Le syndicat SNPL compte déposer de nouveau un préavis de grève face au manque de réponses d’Air France sur l’avenir des pilotes de sa filiale HOP. La compagnie aérienne a un nouveau directeur financier, Steven Zaat, qui prend son poste ce mercredi.
Après un premier coup de semonce fin juin, le Conseil SNPL HOP! a de nouveau mandaté le Bureau pour déposer un préavis de grève dont les dates et les modalités « sont pour l’instant en suspens, afin d’octroyer aux pilotes de HOP! des réponses à la hauteur de leurs fortes attentes ». Une « ultime opportunité » pour tenter de trouver des solutions acceptables par toutes les parties concernant les carrières est prévue pour la semaine du 8 juillet 2019, précise le syndicat dans son communiqué de mardi. La rencontre avec les directions d’Air France et HOP le 26 juin, censée « cerner avec précision les problématiques responsables du blocage et sur le point de devenir hautement conflictuelles », s’est selon le syndicat « malheureusement, à l’exception de quelques avancées à la marge » terminée avec une direction d’Air France restant « sourde » à la demande d’intégration des pilotes de HOP! à Air France, « au motif que la disparition de la marque HOP! répondait uniquement à une stratégie commerciale visant à simplifier l’offre au sein du Groupe ».
Le SNPL rappelle que le Groupe Air France a annoncé le mois dernier une réduction de 15% de l’offre sur le réseau intérieur d’ici la fin 2021, va faire passer sous code AF au lieu de A5 tous les vols de la filiale régionale, et prévoit de réduire sa flotte à 51 avions, avec une sortie de flotte de tous ses ATR d’ici 2020. Même s’ils savent désormais que les lignes de HOP ne seront pas reprises par Transavia, les pilotes du SNPL avaient dès le début de l’année affiché comme principale revendication la réintégration dans Air France. Ils sont de nouveau exprimé leurs « ses vives inquiétudes quant au manque de perspectives d’avenir » pour les pilotes de HOP! « alors que tout le Groupe est en forte croissance ».
Pour le Bureau SNPL HOP! et pour les pilotes de la filiale d’Air France, ce raisonnement qui consiste à sacrifier un outil important du marché aérien domestique français « suscite d’autant plus l’incompréhension » que, dans le même temps, la compagnie sœur KLM se montre capable de développer sa propre filiale Cityhopper (KLC) « à grand renfort d’achats de flotte » : 35 Embraer 195-E2 de 146 sièges ont été commandés lors du Salon du Bourget 2019, dont 15 engagements fermes auprès du constructeur brésilien. Cette commande « venait en complément » des 50 Embraer (E175, E190, E195) déjà en service chez Cityhopper, et selon le syndicat servira « à cannibaliser encore un peu plus l’activité de HOP! au départ des villes de province française afin d’alimenter le hub de KLM à Amsterdam ».
Comment « justifier le choix d’une forte décroissance de HOP! alors que dans le même temps le Groupe AF-KLM prépare la croissance d’AF, de KLM, de KLC et de Transavia ? Comment refuser de faciliter aux pilotes de HOP! l’accès à Transavia alors que celle-ci a besoin de pilotes en nombre pour assurer sa croissance rapide ? », se demande le SNPL pour qui les engagements de la Directrice Générale d’Air France Anne Rigail « étaient trop éloignés des attentes et des promesses faites aux pilotes par le passé ». Le Conseil a également considéré que les propositions de la DG demeuraient insuffisantes au regard des inquiétudes exprimées par les pilotes quant à l’avenir de leurs emplois au sein du Groupe. D’où ce nouveau préavis de grève, qui fait suite à un autre déjà déposé début juin.
Pas de commentaire hier chez Air France, qui a de son côté annoncé la nomination par le groupe de l’alliance SkyTeam du Néerlandais Steven Zaat au poste de Directeur Général Adjoint Economie-Finances. Il rapportera directement à Anne Rigail et sera membre du Comité Exécutif, remplaçant Marc Verspyck qui cessera ses fonctions ce 3 juillet avant de quitter l’entreprise où il a passé 28 ans. Après avoir occupé différents postes financiers chez AKZO Nobel, société spécialisée dans les produits chimiques et pharmaceutiques, Steven Zaat a rejoint KLM en 2000 où il a occupé différentes fonctions au sein de la division Engineering and Maintenance puis au sein des Alliances et de l’Audit. En 2014, il a rejoint le groupe Air France-KLM, en tant que VP Finance & Control chez AFI-KLM E&M. En 2015, il devient Senior Vice President Corporate Control Air France-KLM, en charge des Services financiers partagés, du Corporate Control et des joint-ventures. Il a fait partie des équipes de négociations de la joint-venture entre Air France-KLM, Delta Air Lines et Virgin Atlantic. Steven Zaat est diplômé en économie et business de l’Université Erasmus et d’un post-graduate en tant que Certified Controller du Controllers Institute de la Vrije University d’Amsterdam.
La Directrice générale d’Air France a dans un communiqué tenu à saluer Marc Verspyck pour son engagement personnel et son professionnalisme pendant ces vingt-huit années passées au sein d’Air France : « Je remercie vivement Marc pour son engagement et ses réalisations, notamment dans la construction du volet économique du Groupe Air France-KLM et je tiens à souhaiter la bienvenue à Steven au sein d’Air France et de son Comité Exécutif ».
La nomination d’un Néerlandais chez Air France pourrait raviver les tensions nationalistes de l’hiver dernier, suite à la prise de participation de l’Etat néerlandais dans le capital du groupe « sans aucune concertation » (elle a été ensuite portée à 14%). Paris avait toutefois soutenu la stratégie du CEO D’Air France-KLM Ben Smith de renforcer la coopération entre Air France et KLM via une gouvernance « simplifiée et améliorée », tandis que le patron de cette dernière Pieter Elbers défendait son autonomie actuelle, menaces de grève des employés à l’appui (il a conservé son poste, mais a dû accepter la présence de Ben Smith au Conseil de surveillance de KLM). Avec pour argument le fait que KLM est responsable de 80% du résultat d’exploitation de 1332 millions d’euros affiché pour l’année 2018. Un pourcentage qui sera certainement utilisé pour justifier la nomination d’un directeur financier qui a fait ses preuves pour redresser les résultats d’Air France.
La mise en place début mars d’un groupe de travail présidé par Martin Vial, directeur général de l’Agence des participations de l’Etat (APE), et son homologue Christiaan Rebergen, trésorier général du ministère des Finances néerlandais, avait officiellement mis fin à la guéguerre entre les deux Etats. Mais selon La Tribune, son rapport attendu fin juin n’a pas été remis – et aucune date de publication n’est annoncée. Parmi les multiples points d’achoppement dans la réorganisation d’Air France-KLM figure selon le site économique le poids de l’État hollandais au sein du groupe, qui est désormais plus important que celui de l’État français. Jusqu’à février, l’État français était présent au capital d’Air France-KLM mais pas à celui d’Air France, alors que l’État néerlandais ne l’était pas au niveau d’Air France-KLM mais l’était au niveau de KLM. L’État néerlandais est désormais à la fois actionnaire du groupe et de sa filiale néerlandaise, alors que la France n’est actionnaire que du groupe…
OeildeMoscou a commenté :
3 juillet 2019 - 9 h 37 min
On devrait avoir le plan stratégique de BS pour AF-KLM en novembre…
D’ici là le petit jeu des chaises musicales se poursuit masquant l’immobilité sur les sujets de fonds (ce n’est pas le futur accord sur Transavia qui nécessite l’accord de tous les acteurs et pas seulement du SNPL alpa comme on peut le lire) qui va révolutionner le bidule…
Hop pose la problématique du Court courrier qui n’est pas nouvelle : a-t-il encore sa place dans le périmètre AF-KLM. Une cession à un autre acteur comme Easyjet ? Pour financer la “fameuse” stratégie de BS de montée en gamme de AF il faut de la tune. On peut déjà émettre des doutes sur cette stratégie, encore plus avec l’augmentation des coûts lié à l’achat de la paix sociale. Est-ce que les têtes d’œuf de Mc Kinsey vont remettre les mêmes conclusions que leur prédécesseurs du BCG…
Pour la nomination de ce néerlandais, personne n’est dupe. l’habillage d’un batave pour cautionner la “diversité” et “transversalité” entre KLM et AF est de la grosse flûte.
L’apaisement entre KLM et AF c’est l’Etat néerlandais qui l’a imposé et pas Mr BS.
Voilà un sympathique oeil de moscou…qui aura un oeil non pas sur Mme Rigail mais sur Mr Smith bien entendu (qui au final est DG AF et pas AF-KLM).
Décidément ce BS est bien décevant mais son agence de communication bosse bien.
Clama92 a commenté :
3 juillet 2019 - 10 h 04 min
Le nombre de mouvement étant plafonné à Orly, le développement de transavia ne peut se faire que sur le dos de HOP. Pour que transavia récupère des créneaux , il faut que HOP en libère !
afdegage a commenté :
3 juillet 2019 - 16 h 08 min
L’idéal serait que AF et toutes ses filiales se cassent d’ORY vers CDG !
JCD a commenté :
5 juillet 2019 - 0 h 44 min
Ahhhh, voilà un commentaire bien argumenté, comme je les aime, et qui fait bien avancer le débat !
Verdi a commenté :
4 juillet 2019 - 7 h 39 min
Clama a raison le développement de TO se fera en réduisant le court courrier (récupération des créneaux).d’ou les 15% de vol en moins sur court (ce n’est que le début de cette réduction)
AF doit rester à Ory pour tous les vols Antilles, réunions et autres …….Orly est apprécié par les voyageurs…..et AF restera.
Air France Air Chance a commenté :
4 juillet 2019 - 8 h 48 min
Le développement de TO doit surtout se faire à partir de bases européennes ce que le Snpl alpa a toujours refusé…