Les compagnies aériennes de Corée du Sud suspendent les vols en Airbus A380, d’autres comme SAS Scandinavian Airlines ou El Al annoncent des mesures sur les salaires ou l’emploi, tandis que des pertes importantes se profilent chez Cathay Pacific. L’aéroport de Kuwait City est fermé, tous les vols internationaux étant désormais interdits en raison de l’épidémie du coronavirus.
Après Lufthansa, Qantas et China Southern Airlines, c’est au tour des transporteurs de Corée du Sud de clouer au sol leurs superjumbos (66 morts, 7869 cas de contamination) : Korean Air immobilise ses dix exemplaires jusqu’au 25 avril selon Aviation Week, les deux-tiers de se flotte ne volant plus suite à une réduction des capacités de 80%. Ce qui a fait dire à son président Woo Kee-hong que la compagnie nationale est « en grand danger ». Les A380 sont remplacés jusqu’à la fin du mois par des Boeing 777-300ER vers Francfort, Los Angeles et New York, la ligne vers Sydney étant suspendue jusqu’au 16 mars selon Airlineroute.
Chez Asiana Airlines où 70% des vols ont été suspendus (y compris ceux vers la Thaïlande à partir de samedi), c’est un mélange de 777-200ER et d’A350-900 qui remplace les A380 jusqu’à la fin du mois vers Francfort et Los Angeles, la liaison vers Sydney étant elle aussi suspendue. On remarquera par ailleurs que la compagnie a déjà réduit la fréquence de ses vols entre Séoul et Paris-CDG, la rotation OZ501/0Z502 étant suspendue du 17 mars au 29 avril.
Le plus gros opérateur d’A380 au monde, Emirates Airlines avec 115 exemplaires en service, reconnait que certains sont également cloués au sol suite à l’arrêt des vols vers la Chine, mais n’a pas précisé combien.
Les employés du transport aérien sont sans surprise également affecté par l’épidémie : privée de vols vers l’Italie et la Chine et face à une baisse de la demande, SAS Scandinavian Airlines a entamé des négociations avec les syndicats pour réduire les salaires de 20%. Une porte-parole expliquait mardi à l’agence TT que « la proposition initiale est de diminuer le temps de travail et les salaires de 20% », le chômage technique étant également envisagé. Selon le Jerusalem Post, la compagnie nationale israélienne El Al envisage désormais de placer 80% de ses 6300 employés en chômage technique (dont 400 pilotes), contre 1000 avant l’annonce par le gouvernement des restrictions sur l’ensemble des étrangers voyageant vers le pays. Arkia et Israir devraient de leur côté annoncer l’arrêt des vols internationaux.
En Lettonie, airBaltic a annoncé que le nombre d’employés, « principalement des navigants », sera temporairement réduit de jusqu’à 250 personnes. La compagnie aérienne recherchera des solutions dans « le volontariat, la non-prolongation du temps de probation, les congés sans solde et la résiliation des contrats ». Selon le CEO Martin Gauss, « c’est une décision difficile mais nécessaire. Nous avons connu un début d’année très positif au cours des deux premiers mois, mais nous sommes maintenant confrontés à des circonstances extraordinaires. Nous devons le faire maintenant pour pouvoir réembaucher des personnes et reprendre notre chemin de croissance une fois que la situation s’améliorera ». Pour l’instant, il n’y a « pas d’option pour continuer comme d’habitude – les vols doivent être annulés, les avions restent au sol, nous constatons une baisse brutale et inattendue des réservations. Mais nous sommes certains que la situation reviendra à la normale », a-t-il ajouté.
Au 11 mars, airBaltic avait annulé un total de 580 vols du 31 mars au 31 mai. « Pour des raisons de santé et de sécurité ainsi que des mesures prises par les autorités », elle a temporairement suspendu les vols vers Milan et Vérone jusqu’à la fin avril, et ceux vers Rome et Tel Aviv jusqu’à fin mai.
A Hong Kong, le groupe Cathay Pacific craint le pire : ayant déjà demandé à ses employés de prendre trois semaines de congés sans solde d’ici juin, il table désormais sur une « perte substantielle » au premier semestre – après avoir vu son bénéfice reculer de 28% en 2019 en raison des manifestations ayant secoué le territoire et de la guerre commerciale entre USA et Chine (son trafic a reculé de 0,7%, et son chiffre d’affaires de 3,7%). « L’épidémie de Covid-19 depuis janvier 2020 a créé un environnement opérationnel difficile, et elle va nuire à la performance financière du groupe et à la position de ses liquidités », précise un communiqué.
Au départ de l’aéroport Chek Lap Kok, les capacités de Cathay sont désormais réduites de 65% en mars et avril, au lieu des 40% annoncés plus tôt. « Nous avons pris un certain nombre de mesures à court terme en réponse (à l’épidémie). Celles-ci ont inclus une forte réduction de la capacité de notre réseau de passagers », a déclaré le président de Cathay Pacific, Patrick Healy. Mais alors que l’épidémie semble stabilisée en Chine, il a évoqué un « optimisme prudent » sur le marché du fret et sur le renouvellement de la flotte : « Nous continuerons de prendre livraison de nouveaux avions en 2020 et, dans l’espoir que l’environnement s’améliorera, nous conserverons la flexibilité de redonner de la capacité au marché dès que nous le pourrons. Notre plan de prendre livraison de 70 nouveaux avions plus économes en carburant d’ici 2024 reste inchangé », a ajouté le dirigeant.
Enfin on retiendra la fermeture vendredi de l’aéroport de Kuwait City, suite à la décision du Koweït de bannir « tous les vols internationaux commerciaux » (mais pas ceux de fret). Une période de vacances est imposée par le gouvernement du 12 au 26 mars. La compagnie nationale Kuwait Airways avait déjà mis en place des mesures commerciales, ayant suspendu plusieurs lignes ; son site ne mentionnait pas la suspension des vols au moment de la rédaction de l’article. L’aéroport, qui sert également de base à la low cost Jazeera Airways, accueille les avions d’une cinquantaine de compagnies aériennes – toutes celles du Moyen-Orient et la plupart des Indiennes, mais aussi British Airways, EgyptAir, Middle East Airlines (MEA) ou Turkish Airlines entre autres.
Aucun commentaire !