Le groupe aérien Air France-KLM a présenté des résultats financiers annuels plutôt bons, avec des recettes en hausse dans toutes les activités y compris chez la low cost Transavia ou dans la maintenance, même si la facture carburant fait baisser le bénéfice net. Mais l’épidémie du coronavirus Covid-19 devrait lui coûter entre 150 et 200 millions d’euros d’ici avril, les vols étant désormais suspendus jusqu’au 28 mars inclus.
Les résultats 2019 du groupe franco-néerlandais présentés le 20 février 2020 sont marqués par un chiffre d’affaires en hausse de 3,7% à 27,189 milliards d’euros (+2,2% à change constant), un bénéfice d’exploitation en recul de 18,8% à 1,141 milliard d’euros car « impacté par l’environnement commercial et la hausse de la facture carburant », une marge d’exploitation en baisse de 1,2 point à 4,2% et un résultat net part de groupe ayant reculé de 130 millions à 290 millions d’euros. La recette unitaire passage au SKO d’Air France-KLM (Transavia comprise) a progressé en 2020 de 0,9% à 6,67 centimes d’euros (-0,2% à change constant), tandis que la recette unitaire groupe au SKO est parfaitement stable à 7,22 centimes (-1,2% à change constant).
Le coût unitaire groupe au SKO à carburant constant a augmenté de 0,5% à 6,88 centimes (-0,0% à change constant). A change et prix de carburant constants, les coûts unitaires ont baissé de 1,5% au quatrième trimestre 2019, grâce aux premiers projets de contrôle de coûts chez Air France. Pour l’ensemble du groupe, les coûts nets salariaux ont augmenté de 4,9% en 2019, en raison des embauches accompagnant la hausse des capacités et des accords salariaux pour les personnels d’Air France et de KLM. Par rapport à 2018, le nombre moyen de salariés a augmenté en 2019 de 1400 ETP (Equivalent Temps Plein), dont 550 pilotes et 500 personnels navigants commerciaux. La productivité, mesurée en SKO par ETP a augmenté de 1,2% en 2019
La facture carburant d’Air France-KLM incluant les couvertures s’est élevée à 5,511 milliards d’euros en 2019, une augmentation de 550 millions d’euros. Cette hausse s’explique principalement selon le communiqué du groupe par un gain sur les couvertures de 50 millions d’euros en 2019, contre un gain de couverture de 650 millions d’euros l’année précédente. Les variations de change ont eu un impact positif de 367 millions d’euros sur le chiffre d’affaires et un impact négatif de 122 millions d’euros sur les coûts (hors carburant) incluant les couvertures de change en 2019.
Our 2019 operating results reached 1,141 million euros, thanks to cost efficiency measures offset by negative Cargo yields and a fuel bill increase. ✈️ https://t.co/8J4RgknwBf pic.twitter.com/ky59AVHdGt
— Air France-KLM Group (@AirFranceKLM) February 20, 2020
Le Conseil d’Administration d’Air France-KLM, présidé par Anne-Marie Couderc, s’est réuni mercredi pour approuver les comptes annuels. « En 2019, le groupe Air France-KLM a affiché un résultat d’exploitation de 1141 millions d’euros marqué par un effet négatif de la facture pétrolière et la pression sur la recette unitaire du cargo », a déclaré Benjamin Smith, Directeur Général du groupe. « En 2019, nous avons renforcé nos fondamentaux pour devenir un champion européen, notamment à travers l’optimisation de la flotte et une confiance rétablie en interne, permettant une stabilité sociale et des accords salariaux positifs chez Air France ainsi que de nouvelles conventions collectives chez KLM. Par ailleurs, je suis fier que notre groupe soit de nouveau en tête du classement du DJSI et reconnu comme un leader expérimenté et compétent de l’industrie dans le domaine du développement durable. En novembre, nous avions présenté notre plan stratégique avec pour objectif une forte progression de notre performance financière. Nous nous engageons sur cette trajectoire à 5 ans avec une structure financière robuste et des atouts uniques et puissants », conclut le CEO.
En ce qui concerne les vols passagers, l’activité réseaux (Air France et KLM) a vu son chiffre d’affaires annuel augmenter de 2,6% et 1,5% à change constant pour atteindre 23,3 milliards d’euros ; le bénéfice d’exploitation s’est établi à 749 millions d’euros, une baisse de 256 millions à change constant « essentiellement expliquée par la hausse des dépenses carburant, avec une bonne performance de coûts atténuée par la baisse de la recette unitaire cargo ». L’activité Réseaux passage a vu le trafic augmenter de 2,3% à 87,625 millions de passagers, sur des capacités en hausse de 2,5% (trafic en PKT : +3,2%) ; le coefficient d’occupation moyen des deux compagnies de l’alliance SkyTeam a progressé de 0,5 point à 87,9%. Leur chiffre d’affaire pou le transport de passagers atteint 21,119 milliards d’euros (+3,6%, +2,6% à change constant), avec une recette unitaire au SKO de 6,81 centimes (+0,8%, -0,4% à change constant).
Le groupe précise que le seul quatrième trimestre 2019 a affiché « une performance mitigée sur le long-courrier et une tendance encourageante sur le court et moyen-courrier » : le réseau moyen-courrier hubs enregistre une bonne performance avec une recette unitaire en hausse de 3,9%, et les premiers signes positifs de la rationalisation du réseau domestique France sont visibles avec une performance en amélioration au quatrième trimestre et une recette unitaire en hausse de 7,8%.
La low cost Transavia affiche en 2019 une hausse de 9,3% du chiffre d’affaires, à 1,744 milliard d’euros, avec une croissance des capacités de 6,5%. Transavia Netherlands et Transavia France ont transporté 16,6 millions de passagers l’année dernière (+4,8%). La recette unitaire est en hausse de 3,0% sur l’année, « soutenue par la forte demande sur les marchés France et Pays-Bas ». Les coûts unitaires de Transavia sont en hausse de 2,7% en 2019 à change et carburant constant, expliquée par les dépenses de flotte et de non performance. La marge opérationnelle est de 7,5%, avec un résultat d’exploitation à 131 millions d’euros, en baisse de 14 millions d’euros par rapport à l’an dernier.
La low cost française ayant selon un communiqué séparé « contribué à cette performance. Pour la troisième année consécutive, Transavia France a enregistré un résultat d’exploitation nettement positif. Ces solides résultats s’appuient une croissance du nombre de passagers et le développement de son réseau ». Transavia France a transporté 7,4 millions de passagers en 2019, soit une augmentation de 5% par rapport à 2018. Le coefficient de remplissage des avions s’est amélioré avec un taux de 92,8% ; la croissance s’est appuyée sur le développement de son offre au départ de ses trois bases à Orly, Lyon et Nantes. Au total, Transavia France a proposé 21 nouvelles routes et opère désormais dans 24 pays.
Bonne nouvelle, on n'a toujours pas terminé notre croissance 😃🍼
Bravo à tous les collaborateurs Transavia pour cette belle année 2019.
Avec tous ces bons résultats, le premier mot qui nous vient pour nos passagers c'est… MERCI ! 💚 pic.twitter.com/rxuSNzRhDr— Transavia (@transaviaFR) February 20, 2020
Perspectives pour 2020
Conjoncture économique : après une bonne performance de l’activité Réseaux passage avec une recette unitaire positive en janvier 2020, les développements récents liés au Covid-19 ont impacté les prévisions de demande, notamment sur le réseau asiatique. Cela se traduit par des coefficients de réservation long-courrier en baisse entre février et mai 2020. En conséquence, le groupe prévoit des recettes unitaires à change constant en baisse au premier trimestre 2020. L’activité cargo est aussi impactée par le Covid-19, entraînant une poursuite de la pression sur les coefficients d’occupation et les yields au premier semestre 2020. Sur la base des annonces concernant le Covid-19 (suspension des opérations vers la Chine en février/mars et sous l’hypothèse d’une reprise progressive des opérations à partir d’avril 2020), l’impact estimé du Covid-19 sur le résultat d’exploitation est de -150 à -200 millions d’euros sur la période février-avril 2020. Air France-KLM a étendu hier jusqu’au 28 mars inclus la suspension de tous les vols entre Paris-CDG ou Amsterdam-Schiphol et les aéroports de Pékin et Shanghai, la compagnie française réduisant en outre la voilure vers Hong Kong à six vols par semaine, tous opérés désormais en Boeing 777-200ER.
Cet impact sur le résultat d’exploitation prend en compte selon le groupe: les pertes de recettes associées à la suspension des opérations vers la Chine pour le Réseaux passage et cargo, l’impact négatif sur les flux de correspondance et l’affaiblissement sur le reste de l’Asie ainsi que les économies sur les coûts variables associés ; aucun redéploiement de flotte n’étant pris en compte à ce stade. Le directeur financier du groupe Frédéric Gagey précisait hier que « l’impact est déjà très important sur une période très courte, et si la crise devrait s’étendre cela deviendrait problématique. Nous bougerons si la crise perdure ». Air France de son côté s’attend à une recette unitaire négative au premier trimestre : elle précisait que les réservations sur le long-courrier affichent déjà -3% en février, -5% en mars, -4% en avril et -3% en mai.
Perspectives annuelles : en 2020, le Groupe Air France-KLM prévoit d’augmenter sélectivement les capacités du réseau passage de 2 à 3% par rapport à 2019. En raison du Covid-19 et des annulations de vols, les capacités sont prévues au niveau inférieur de la fourchette, voire en-dessous de cette dernière. Transavia va continuer à croître à un rythme soutenu de 4 à 6%, avec une progression d’environ 10% en France et une croissance limitée pour Transavia Hollande en raison des contraintes de capacité dans les aéroports aux Pays-Bas. La facture carburant 2020 est attendue en baisse de 300 millions d’euros par rapport à 2019 à 5,2 milliards d’euros, sur la base de la courbe à terme du 14 février 2020. Le groupe va poursuivre ses initiatives avec une réduction des coûts unitaires prévue entre -1% et 0% à change et carburant constants. Des coûts supplémentaires liés au Covid-19 sont prévus en raison de la croissance plus faible que prévue et des dépenses liées aux annulations. Le Groupe prévoit un plan d’investissement de 3,6 milliards d’euros pour l’année 2020, et cible un ratio dette nette/EBITDA d’environ 1,5x.
Shôgun a commenté :
21 février 2020 - 8 h 24 min
Des estimations de manque à gagner vers la Chine qui ne prennent pas en compte le redéploiement de flotte, ce n’est pas très significatif…
Sachant que les vols long-courrier d’Air France sont presque toujours quasiment pleins quelle que soit la destination, la crise sanitaire chinoise peut être une opportunité pour tester de nouvelles lignes, notamment vers l’Amérique latine ou l’Océanie.
Et plutôt que de geindre sur la baisse de la demande vers le reste de l’Asie, il serait judicieux de communiquer davantage sur le caractère irrationnel de cette psychose entretenue par les médias… Car l’épidémie chinoise ne concerne en réalité que la Chine. Dans tous les autres pays d’Asie, le risque sanitaire lié à ce coronavirus est négligeable, en tout cas pas plus élevé qu’en France. C’est donc le moment idéal pour faire du tourisme en Asie, en profitant des tarifs hôteliers promotionnels et des possibilités de surclassement liés à la baisse temporaire de la demande !
Jean timmant a commenté :
21 février 2020 - 9 h 40 min
+ 1
Bien d’accord,
Mais la peur fait vendre, le verre à moitié vide fait phosphorer.
Celui, rationnel, à moitié plein, non.
Et on gouverne plus facilement des gens qui ont peur.
Bencello a commenté :
21 février 2020 - 12 h 52 min
je doute qu’un redéploiement des appareils, des équipages sur du long courrier se fasse aussi facilement que vous le dîtes.
Il semblerait par contre que les maintenance des appareils concernés aient été anticipés pour pouvoir obtenir une disponibilité accrue pendant les pics de trafic estival.
D’accord avec vous sur les autres destinations qui offrent des prix bien plus intéressants qu’en temps normal.
Malheureusement pour AF, elle est plus exposée proportionnellement au marché chinois que BA ou LH (communauté chinoise plus importante qu’en allemagne, marché transatlantique plus faible qu’au R-U)
Quant aux résultats de la direction B.Smith -A.Rigail, si les résultats financiers ne seront pas là tout de suite, l’amélioration de l’image et de l’opérationnel est déjà tangible et quantifiable (ponctualité)
Enfin il semble que le groupe mette un point d’honneur à ne pas rendre comparable AF et KLM, en groupant les chiffres, dommage…
lyonnnais a commenté :
21 février 2020 - 17 h 17 min
En ce qui concerne un redéploiement, si AF pouvait tester un vol direct Lyon- Reunion, Lyon-Martinique et/ou Lyon-Guadeloupe, je suis persuadé que le marché existe… il me semble que d’autres compagnies le font…
Bsb a commenté :
21 février 2020 - 16 h 57 min
En effet , en refusant de donner des chiffres dans le détail, AF d’un côté, KLM de l’autre, la direction entretient le flou .
Impossible de savoir si AF confirme son redressement de l’année dernière ou si c’est KLM qui maintient le résultat net dans le vert .
Je crains hélas que les hausses de salaires et le recrutement aient fait de nouveau basculer AF dans le rouge , voilà sans doute pourquoi ils ne veulent pas donner les chiffres dans le détail.
Shôgun a commenté :
21 février 2020 - 17 h 24 min
Quelles hausses de salaire ? Exception faite des pilotes, Air France est une compagnie qui paie très mal ses salariés. Et ce sont les salariés qui produisent la richesse d’une entreprise, pas les actionnaires.
Étant donné que la gestion du réseau est mutualisée entre AF et KL, notamment sur le long-courrier, il n’y a rien d’illogique à communiquer sur les chiffres consolidés du groupe plutôt que sur ceux des compagnies qui le constituent. Car si les deux compagnies étaient autonomes, nul doute qu’elles agiraient différemment.
Ceci dit, ce serait quand même intéressant de connaître les résultats détaillés.
Avgeek64 a commenté :
22 février 2020 - 11 h 48 min
Le détail est donné à la page 22 de la présentation financière disponible ici https://www.airfranceklm.com/fr/actualites/resultats-annuels-2019 . Le résultat est dû pour 280 millions d’euros à Air France et pour 853 millions d’euros à KLM, donc non Air France n’a pas basculé dans le rouge.
lyonnnais a commenté :
21 février 2020 - 17 h 20 min
“recette unitaire groupe au SKO est parfaitement stable à 7,22 centimes” … quelqu’un saurait-il me dire s’il s’agit d’une moyen toutes classes confondues ???
Bsb a commenté :
25 février 2020 - 16 h 56 min
AVGEEK64 ,je ne parlais pas du résultat opérationnel mais du résultat net .
Prenez le temps de lire avant de répondre.