Les tensions sociales sont de retour dans l’actualité aérienne, avec des menaces de grève de la part des pilotes britanniques de la low cost Ryanair, des PNC de la compagnie aérienne British Airways basés à Gatwick et de ses pilotes, mais aussi chez EVA Air pour le personnel de cabine et chez South African Airways pour l’ensemble du personnel.
En Grande Bretagne, le syndicat de pilotes BALPA est impliqué dans deux conflits : chez Ryanair qui l’avait reconnu en janvier 2018, une première dans son histoire, 90% des pilotes basés dans le pays ayant participé à un scrutin interne ont voté en faveur d’un appel « non contraignant » à une action, les revendications portant sur les salaires et les conditions de travail. La direction et le syndicat devaient se rencontrer hier, la reconnaissance du syndicat il y a 18 mois n’ayant toujours pas été suivie par une convention collective ; aucun n’a souhaité commenté cette information. Ryanair déclarait le mois dernier ne pas pouvoir totalement exclure cet été la possibilité de perturbations liées à l’emploi, même si le CEO Michael O’Leary n’en attendait pas.
Chez British Airways, les pilotes de BALPA ont voté à 96% contre l’accord salarial proposé et en faveur d’une grève, une annonce formelle étant promise pour cette semaine par le secrétaire général du syndicat Brian Strutton. Un porte-parole de la compagnie aérienne a déclaré que BA est « convaincues que nos salaires et avantages pour les pilotes font partie des meilleurs de l’industrie. Notre dernière proposition salariale, une hausse de 11,5% sur trois ans, est juste et généreuse ». Ses hôtesses de l’air et stewards basés à l’aéroport de Londres-Gatwick menacent de leur côté d’organiser un grève « massive », demandant de meilleurs conditions de travail et des hausses de salaires. Selon le syndicat Unite, British Airways tente d’imposer de nouveaux tableaux de service et la réduction du temps de repos après les vols long-courriers, y compris sur la nouvelle liaison vers Las Vegas qui vient d’être inaugurée (une seule nuit de repos, comme sur les vols depuis Heathrow). Les ventes duty free en vol seraient également supprimées, réduisant les revenus des PNC. Mais aucun vote sur la grève n’a été tenu à ce jour, le syndicat dénonçant tout de même « la rapacité et l’exploitation des employés de British Airways » qui a dégagé 1,9 milliard de livres de bénéfice. Le syndicat GMB représentant le personnel au sol de la compagnie nationale britannique est lui aussi concerné par la campagne apparemment coordonnée pour de meilleurs salaires, ce que le porte-parole de BA appelle « des pratiques normales » dans l’industrie.
Chez EVA Air à Taïwan, pas de date non plus pour une éventuelle grève des PNC, mais 90% des membres du syndicat Taoyuan Flight Attendants Union (dont 2940 travaillant chez EVA Air) ont voté en faveur d’un arrêt de travail selon Flightglobal. Avec là encore des revendications portant sur les conditions de travail et les salaires, à quelques détails près : le syndicat veut ces améliorations uniquement pour ses membres, pas les PNC représentés par d’autres syndicats, et exige des modifications de routes représentant une journée de travail de 12 heures afin de permettre une nuit de repos sur place. Les vols entre Taipei et les aéroports de Pékin, Tokyo, Phnom Penh ou Ho Chi Minh Ville seraient concernés ; les négociations devraient reprendre le 25 juin, après l’assemblée générale de la compagnie. Les autres transporteurs du pays comme China Airlines et UNI Air pourraient être affectés.
Enfin en Afrique du Sud, c’est le départ du CEO Vuyani Jarana qui a déclenché la menace de grève des syndicats de PNC SACCA et de techniciens NUMSA. Des manifestations ont déjà eu lieu dans les aéroports du pays pour dénoncer « les milliers de problèmes » de la compagnie nationale, dont la corruption, la maintenance, le népotisme et le tribalisme selon la presse locale. « Nous exigeons que l’ensemble du conseil d’administration démissionne, car ils ont menti aux employés en affirmant que M. Jarana avait refusé d’agir pendant une période de trois mois. M. Jarana était prêt à respecter son préavis de trois mois et il a été expulsé par le conseil d’administration sans aucun rempalcement approprié », ont déclaré les deux syndicats dans un communiqué qui donne 48 heures à la direction avant le déclenchement d’une grève qui « paralysera l’aviation du pays ». South African Airways a nommé le directeur des opérations Zuks Ramasia comme CEO par intérim, la recherche d’un directeur général permanent étant lancée « localement et internationalement », alors que plane la rumeur d’un arrêt possible des aides de l’état, qui avait déjà versé 342 millions de dollars en octobre dernier à la compagnie en difficulté.
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