La compagnie aérienne low cost Ryanair estime à près de 500 le sureffectif de ses pilotes, et à 400 celui de ses hôtesses de l’air et steward. Et jusqu’à 600 postes supplémentaires seraient menacés d’ici l’été prochain, en raison de la crise des Boeing 737 MAX et des inquiétudes sur le Brexit.
Affichant au premier trimestre un recul de 21% de ses bénéfices, la spécialiste irlandaise du vol pas cher avait déjà envisagé de fermer des bases dès le mois de novembre, les retards de livraison des monocouloirs remotorisés l’ayant entre autres forcée à revoir à la baisse ses prévisions de croissance. On connait désormais un peu mieux l’impact envisagé sur l’emploi : alors que débutait le 31 juillet 2019 un nouveau round de négociations avec le syndicat de pilotes BALPA (qui menace de faire grève fin aout), le CEO Michael O’Leary a déclaré dans une vidéo interne que des pertes d’emploi étaient « plus que probables ». « Je suis désolé et je vous présente mes excuses sincères pour cette mauvaise nouvelle et pour toute incertitude que cela vous occasionnera au cours des prochaines semaines », a-t-il déclaré ; Ryanair « fait face à un hiver difficile », et devrait donc annoncer une première vague de licenciements à la fin de l’été, puis éventuellement une deuxième après Noël. « Nous essaierons de préserver le plus d’emplois possible », a ajouté le dirigeant.
Un sureffectif de près de 500 pilotes et 400 PNC affecte déjà Ryanair selon M. O’Leay, et dans les six prochains mois elle n’aura pas besoin de 600 autres navigants. Ce matin, Ryanair précisait qu’elle s’attend à ce «qu’environ 900 employés actuels soient impactés, et non 1500 comme cela a inexactement été rapporté ». Le nombre élevé de personnel excédentaire est en partie dû à la réduction du taux de départ des navigants, que le directeur général décrit comme étant « tombé à zéro » grâce aux meilleurs conditions salariales engendrées par la reconnaissance des syndicats. Les frais de personnel ont déjà progressé de 21% durant le trimestre à fin juin, précisait Ryanair lundi, et elle planifie désormais ses horaires d’été 2020 sur la base de 30 737 MAX livrés d’ici à la fin mai 2020, au lieu des 58 prévus jusqu’à mars dernier. Ce qui réduira le taux de croissance de 7% à 3% (de 162 à environ 157 millions de clients au cours de l’exercice 2020-2021), avec donc moins de vols prévus – et un moindre nombre de navigants nécessaires. Michael O’Leary rappelle que la low cost espère recevoir ses MAX à partir de janvier prochain, mais reconnait que le nombre de 300 avions reçus fin mars est « optimiste ».
Boeing n’est pas le seul coupable évoqué : l’incertitude politique actuelle au Royaume-Uni quant à la possibilité d’un Brexit dur est aussi évoquée par le dirigeant de la low cost, le marché britannique – un de ses plus importants – ayant déjà été l’un des deux les plus « faibles » avec l’Allemagne au cours du trimestre écoulé. Et à ces défis « énormes et pleins d’incertitudes » s’ajoute la hausse des prix du carburant.
Rappelons que le syndicat de pilotes BALPA a lancé une consultation de ses membres basés au Royaume Uni sur le principe d’une grève sur les salaires et les conditions de travail, grève qui pourrait débuter le 21 aout ; le vote se terminera le 7 aout. Ryanair avait signé la reconnaissance du BALPA en janvier 2018 (une première dans son histoire), mais a depuis fait face à plusieurs menaces de grève suite à l’échec des négociations sur la nouvelle convention collective.
ERIK DE NICE a commenté :
1 août 2019 - 9 h 32 min
C’est peut-être le début de la fin pour cette boîte de malheur..
vincent a commenté :
1 août 2019 - 11 h 41 min
Je ne pense pas les avions sont plein.
Mais il y’a actuellement une surcapacité en Europe combiné à une hausse du carburant.
Je dirais plutôt une baisse de croissance mais certainement pas la fin.
Freddoo a commenté :
1 août 2019 - 12 h 30 min
Ce que MOL ne précise pas, c’est qu’il va demander des montagnes de compensations à Boeing pour le manque à gagner… D’un coté on vire du personnel , de l’autre on touche des dédits, la situation n’est pas aussi dramatique qu’il exprime, c’est la légalisation des syndicats et augmentations salariales qu’il ne n’a pas supporté…
Bencello a commenté :
1 août 2019 - 13 h 51 min
Observons la subtilité de MOL, qui associe dans une même déclaration des hausses de salaires au sureffectif…
Sous-entendu: les licenciements ne sont que le résultats des “méchants” syndicalistes qui ont négocié et obtenu des augmentations de salaires.
Diabolique on vous dit….
Notons que Ryanair réussit l’exploit de supprimer des vols en 2018 par manque de pilotes, puis en 2019 de supprimer des centaines des postes. La gestion des RH n’est pas leur fort
la mue Ryanair a commenté :
1 août 2019 - 14 h 24 min
Des salaires/charges sociales qui augmentent ( +21% en coût!)
Des grèves ici ou là en permanence en gestation comme dans les faits.
Des turn-over qui ralentissent, et donc des employés qui s’incrustent au lieu de partir, et donc ont des revendications.
Des licenciements en vue.
Décidément, Ryanair devient très vite une compagnie comme une autre!
Yoann a commenté :
1 août 2019 - 15 h 54 min
L’année passée FR annulait des centaines de vols par manque de pilotes, maintenant elle serait en sureffectif! Drôle de gestion du personnel…
Gestionnaire a commenté :
1 août 2019 - 18 h 43 min
Moi j’appelle pas ça ‘gestion’ de personnel.
Krobar88 a commenté :
1 août 2019 - 22 h 27 min
N’était ce pas la même compagnie qui annonçait il y a dix jours à peine l’ouverture d’une filière de formation en Pologne pour pallier à une pénurie potentielle de pilotes. Vous avez dit manager c’est prévoir ?
Yan a commenté :
2 août 2019 - 19 h 47 min
La France va devoir récupérer auprès de la compagnie aérienne Ryanair 8,5 millions d’euros considérés comme des aides illégales octroyées lors de contrats signés en faveur de l’aéroport de Montpellier (sud), a annoncé vendredi la Commission européenne.
«Il ressort de notre enquête que certains paiements effectués par les autorités locales françaises en faveur de Ryanair pour promouvoir l’aéroport de Montpellier ont donné à Ryanair un avantage déloyal et sélectif sur ses concurrents et porté préjudice à d’autres régions et aéroports régionaux», explique la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.
L’investigation avait été lancée en juillet 2018 pour déterminer si des contrats conclus entre une association de promotion du tourisme en région Occitanie (sud de la France), financée par des fonds publics, et Ryanair constituaient des aides d’Etat. Selon la Commission, l’Association de promotion des flux touristiques et économiques (APFTE), une association indépendante de l’aéroport de Montpellier, a passé entre 2010 et 2017 différents contrats avec Ryanair «en échange de la promotion de Montpellier et de la région environnante en tant que destination touristique sur le site de Ryanair».
L’exécutif européen a conclu que ces contrats «étaient financés au moyen de ressources d’Etat et étaient imputables à l’Etat», étant donné que l’APTFE est financée «presque intégralement par des entités publiques françaises régionales et locales». Il estime également que les paiements effectués sur la base des contrats «servaient uniquement de mesure incitative pour que Ryanair maintienne ses activités à l’aéroport de Montpellier».