Ferrovie delle Stato (FS) a annoncé son retrait du projet de reprise de la compagnie aérienne Alitalia, qui perd 300 millions d’euros par an selon son commissaire.

Quand le gouvernement italien avait nommé en décembre un administrateur unique, il espérait une « relance définitive » de la compagnie nationale italienne, dont la restructuration a été reportée pour la énième fois avec à la clé un nouveau prêt d’urgence. Mais il a subi le 8 janvier 2020 une nouvelle douche froide : le gestionnaire des chemins de fer italiens Ferrovie dello Stato, chargé de boucler le tour de table, a jeté l’éponge. Le président de FS Gianfranco Battisti a été clair devant le parlement : « pour nous, cette procédure est close, nous sommes sortis de l’opération ». Il a souligné ne jamais avoir reçu de « réponse formelle » de la part du groupe Lufthansa, qui insistait encore la veille sur le fait qu’elle ne veut pas prendre de participation dans le capital, envisageant au maximum un accord commercial. Quant à la présence d’Atlantia dans le consortium, elle reste « conditionnée à la résolution d’autres dossiers » selon M. Battisti, en référence au maintien de sa concession autoroutière remise en cause après l’écroulement du pont de Gênes.

L’administrateur d’Alitalia Giuseppe Leogrande (nommé en décembre et déjà impliqué dans Blue Panorama, future Lucky Air), a expliqué de son côté que la compagnie italienne « brûle 300 millions d’euros par an », tandis le ministre du développement économique Stefano Patuanelli a reconnu devant les députés : « nous sommes sur un chemin étroit et difficile », et les options pour sauver Alitalia « ne sont pas infinies ». La compagnie aérienne venait juste de se doter d’un nouveau CEO, Giancarlo Zeni.

Placée sous « administration extraordinaire » depuis plus de deux ans suite au rejet par les syndicats d’un plan de relance de l’actionnaire Etihad Airways, Alitalia comptait sur l’alliance de FS avec Delta Air Lines, prête à mettre dans le pot jusqu’à 100 millions de dollars. Mais cette dernière, avec qui des discussions sont prévues la semaine prochaine, chercherait désormais l’appui dAir France-KLM, autant pour s’assurer de rester dans les clous des régulateurs (sur le pourcentage d’Européens dans le capital) que pour contrer l’offre du groupe allemand. Le CEO de Lufthansa Carsten Spohr expliquait en décembre qu’Alitalia « a besoin du bon partenaire et d’une restructuration drastique » : elle devrait « réduire sa flotte de 113 à 90 avions et se séparer de 5000 à 6000 de ses 11.500 employés », vendre des opérations de handling et chercher un partenaire pour celles de maintenance.

La date limite de dépôt des dossiers de reprise est pour l’instant fixée au 31 mai. Après les 900 millions d’euros prêtés à Alitalia en 2017, remboursables selon les règles européennes et dont une partie a été convertie en capital, rappelons qu’un nouveau prêt-relais a été annoncé le mois dernier : d’un montant de 400 millions d’euros, il introduit des « mesures urgentes » pour assurer la continuité du service Alitalia – et sera surveillé de près par l’UE.

Alitalia : débâcle en vue ? 2 Air Journal

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