La pandémie de Covid-19 a poussé Boeing à suspendre pendant 14 jours toutes ses activités dans la région de Seattle, tandis qu’au Canada les De Havilland Q400 et les Viking Air Twin Otter ne sont plus assemblés.

Dans l’Etat de Washington où le bilan du coronavirus a atteint 110 morts (dont un de ses employés selon les syndicats) et 2221 cas de contamination (dont 25 de ses employés selon la presse locale), Boeing a annoncé le 23 mars 2020 la suspension des activités dans toute la région du Puget Sound à compter de mercredi, un ralentissement étant effectif dès aujourd’hui. Cela concerne les lignes d’assemblage des gros-porteurs 767, 777 et 787 à Everett, ainsi que celle des 737 à Renton – où l’arrêt de la production était déjà de mise depuis début janvier. La production des Dreamliner à Charleston en Caroline du Sud n’est pas affectée.

Ces mesures « sont prises pour assurer le bien-être des employés, de leurs familles et de la communauté locale », souligne le constructeur dans son communiqué, sans préciser combien des quelque 70.000 salariés de la région sont concernés. La suspension des opérations de production durera 14 jours, au cours desquels Boeing « continuera d’observer les directives du gouvernement, ainsi que les mesures concernant le Covid-19 et ses répercussions sur l’ensemble des opérations du Groupe ». Pendant cette période, l’entreprise mènera des « activités de nettoyage en profondeur supplémentaires » sur les sites touchés, et établira « des critères rigoureux de retour au travail ».

« Cette mesure nécessaire a pour but de protéger nos employés et les communautés où ils travaillent et vivent », a déclaré Dave Calhoun, président-directeur général de Boeing. « Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec les autorités responsables de la santé publique, et sommes en contact avec nos clients, nos fournisseurs et tous nos partenaires concernés par cette suspension temporaire. Nous regrettons les difficultés qu’implique cette décision pour ces entreprises, ainsi que pour nos employés, mais il est vital de préserver la santé et la sécurité de tous ceux qui prennent part au développement de nos produits et services, ainsi que de contribuer à l’effort national entrepris contre la propagation du virus Covid-19 », a ajouté le dirigeant.

Les employés de la région du Puget Sound qui peuvent travailler à domicile continueront de le faire. Ceux qui ne peuvent pas travailler à distance recevront une indemnité pendant les 10 premiers jours ouvrables de la période de suspension, soit le double de la politique en vigueur au sein du Groupe, ce qui permettra de couvrir la période de suspension fixée à 14 jours civils. . « Nous garderons nos employés, nos clients et notre chaîne d’approvisionnement en tête alors que nous continuerons d’évaluer la situation en évolution », a expliqué David Calhoun, évoquant « une période sans précédent pour les organisations et les communautés du monde entier ».

Le constructeur s’efforce en attendant de minimiser l’impact de cette suspension sur « la capacité de la société à fournir et à soutenir ses programmes de défense et spatiaux, et à assurer la préparation de nos clients de la défense pour effectuer leurs missions vitales ». Boeing travaillera en étroite collaboration avec ces clients dans les prochains jours pour développer des plans garantissant que les clients sont pris en charge tout au long de cette période. Les opérations de distribution critiques à l’appui des compagnies aériennes, du gouvernement et des clients de maintenance, réparation et révision (MRO) se poursuivront. Et quand la suspension des activités sera levée, Boeing appliquera « une approche méthodique pour relancer la production en mettant l’accent sur la sécurité, la qualité et le respect des engagements pris vis-à-vis de ses clients. Pour le secteur aéronautique, il s’agira d’une étape capitale vers la reprise ».

Coronavirus : production arrêtée pour Boeing à Seattle et pour les Q400 1 Air Journal

@Boeing

De l’autre côté de la frontière au Canada, la production de deux types d’avions est également annoncée par Longview Aviation Capital : celle du De Havilland Canada Dash-8 Q400 à Toronto, et celle du Viking Air Series 400 Twin Otter à Calgary. L’actionnaire des deux constructeurs expliquait lundi que la suspension de la production d’avions neufs prend effet immédiatement et pour une durée indéterminée. Environ 800 employés ou 65% des effectifs actuels de De Havilland, et 180 employés ou 40% des effectifs actuels de Viking, seront touchés.

« L’industrie aéronautique mondiale est confrontée à une incertitude sans précédent en raison du nouveau coronavirus (Covid-19). Longview et ses filiales ont été en communication étroite avec les clients et les fournisseurs au cours des dernières semaines. Sur la base de ces discussions, et dans le contexte d’une activité des compagnies aériennes considérablement réduite, Longview a déterminé qu’il était nécessaire de suspendre toutes les activités de production de nouveaux avions à ce moment », souligne Longview. De Havilland et Viking continueront de fournir un support produit complet et des services techniques à tous les avions en service. Toutes les autres activités commerciales de Longview se poursuivront comme d’habitude, notamment les opérations de support client (y compris les pièces et le support des appareils en service), la conversion du bombardier d’eau CL-415EAF ou les activités de leasing par Longview Aviation Asset Management.

« Il s’agit d’une période de défis considérables pour notre industrie et pour nos clients, et nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité, espérons-le temporaire », a déclaré dans un communiqué David Curtis, président exécutif de Longview Aviation Capital Corp. « Dans ce contexte, nous nous concentrerons nos efforts pour soutenir les flottes en service existantes de nos clients, et assurer les autres services que nos sociétés fournissent à l’industrie aéronautique mondiale. Nous resterons en contact étroit avec nos clients et continuerons de suivre l’évolution de la situation. Nous apporterons de nouveaux ajustements à nos opérations au besoin ».

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©De Havilland Canada

Parmi les autres entreprises d’Amérique du nord affectées par la pandémie, on retiendra le motoriste GE Aviation qui va supprimer 10% de ses effectifs américains et mettre au chômage partiel environ la moitié du personnel MRO. « La contraction rapide des voyages en avion a entraîné une réduction significative de la demande, les compagnies aériennes commerciales suspendant les routes et terrassant des pourcentages importants de leurs flottes », a souligné le président H. Lawrence Culp Jr. ; « en conséquence, GE Aviation annonce plusieurs des étapes qui, bien que douloureuses, préservent notre capacité d’adaptation au fur et à mesure que l’environnement continue d’évoluer ». GE Aviation a aussi institué un gel des embauches, une annulation des augmentations salariales, une réduction « spectaculaire » des dépenses non essentielles, tandis que le CEO David Joyce renoncera à la moitié de son salaire. Ces mesures devraient permettre à l’entreprise d’économiser 500 millions à 1 milliard de dollars cette année.

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©GE Aviation

CAE, le spécialiste de simulateurs de vol qui emploie environ 4000 personnes à Montréal et 10.000 dans le monde, a de son côté annoncé la mise à pied temporaire de 465 employés syndiqués à Saint-Laurent. Une mesure qui s’ajoute à des baisses salariales, la réduction des heures de travail et des restrictions sur la recherche et le développement et d’autres investissements en capital, « afin de protéger ses moyens financiers face à la crise qui frappe les transporteurs aériens ». Selon le PDG Marc Parent, CAE est « bien positionnée » car elle évolue dans un environnement réglementé, ses activités sont diversifiées au plan géographique et elle dispose d’un « bon niveau de liquidités ». Mais « d’autres mises à pied temporaires locales et ailleurs dans le monde sont inévitables », a-t-il précisé, au regard de l’incertitude régnant sur la durée de la pandémie.  Des centres ont déjà été fermés à Bruxelles, à Milan, au Pérou et aux Philippines, mais d’autres ont rouvert en Asie où des commandes de simulateurs de vol ont été enregistrées « en Chine et à Singapour ».

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©CAE