Boeing a commencé à affecter à d’autres sites quelque 3000 employés affectés par la suspension de la production des 737 MAX à Renton, et a trouvé des accords de compensation avec les compagnies aériennes American Airlines et Aeromexico.
Le constructeur américain a annoncé le 6 janvier 2020 qu’environ 3000 des 12.000 salariés de la FAL de Renton, principalement dans la mécanique, l’ingénierie et la fabrication, vont être « réassignés à d’autres tâches » suite à la suspension dans les prochains jours de la production du 737 MAX. La plupart des employés concernés iront s’occuper de l’assemblage des 767 et 777 à Everett ; mais d’autres seront envoyés à Moses Lake toujours dans l’Etat de Washington, où environ 200 MAX attendent la reprise des livraisons, mais aussi à Victorville en Californie, que Boeing vient de choisir comme nouveau lieu de stockage. Ils y resteront jusqu’au feu vert de la FAA, et travailleront alors à la remise en condition de vol des monocouloirs remotorisés. Une fois la production du 737 MAX suspendue (Boeing n’a pas fourni de date plus précise que la mi-janvier), les salariés de Renton « utiliseront leur temps pour se concentrer sur des initiatives portant sur la qualité, y compris des améliorations des processus standards de travail ».
Selon le Seattle Times, une douzaine de MAX étaient encore sur la ligne d’assemblage ce weekend, en attente de finition. A North Charleston en Caroline du Sud où sont produites les nacelles de moteurs, des employés passeront au support du programme 787 Dreamliner. Boeing a déjà annoncé qu’il n’y aura aucune mesure de chômage technique, mais reste incapable de dire combien de temps durera l’arrêt de la production des 737 MAX. Quand elle redémarrera, les employés « retourneront à leur poste de base par phases », précise le directeur général du programme 737 à Renton Mark Jenks dans le quotidien.
Côté équipementiers, on retiendra que Spirit Aerosystems, qui a suspendu la production des fuselages de 737 le 1er janvier « à la demande de Boeing », a annoncé lundi avoir commencé à proposer des départs volontaires à ses employés. Il expliquait le mois dernier : « étant donné que les revenus provenant de composants d’avion 737 représentent plus de 50% des revenus annuels de Spirit, cette suspension aura un impact négatif sur les activités, la situation financière, les résultats d’exploitation et les flux de trésorerie de Spirit », qui sera détaillé lors de la présentation des résultats annuels. Spirit « évalue toutes les actions potentielles pour aligner sa base de coûts sur des niveaux de production inférieurs attendus en 2020. Les décisions seront guidées par une concentration sur ce qui est le mieux pour les intérêts à long terme des actionnaires de Spirit et d’autres parties prenantes, y compris les employés »…
Ces mouvements d’employés interviennent alors que Boeing a trouvé des accords de compensation avec deux autres opérateurs du 737 MAX : après Southwest Airlines le mois dernier, Turkish Airlines et Icelandair, c’est au tour d’American Airlines d’annoncer « un accord confidentiel » portant sur les dommages financiers subis en 2019 (indépendamment donc du temps qu’il lui faudra pour remettre en service ses MAX) : son communiqué du 6 janvier précise que « plus de 30 millions de dollars » seront reversés à ses employés comme prévu au titre de la participation aux bénéfices, payable en mars prochain. La compagnie aérienne « continuera de négocier avec Boeing » sur les compensations à venir sur l’immobilisation au sol de ses appareils en 2020 ; elle a jusque là reporté au 7 avril 2020 au plus tôt le retour dans les airs de ses monocouloirs remotorisés (24 MAX 8 livrés sur les cent commandés, et environ 50 espérés à la fin 2019). American Airlines estimait déjà en octobre à 540 millions de dollars les pertes de revenus liées à l’absence des appareils dans sa flotte. Le syndicat des pilotes d’American Airlines APA (Allied Pilotes Association) se réserve toujours le droit d’aller en justice contre Boeing, comme leurs confrères de Southwest l’avaient fait en octobre dernier.
Aucun détail n’a été dévoilé sur l’accord trouvé « récemment » entre Boeing et Aeromexico, qui avait reçu six des 51 MAX 8 commandés (plus neuf MAX 9) avant leur immobilisation au sol en mars dernier. La compagnie nationale mexicaine a simplement déclaré dans un communiqué qu’elle « demeure en communication constante avec Boeing et les autorités de régulation aéronautiques nationales et internationales, et attend avec impatience la reprise des opérations de l’avion, une fois recertifié. Aeromexico réitère à ses passagers, à ses investisseurs et au public son engagement indéfectible envers la sécurité et l’offre d’un service client d’excellence ».
Rappelons que deux accidents en cinq mois chez Lion Air et Ethiopian Airlines ont fait 346 victimes, et déclenché la crise du 737 MAX en mars 2019. Boeing a annoncé la suspension de la production pour une durée indéterminée, expliquant sa décision par la volonté de « prioriser la livraison des avions stockés » – soit environ 400 appareils produits depuis le printemps dernier mais jamais livrés. Le président et CEO Dennis Muilenburg a été contraint de démissionner à la veille de Noël, et certains analystes estiment à plus de 9 milliards de dollars en neuf mois les pertes accumulées depuis le début de la crise. La certification de la mise à jour du logiciel anti-décrochage MCAS n’a toujours été annoncée par la FAA.
Rv2lyon a commenté :
7 janvier 2020 - 10 h 06 min
Dans ce psychodrame ce sont les sous traitants qui vont faire les frais de la politique de Boeing. Et eux n’ont pas des milliards de dollars de cash pour laisser passer la crise.
poseidon a commenté :
7 janvier 2020 - 10 h 20 min
tout à fait mais attention c’est le plein emploi au usa.
jamais le chomage a été aussi bas depuis 40 ans.
sans doute pour celà que boeing garde les employés de la chaine d’assemblage du 737.
ce sera sans doute different chez les sous traitants.
si boeing ne donne pas une date rapide de la reprise de la production.
et surtout des compensations finiancieres.
les employés des sous traitants trouveront vite du boulot ailleur.
et la relance de la production sera compliquée>.
Bencello a commenté :
7 janvier 2020 - 11 h 52 min
+1 c’est tout l’enjeu.
Le problème ne se pose pas pour les fournisseurs de rang 1 (Spirit, CFM,UTC…) mais pour les rangs inférieurs.
Boeing en a pleinement conscience et fera le nécessaire pour ne pas se retrouver en rupture de pièce à la relance (quand?).
La mobilité US reste forte : Moses Lake (300km) ou Victorville (2000 km), ne sont pas exactement à côté.
Max1 a commenté :
7 janvier 2020 - 14 h 36 min
@BENCELLO
– information pertinente , bien ce rappel . Merci
rv2lyon a commenté :
7 janvier 2020 - 17 h 54 min
Et que faites vous de tous les fournisseurs qu’ils soient de rang 1 2 ou plus qui ne sont pas aux USA. Ce n’est pas le plein emploi en France par exemple quoique nous n’en sommes pas loin puisque nous ne pourrons pas descendre sous 7% qui est le plein emploi en France.
Quand vous dites la mobilité US reste forte. Vous croyez qu’ils ont le choix les ouvriers ? Si ils avaient réellement le choix entre un chômage bien remboursé et faire 300 ou 2000km, vous croyez qu’ils prendraient quelle solution ? La même que les salariés Français dans leur grande majorité, ils préfèreraient rester au chômage chez eux en sachant que quand cela repartira, Boeing viendra les rechercher. Mais là, non ils ne peuvent pas car sans métier aux USA c’est 0$. Et cela fit toute la différence. La mobilité n’a rien à voir avec la nationalité, juste la couverture sociale….
Le toulousain a commenté :
7 janvier 2020 - 13 h 14 min
Par contre
Mettre des compagnons habitués aux procedures du 737 max ( suivez mon regard vers leur largesses sur le montage des nacelles) sur des lignes 767 ( qui a dit c est pas pire avec leur outils oubliés…) ou sur le 777(ou -x) pas sur que cela soit tres profitables pour boeing
Erreurs accidents maladresses seront sans doute presents
Ces personnes sont habituées a une facon de travailler dans une usine et sur un autre produit….
Mais en tant que compagnons c est intéressant , c est un acquis de compétence supplémentaire et un atout pour l avenir ( qui sait)
Forza a commenté :
7 janvier 2020 - 15 h 41 min
Quel chantier…
Espérons que tout cela serve de leçon aux cost killers des boites qui ne cessent de pressuriser pour toujours produire plus vite, moins cher
Bamba a commenté :
7 janvier 2020 - 16 h 21 min
j’aime beaucoup les appareils BOEING je suis très passionné par les appareils du Fabriquant
a chaque fois je ne faire que regarder les documentaire sur BOEING
j’aime beaucoup le BOEING 737 MAX
Gérard Dubois de la Patelière a commenté :
7 janvier 2020 - 18 h 04 min
Moi aussi, j’aime le risque et la roulette russe.
Max1 a commenté :
7 janvier 2020 - 19 h 25 min
@BAMBA
– ce sont de bonnes machines les classiques et NG . Cependant l actualités du MAX à impacté l image . Il faut attendre la RE certification de ce 37 .
@Bamba a commenté :
7 janvier 2020 - 20 h 42 min
“j’aime beaucoup le BOEING 737 MAX”
C’est l’avion le moins bien réalisé par Boeing !
Le plus gros fiasco de son histoire et le plus gros de toute l’histoire des constructeurs !
On est loin des réussites du 747 du 777 et même du 737 dans sa version ancienne. (auxquels on peut ajouter le 787 même si cet avion est hélas non rentable vu les sommes englouties, les diverses indemnités payées (immobilisations très longues et retards) et les coûts de production non maîtrisés trop élevés).
Biscotto a commenté :
7 janvier 2020 - 18 h 39 min
Grandeur et décadence…
L’industrie aéronautique américaine prend petit à petit le chemin de leur industrie automobile.
Malko a commenté :
7 janvier 2020 - 23 h 07 min
Bientôt Boeing sera dans la même situation des constructeurs automobiles qui fabriquent et stoquent des voitures qui sont ensuite vendus par des concessionnaires. Il manque juste des clients venus admirer des 737 Max dans des show-room et un vendeur pour vanter les qualités de l’avion avant de les supplier de les acheter.