Le rapport final sur l’accident du vol FZ981 de la compagnie aérienne low cost Flydubai, qui s’est écrasé à l’atterrissage en Russie le 20 mars 2016 tuant les 62 personnes à bord, souligne une mauvaise préparation du commandant de bord et des conditions météo difficiles. La pression et la fatigue ne sont pas écartées des facteurs ayant contribué au drame.
Dans son rapport final publié le 27 novembre 2019, le MAK russe (Interstate Aviation Committee, équivalent du BEA français) conclut que l’accident du vol qui reliait Dubaï à l’aéroport de Rostov, lors d’une deuxième tentative d’atterrissage de nuit et par mauvais temps, est dû au fait que le commandant de bord n’était « psychologiquement pas prêt pour un autre go-around », trop concentré sur une arrivée qui permettrait un vol retour dans la limite réglementaire de son temps de vol (le fait qu’il se pose à Rostov était aussi « une priorité » donnée par Flydubai). Le crash s’est produit lors de la deuxième remise des gaz « en raison d’une configuration de l’aéronef et d’un pilotage de l’équipage incorrects », ainsi que de « la désorientation spatiale (situation awareness) du pilote en pleine nuit », précise le rapport. L’état du commandant de bord, qui n’aurait pas eu « la connaissance et l’habileté » pour les opérations de trim en manuel, « a entrainé une perte de coordination au sein de l’équipage, une perturbation du moral et des erreurs de pilotage, qui en peu de temps se sont transformées en actions inappropriées qui ont entrainé la perte de contrôle de l’avion ».
Le rapport préliminaire du MAK avait déjà, six mois après le crash, décrit les dernières minutes du vol de la low cost émiratie, qui s’était écrasé sur la piste de l’aéroport de Rostov, tuant les 55 passagers et sept membres d’équipage. Il soulignait que les conditions météo étaient « telles qu’annoncées », la première tentative d’atterrissage étant effectuée (en manuel) par mauvais temps avec des rafales à 35 nœuds et des cisaillements de vents « légers à modérés » ; le go around a été décidé par les pilotes de Flydubai après un changement de la direction et de la force du vent. La deuxième tentative a elle aussi été effectuée en manuel, et là encore les pilotes ont décidé d’interrompre alors que l’appareil se trouvait à 4 kilomètres de la piste, à 220 mètres d’altitude. Les réacteurs ont été mis en mode TOGA (décollage), mais à 900 mètres d’altitude le manche a été poussé vers le bas et les stabilisateurs réglés à -5°, déclenchant une descente rapide. Les pilotes n’ont pas pu récupérer l’appareil, qui s’est écrasé à un angle de plus de 50° et à une vitesse supérieure à 600 km/h.
Mais ce rapport final souligne aussi que l’accident s’est produit « au pire moment possible » en termes de rythme circadien, « lorsque les performances humaines ont tendance à se dégrader à leur plus bas niveau ». Bien que les deux pilotes aient eu suffisamment de repos avant le vol (15 heures chez lui pour le CdB et 20 heures pour le copilote), ils avaient volé plus de six heures avant la tentative d’atterrissage ; deux de ces heures avaient été particulièrement intenses selon le MAK, qui inclut donc la fatigue parmi les facteurs ayant contribué au crash.
Flydubai a réagi à ce rapport final, le CEO Ghaith Al Ghaith expliquant dans un communiqué qu’elle « reconnaît les conclusions et les recommandations » du MAK. « Dans les accidents impliquant des facteurs humains, il est important d’épuiser tous les scénarios possibles lors de l’interprétation des données factuelles. La priorité de l’industrie est de comprendre tous les facteurs possibles contribuant à un tel accident tragique et de veiller à ce que les informations essentielles permettant de rendre l’aviation plus sûre soient partagées », ajoute le dirigeant selon qui Flydubai a « pris ses obligations au sérieux et pris des mesures supplémentaires allant au-delà de celles identifiées dans le rapport final ».
Depuis l’accident, les priorités de la compagnie aérienne ont été « de soutenir les familles endeuillées, de procéder à un examen approfondi de nos processus et systèmes internes, et d’appuyer le travail de l’enquêteur en charge. La poursuite de l’amélioration de la sécurité reste au cœur de nos opérations », a ajouté Al Ghaith, rappelant qu’au moment du crash Flydubai était « totalement conforme à toutes les exigences réglementaires ». Depuis la publication du rapport intérimaire et suite à sa propre enquête interne, la compagnie aérienne avait pris « de concert avec notre organisme de réglementation GCAA (Autorité générale de l’aviation civile) des mesures de précaution » qui incluaient des « améliorations opérationnelles proactives aux formations sur simulateur et en classe afin de renforcer la sensibilisation et de mieux comprendre la désorientation spatiale ». En outre, Flydubai a « complété les procédures et manuels d’utilisation standard du fabricant » ; tous les pilotes ont été formés à ces améliorations « qui vont au-delà des exigences réglementaires ».
Le CEO de la low cost a également parlé de compensation, dont la lenteur lui a parfois été reprochée : « l’objectif de Flydubai a toujours été d’indemniser équitablement les victimes de la perte d’un être cher à la suite de l’accident du FZ981. Nous avons maintenant réglé la majorité des réclamations et notre priorité est de mener à bien ce processus. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un moment poignant pour les familles, et notre équipe de soins de longue durée reste disponible aussi longtemps qu’ils en ont besoin ».
PIERRE GERARD a commenté :
29 novembre 2019 - 16 h 18 min
Une compagnie aerienne a eviter à tous prix !
Paul Iglott a commenté :
29 novembre 2019 - 21 h 46 min
Le gars perd sa vie, et on le charge de tous les maux.
Mais il n’est pas seul. D’autres sont responsables « également ».
Le procédé est élégant. Déjà vu. Mais surprend toujours..
Michel a commenté :
30 novembre 2019 - 1 h 54 min
Faut toujours un coupable….surtout dans le milieu…
Richard a commenté :
30 novembre 2019 - 4 h 31 min
Un Boeing 737 !
Les enquêtes des crash du 737MAX ont révélé des problèmes rencontrés par les pilotes avec le trim manuel (demande une force surhumaine).
Pour les pilotes spécialistes, vous pourriez m’expliquer Les conséquences sur l’atterrissage d’un trim manuel impossible à manier ?
Merci
daisy a commenté :
30 novembre 2019 - 8 h 20 min
quel rapport
il dédouane les responsables qui intiment au personnel la conduite à tenir
pauvre pilote qui a du faire face a toutes ces circonstances
le rapport ne respecte pas ce qui semble être de l ordre de l humain
rapport accablant sur le pilote
les autres sont donc blanchis de toute responsabilité
ce pilote qui devait rentrer en Grèce ou il allait être père
Shôgun a commenté :
30 novembre 2019 - 9 h 10 min
Le rapport du MAK est tout à fait remarquable par sa pertinence, et les commentaires qui s’autorisent ici à le dénigrer en toute incompétence, sur la base de poncifs et de préjugés, sont simplement ridicules.
Contrairement aux contre-vérités émises ci-dessus par un commentateur qui n’a manifestement lu ni le rapport ni l’article qui en fait un résumé, la pression mise par la compagnie sur les pilotes est clairement mise en avant. Cette pression ne suffit en aucune façon à excuser le comportement irresponsable du commandant de bord, qui a voulu absolument atterrir alors que les conditions climatiques ne permettaient pas de le faire en sécurité.
Daisy a commenté :
30 novembre 2019 - 11 h 51 min
Ah shogun homme parfait vous m’éclairez,bien fait pour lui alors,mes poncifs valent votre arrogance ,c est louche qd meme je me contente des mes préjugés ridicules pour votre bonheur immense
Shôgun a commenté :
30 novembre 2019 - 23 h 08 min
Vous êtes tout à fait libre de vous complaire dans les préjugés, l’ignorance et le ridicule, en effet. Je ne saurais vous dénier ce droit. En revanche, écrire des contre-vérités factuelles, c’est plus gênant.
Blaireau a commenté :
1 décembre 2019 - 17 h 57 min
Sauf que si vous êtes aux limites du temps de vol réglementaire, que si vous déroutez c’est des passagers plantés, des vols annulés…. et peut-être des comptes à rendre à l’employeur.
Les conditions étaient difficiles mais l’atterrissage pas impossible,
Le CdB expérimenté a cru qu’il y arriverait comme tant de fois avant…mais la fatigue était la, erreur de pilotage, erreur de jugement sur ses propres aptitudes.
Il n’y a bien que vous pour ne pas comprendre que son « irresponsabilité » était malheureusement prévisible.
Et dire que le CdB est le seul responsable, c’est un peu facile. Dans des compagnies ou les pilotes peuvent se faire entendre (syndicats…) c’est possible, mais dans des compagnies ou les pilotes n’ont aucun droit…
On remarque au passage: a commenté :
30 novembre 2019 - 9 h 44 min
* les deux PNT ont eu 15 et 20 h respectivement de repos chez eux avant le vol… Pas meme un cycle une journée + une nuit complète. Exprimer un repos en nombre d’heures, cela signifie que le CDB, avec 15 h chez lui pouvait très bien etre rentre le matin meme de son vol vers Rostov d’un autre vol de nuit ….Donc, pas une seule nuit à la maison entre ses deux engagements…
* Il est dit que les PNT venait de faire 6 h de vol au moment du crash…en B737 , donc non-équipe d’un poste repos avec couchettes… De plus, je ne sais pas si ces 6 HdV correspondent au vol Dubai-Rostov ou bien à une rotation type un aller-retour rapide 45mnX2 de vol + le vol Dubai-Rostov: si c’est ce dernier cas, la fatigue équipage est largement accrue…
* le CDB avait comme objectif impose par la compagnie semble t il, de se poser effectivement à Rostov -ce qui exclue l’option deroutement-, et de s’y poser assez rapidement pour pouvoir ” effectuer le vol retour sur Dubaï – de nouveau 6 HdV?) dans la limite de son temps de vol réglementaire”…donc une arrivée à Dubaï au petit matin encore…
Voici donc une compagnie qui n’hésite pas à programmer à ses PNT: un vol de nuit retour sur Dubaï arrivée au petit matin suivi de 15 h de repos chez lui au PNT suivi d’un autre vol soirée/nuit de 6 HdV en une ou trois étapes, suivi dans la foulée sans repos aucun d’un autre vol de nuit retour de 6 h avec arrivée à Dubaï encore au petit matin ( donc deux nuits consécutives en vol), et le tout dans un appareil sans poste repos-équipe couchettes….. et meme sans poste repos du tout!
Les profanes de ce site vont surement trouver cela normal et naturel…les PNT/C qui fréquentent ce site vont apprécier à sa juste valeur ce que tout cet enchaînement signifie… Les rageuses du site vont rager, mais ça, ça n’a aucune importance.
PNT a commenté :
30 novembre 2019 - 11 h 22 min
@ONREMARQUEAUPASSAGE
excellent ! j’ai vécu pendant plus de 2 ans ce rythme en MC dans la cie de l’autre côté de la route et les 3 vols de nuit à la suite c’est tout simplement l’enfer!
J’ai un souvenir en juin 2017 un IKA de nuit mon cdb après la rentrée du train à dormi jusqu’à l’arrivée dans la FIR EAU il était mort de fatigue !
Ceux qui ne connaissent pas ces compagnies ne peuvent pas en parler..
UPBS a commenté :
1 décembre 2019 - 23 h 20 min
Depuis quand la compagnie décide ce que doit faire le CDB? Si vous êtes pilote vous savez certainement que vous avez des droits et des obligations liées aux privilèges de votre licence. Donc il en implique que c’est le CDB qui décide de la possibilité d’atterrir et du choix de l’aéroport de déroutement. Maintenant si vous acceptez que la compagnie vous dicte vos choix…
Il est parfois difficile de faire le choix mais il en vas de la sécurité et de perdre sa place dans une compagnie qui ne respecte pas le choix du CDB n’est pas un problème. Surtout si vous évitez de mourir et de tuer des gens…