Tout en constatant les « grandes difficultés » que rencontre le secteur aérien français, au travers de la situation des compagnies Aigle Azur et XL Airways, le syndicat de pilotes SNPL France ALPA rappelle que deux autres sujets « provoqueront, sans une inflexion radicale de la politique gouvernementale, une crise sociale majeure » : la réforme des retraites et la volonté de « noyer les pilotes » dans une grande convention collective de l’aérien.
Les dirigeants du transport aérien français restent étonnamment muets sur ces questions qui pourtant sont essentielles pour préserver le contrat social « que nous avons construit ensemble depuis des décennies », souligne le syndicat dans un communiqué. Dans une lettre ouverte, son président Yves Deshayes interpelle les dirigeants du transport aérien « pour les avertir que leur absence de soutien sera un facteur contributif majeur à l’émergence d’une crise sociale grave qui impactera de façon certaine la santé de notre bien commun ».
Lettre ouverte aux dirigeants du transport aérien français
Mesdames, Messieurs,
Comme vous vous plaisez souvent à le rappeler, nos entreprises sont notre bien commun. Dès lors, nous serions en droit d’espérer que salariés et dirigeants unis s’élèvent contre les attaques sur ce bien commun, qu’il s’agisse de problématiques économiques ou de tentatives de détruire le contrat social que nous avons construit ensemble depuis des décennies.
Si vous savez vous faire entendre pour dénoncer l’abandon par le gouvernement du transport aérien français, vous êtes totalement silencieux quand il s’agit de dénoncer la politique sociale catastrophique qui découle de son dogmatisme politique.
J’en veux pour preuve ces deux sujets qui provoqueront sans aucun doute une crise sociale majeure très prochainement sans une inflexion radicale de la politique gouvernementale : la réforme des retraites et la volonté de noyer les pilotes dans une grande convention collective de l’aérien.
Sur le sujet de la réforme des retraites, nous avons bâti et géré ensemble depuis 70 ans un système efficace, qui ne dépend d’aucun subside extérieur et qui a donné satisfaction à des générations de navigants. A l’heure où le gouvernement projette de rayer d’un trait de plume cette institution, nous sommes abasourdis par votre silence sur ce sujet.
De la même façon, quand allez-vous enfin signifier au gouvernement que sa volonté de création d’une grande convention de l’aérien n’est pas compatible avec les spécificités de notre métier de pilote ? Quand oserez-vous affirmer que les textes régissant ces spécificités doivent être négociés exclusivement par des pilotes ? C’est pourtant ce que vous nous affirmez en privé.
Le SNPL France ALPA sait s’impliquer lorsqu’il s’agit de vous soutenir dans la lutte contre les taxes qui tuent à petit feu le transport aérien français. Nous ne ménageons pas notre peine pour faire entendre notre voix à l’unisson de la vôtre, que ce soit dans la presse, via les réseaux sociaux ou directement auprès des politiques.
A contrario, votre silence est assourdissant lorsqu’il s’agit de préserver le contrat social de vos salariés face aux attaques gouvernementales qu’ils subissent en permanence.
Nous ne quémandons rien, nous souhaitons simplement vous avertir que cette absence de soutien public sera un facteur contributif majeur à l’émergence d’une crise sociale grave qui impactera de façon certaine la santé de notre bien commun.
Vous ne pourrez plus feindre l’ignorance et vous offenser d’être les victimes d’un conflit entre les salariés et le gouvernement.
En persistant dans votre inaction, vous vous rendrez également responsables de ces troubles sociaux.
Dans l’intérêt de nos entreprises, nous ne doutons pas que cette lettre retiendra toute votre attention.
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Yves DESHAYES, Président du SNPL France ALPA
lyonnnais a commenté :
2 octobre 2019 - 9 h 52 min
“Nous ne quémandons rien”… on menace !!!
papy a commenté :
2 octobre 2019 - 10 h 48 min
Oui et pour cause , le gouvernement et les journaleux confondent regimes spéciaux et régime autonomes.
Exemple du 1er: RATP archi déficitaire financé par nos impôts
Exemple du 2eme pour rester dans le sujet: CRPN pilote financé par les naviguants et l’entreprise donc qui ne coûte pas un rond à la collectivité et qui est largement bénéficiaire …
Donc on va taper dans la caisse du 2e pour renflouer le puits sans fond du 1er !
@papy a commenté :
2 octobre 2019 - 11 h 58 min
Caisse Retraite du Personnel Navigant….
Le P=Personnel, et non pas Pilote…
Cette caisse est l’unique caisse de retraite complémentaire de TOUS les navigants professionnels relevant du droit francais…
TOUS les navigants signifie les pilotes d’avions bien sûr, mais aussi les hôtesses, les stewards, les chefs de cabine , mais encore les personnels navigants des vols d’essai& réception ( chez les constructeurs), les pilotes prof. d’hélicoptères , dont ceux de la securite civile, les pilotes des Canadair et autres bombardier d’eau…les mécaniciens navigants et les radios ( pour ces deux dernières profession, si elles sont aujourd’hui ” éteintes” pour cause de progrès technologiques des avions, nombre de leurs anciens membres sont toujours présents parmi les retraites…)
Pour le reste, vous avez entièrement raison: cette caisse est celle de la retraite COMPLÉMENTAIRE, et non celle du régime general de la securite sociale auquel cotise aussi, en plus, tous les PN: cela revient à dire pour être clair pour tout le monde que un navigant qui fait valoir ses droits à la retraite complémentaire , mettons, des 58 ou 69 ans, s’il touche quelque chose de dette CRPN, ne touche RIEN du régime general jusqu’à l’âge légal de retraite…il ne coûte donc RIEN à la collectivité…
Et d’autant plus RIEN à la collectivité que, comme vous le dites, la CRPN est financierement autonome SAWnS recevoir un sou d’argent public….et en plus, elle dispose de plusieurs années (+7 ans) de réserves financières devant elle, réservés constituée des cotisations passées et présentes des salariés PN et leurs employeurs: c’est sur ces millions que le gouvernement veut faire main basse pour financer d’autres gens…mais ces millions appartiennent à ceux qui les ont payés!
IMC a commenté :
2 octobre 2019 - 18 h 39 min
“CRPN … qui est largement bénéficiaire”.
-112 millions d’€ sur l’exercice 2018, auxquels il convient de cumuler les déficits précédents : -129 millions en 2017, -133 millions en 2016, -128 millions en 2015, -127 millions en 2014, etc, etc…
Il est évident que ce n’est pas la CRPN qui renflouera qui que ce soit ! ! !
Blaireau a commenté :
2 octobre 2019 - 21 h 34 min
Ce n’est pas parce que la CRPN est déficitaire en ce moment qu’elle ne dispose pas de réserves.
La CRPN se réforme régulièrement pour faire face aux évolutions de la société et a d’autres revenus que les cotisations.
Donc avec 4 milliard d’euros de réserve, elle a de quoi renflouer pas mal de monde.
Votre partialité dans votre analyse sous entend une certaine malhonnêteté intellectuelle..
@imc a commenté :
3 octobre 2019 - 8 h 42 min
Il est exact que la CRPN est depuis quelques années en déficit annuel entre le total des cotisations percues en provenance des salariés et des employeurs et le total des prestations versées à tous les retraités: cependant, sachez que cette situation résulte d’une décision de ” bonne gestion” et n’est pas le résultat d’une crise financière. Je m’explique:
Jusqu’à il y a quelques années, les cotisations au total l surpassaient largement les prestations payées. Il en résultait que chaque année la CRPN voyait ses réserves augmenter, et ce d’autant plus que ces dernières etant placées ( bourse + immobilier principalement) elles ” d’auto-augmentaient” grâce au rendement de ces placements, ajoutant un montant annuel non négligeable dont par ailleurs la Caisse n’avait pas besoin en terme de versement des pensions… Il en est résulté qu’à un moment la Caisse se retrouvait avec 12+ Annees de prestations en réserve, qui grandissait naturellement d’année en année sans autre usage..
La situation devenait en quelque sorte ” ubuesque, mais en positif”
Il fut alors décidé -et c’est LA la bon be gestion!- de limiter cette réserve financière à l’équivalent de 7 années de réserve: il fallut donc mettre en place des mécanismes d’appauvrissement pour faire redescendre le montant de cette réserve… Ce furent alors des stabilisations de cotisations employés+ employeurs qui furent décidées pour quelques annees. Comme le montant des prestations versées augmentaient de par le nombre croissant de retraités-carrières complètes à pensionner, fatalement on créait un déficit entre montant des cotisations et celui des prestations: c’est CE DÉFICIT LA qui se reflète dans les chiffres dont vous faites mention..
Mais ce déficit est aujourd’hui encore LARGEMENT couvert par les rendements actuels des placements des réserves actuelles de la CRPN ( réserve aujourd’hui ramenées au 7 années jugées suffisantes.
L’ensemble de l’activité financières ( cotisation+dividendes des placements – prestations versées) est toujours positif…
+1000 a commenté :
3 octobre 2019 - 9 h 52 min
+1000
C’est juste le reflet de la réalité!
Merci de la par de tous les ignorants ( dont moi!) a commenté :
3 octobre 2019 - 11 h 23 min
Je comprends mieux maintenant la spécificité de cette organisme…et pourquoi les personnes concernées n’ont pas envie de maelström général..
Si les caisses des avocats et autres professions quoi ont manifesté récemment fonctionnent sur un schéma identique, alors ont peut dire que cette réforme globale voulue par Macron n’a pas lieu d’être au niveau des retraites complémentaires..Au niveau retraite du régime général Assurance Vieillesse oui, mais pas pour les complémentaires…
D’autant que je suis surpris de n’avoir vu ou entendu personne, ici ou ailleurs, soulever le point fondamental de la liberté des individus et groupes d’individus de s’associer et s’organiser comme ils l’entendent…indépendamment des autres. Il me semble qu’il y a là un point de droit essentiel, qui mérite avant tout d’être éclairci.
Bien vu! a commenté :
3 octobre 2019 - 16 h 50 min
Bien vu le dernier point soulevé par ” de la part de tous les ignorants”…
Ce point mériterait surement une reprise plus juridique avec une plus grande publicité autour..
Mais c’est vrai que ce type de question se pose..et nécessite une réponse argumentée juridiquement.
yo a commenté :
2 octobre 2019 - 18 h 55 min
TRES BIEN EXPLIQUÉ :
PAPYPublié le 2 octobre 2019
Oui et pour cause , le gouvernement et les journaleux confondent regimes spéciaux et régime autonomes.
Exemple du 1er: RATP archi déficitaire financé par nos impôts
Exemple du 2eme pour rester dans le sujet: CRPN pilote financé par les naviguants et l’entreprise donc qui ne coûte pas un rond à la collectivité et qui est largement bénéficiaire …
Donc on va taper dans la caisse du 2e pour renflouer le puits sans fond du 1er !
Jean-Pierre Garcia a commenté :
3 octobre 2019 - 7 h 36 min
“CRPN pilote financé par les navigants et l’entreprise”. Pendants plusieurs décennies l’entreprise mère en constant déficit et régulièrement relevée par qui?
Qui peut croire que le fabuleux pactole de réserve trouve sa source dans les cotisations!!!
Dans ce projet de réforme chacun s’emploie à défendre ses privilèges avec des arguments usés et indéfendables. La loi du plus fort sera-t-elle comme par le passé la seule issue. Poser la question c’est déjà fournir la moitié de la réponse.
Qui peut croire? a commenté :
3 octobre 2019 - 8 h 45 min
Tout ceux qui suivent/ ont suivi le dossier de près, tout simplement…
Évidemment, aucun de ceux qui ne lisent que d’un oeil et de loin les potins de la commère….
Justin Fair a commenté :
3 octobre 2019 - 10 h 19 min
Très bien expliqué en effet!
Et ça fait vraiment plaisir de lire sur un forum consacré à l’aérien, quelqu’un qui sait de quoi parle…
” La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer…” ( Audiard, “Les Tontons Flingueurs”)
Jean-Pierre Garcia a commenté :
5 octobre 2019 - 13 h 37 min
Voilà une commère assez âgée pour se souvenir de l’époque où les contribuables intervenaient régulièrement chaque fin d’année afin de maintenir Air France en vol et permettre à la compagnie de continuer de gaver la CRPN.