est un envoi en altitude de sondes météo via un ballon gonflé à l’hélium). Cette valeur était tellement élevée que le collègue de service cette nuit là a d’abord pensé à une erreur de mesure, avant de réaliser que finalement elle était bien réel !
Les pilotes qui volent dans les cyclones pour en rapporter des mesures in-situ doivent être effectivement chevronnés comme vous le pensez, car au delà des turbulences générées par le gradient de vent entre le mur et l’oeil, le gros problème est que les nuages du mur sont des cumulonimbus = les nuages d’orage dans lesquels il est très dangereux de voler à cause des courants ascendants et descendants. Bien qu’ils travaillent pour le service météo civil, il me semble que ces pilotes sont de l’US Air Force.
Un cyclone tropical se forme quand de nombreuses conditions sont réunies, notamment des eaux à plus de 26°C apportant la chaleur et l’humidité nécessaires à l’entretien du cycle thermodynamique mis en place. Ceci explique pourquoi il n’y a pas de cyclones dans l’Atlantique Sud (les eaux y sont trop froides) et pourquoi un cyclone s’affaiblit dès qu’il touche terre (faute de chaleur et d’humidité, il s’éteint comme un moteur en panne de carburant).
Une autre condition nécessaire est une certaine distance à l’équateur : les cyclones naissent vers 15 à 20° de latitude, jamais sur l’équateur même. Je ne vais pas rentrer dans les détails, c’est une question de force de Coriolis insuffisante.
Enfin , je me permets de vous corriger sur ce que vous pensez des tornades (cf. votre premier post) : le contraste entre l’air chaud et humide près du sol et l’air froid et sec en altitude aboutit à la formation des nuages d’orage. Ce sont les mouvements de l’air chaud (qui monte = ascendance) et de l’air froid (qui descend = subsidence) qui sont dangereux pour les avions, et non pas la foudre comme beaucoup de gens imaginent.
Par contre, ce ne sont pas ces mouvements d’air chaud ou froid qui créent les tornades, mais d’autres phénomènes beaucoup plus complexes et sans aucun rapport, ne survenant que dans certains nuages d’orage bien particuliers appelés supercellules.
Si les tornades sont plus fortes dans les grandes plaines américaines qu’en Europe, c’est simplement parce que là bas, les supercellules ont un environnement parfait pour leur formation : de l’air très chaud et très humide près du sol remontant du Golfe du Mexique, et de l’air très froid et très sec en altitude arrivant tout droit de l’Arctique.
Bonne journée.
Inukshuk a commenté :
15 avril 2020 - 17 h 38 min
Donald va nous dire que c’est la faute aux chinois, ou à l’UE, ou à l’OMS. Vous choisissez.
T-LFSP1 a commenté :
16 avril 2020 - 16 h 53 min
Encore un grand merci pour votre long message très instructif et je suis sûr que d’autres lecteurs ont apprécié. Bien cordialement.