Faute d’avions, la compagnie aérienne Jet Airways a annoncé la suspension de sept routes internationales dont celles reliant Chennai à Paris-CDG et Amsterdam à Toronto. Tous ses vols internationaux ont été annulés jusqu’à ce vendredi soir, et sa faillite apparait de plus en plus plausible même si cinq candidats se seraient déclarés pour sa reprise.
Fin mars, la compagnie privée indienne tentait de rassurer ses clients français « sur le fait que les vols au départ de Paris et d’Amsterdam continuent d’être opérés ». Mais depuis le 11 avril 2019 et jusqu’à nouvel ordre, Jet Airways a suspendu sa ligne entre Paris-CDG et l’aéroport de Chennai, inaugurée en octobre 2017, celle reliant son mini-hub européen d’Amsterdam-Schiphol à Toronto-Pearson au Canada depuis 2015 (quand elle avait déménagé depuis Bruxelles) devant suivre dans « les prochains jours ». Deux autres destinations perdent leurs lignes de Jet Airways : Singapour-Changi (au départ de Delhi, Mumbai, Bangalore et Pune) et Colombo-Bandaranaike au Sri Lanka (depuis Mumbai). D’autres lignes seraient également fermées à la réservation à partir de ce 12 avril selon Airlineroute, y compris Mumbai – Paris, Delhi et Bangalore – Amsterdam, Mumbai – Londres, Delhi – Katmandou ; à partir du 26 avril, se sera au tour des vols entre Delhi et Bangkok ou Dhaka et entre Mumbai et Abou Dhabi, Dubaï, Djeddah, Kuwait City, Hong Kong…
Un communiqué de Jet Airways précise qu’elle a « d’ores et déjà informé la DGAC de ces changements ». La compagnie « s’attache à limiter au maximum les inconvénients pour ses passagers et mobilise l’ensemble de ses équipes 24/7 au Centre d’Appels, Service Client et Community Management qui gèrent de manière proactive les ajustements d’horaires selon la réglementation en vigueur (CAR), en proposant notamment des alternatives de relogement ou en prolongeant les remboursements applicables selon la situation ».
Au départ de Paris, les solutions passeront probablement par sa ligne entre CDG et Mumbai, proposée également en partage de codes par Air France (sous les couleurs Joon jusqu’à fin juin), la compagnie française desservant également Delhi. A Amsterdam, que Jet Airways dessert depuis Mumbai et Delhi, les clients vers et depuis le Canada pourront se tourner vers KLM, avec qui elle partage également ses codes (les routes entre Delhi ou Mumbai et Schiphol ne sont pas affectées). Rappelons qu’il y a dix-huit mois, le groupe-franco-néerlandais était en pleines discussions avec la compagnie indienne sur la création d’une coentreprise sur les routes entre l’Europe et l’Inde.
Jet Airways indiquait dans son communiqué d’hier qu’elle « poursuit la consolidation de son réseau et de son programme de vols ». Mais selon le Times of India, elle n’opèrerait plus que quatorze avions (contre environ 120 à son plus haut, et 26 la semaine dernière), les saisies des sociétés de leasing ayant fait de sa flotte en service la plus petite parmi les compagnies domestiques indiennes : six Boeing 777-300ER et quatre 737-800, un Airbus A330 et trois ATR 72 (l’immobilisation de ses cinq 737 MAX 8 n’étant évidemment pas de son fait). Selon Flightglobal, sept 737-800 ont été “désenregistrés” par la DGCA indienne, permettant à Avolon et MC Aviation Partners de les sortir du pays; et un 777-300ER appartenant à Worldwide Flight Services est toujours immobilisé à Amsterdam. Jet Airways ne respecterait donc plus les règles de l’aviation civile indienne, qui exige une flotte de vingt appareils au moins pour lancer des routes internationales. Ce secteur international n’est d’ailleurs pas le seul affecté : sur le réseau intérieur, plusieurs états du nord et du nord-est n’étaient quasiment plus desservis jeudi. Et la compagnie a eu de nouveau maille à partir avec fournisseur de kérosène Indian Oil, ayant dépassé la limite du crédit sur lequel ils s’étaient accordés ; comme lors d’un premier incident, l’arrêt de la fourniture de carburant a pris fin au bout de quelques heures.
La direction de Jet Airways et les actionnaires, incluant le consortium de prêteurs indiens dirigé par la State Bank of India (SBI) devenu actionnaire majoritaire le mois dernier, « continuent parallèlement à travailler en étroite collaboration pour résoudre la situation actuelle ». Mais ce consortium a été contraint mercredi de reporter à ce vendredi soir la date limite de dépôt des expressions d’intérêt par de potentiels investisseurs. Il y aurait pourtant six candidats, dont Etihad Airways (déjà actionnaire, à hauteur de 24% fin décembre, et qui serait prête à monter à 49% selon la rumeur), Indigo Partners (Wizz Air, Frontier Airlines, Volaris…), et les fonds d’investissement NIIF, TPG Capital et le consortium Think Equity/Redcliffe Capital.
Face à une dette de 1,6 milliard de dollars, des salaires impayés depuis des mois pour certains employés et une flotte en constante réduction, Jet Airways avait dévoilé fin mars son plan de restructuration, avec la conversion des créances en capitaux propres via l’émission de 114 millions d’actions (au consortium dirigé par la SBI) mais aussi le départ de son fondateur et président Naresh Goyal. Son plan d’exploitation sur le long-terme mettait alors l’accent sur l’amélioration des revenus et l’optimisation des coûts « comme bases fondamentales pour construire une compagnie aérienne en bonne santé et à la croissance durable »…
Le bout du chemin est proche a commenté :
12 avril 2019 - 7 h 46 min
Espérons que AFKLM A des réserves humaines et techniques pour augmenter de manière imprévue ses capacités et le nombre de ses vols entre Paris/Amsterdam et l’Inde. Sinon, ça va être chaud question sièges disponibles pour tout l’ete!
Par ailleurs, Etihad n’est deja plus ” actionnaire a hauteur de 24%” de Jet: lors de la reprise par SBI, Etihad est deja descendu et aujourd’hui n’a plus que 12,6% du capital.
Perplexe a commenté :
12 avril 2019 - 8 h 07 min
Ajouter des capacités, mais sans remplissage en Inde les vols retours seront compliqués à remplir.
Le marché Indien est compliqué, sans un allié de poids sur place c’est dur de se positionner.
Espérons que les slots ne seront pas perdus a AMS.
Olivier85 a commenté :
12 avril 2019 - 9 h 16 min
Votre remarque est bizarre ” les vols retours seront compliqués à remplir.” si il y a aller au départ de Paris, il y aura forcément retour, non? Les passagers ne vont pas rester en Inde.
Nico a commenté :
12 avril 2019 - 9 h 56 min
Ce n’est pas évident pour tout le monde lol
pacha a commenté :
12 avril 2019 - 8 h 02 min
la fin est de plus en plus probable.
Yoann a commenté :
12 avril 2019 - 9 h 41 min
Etihad prête à monter à 49%… Laissez moi rire, elle est elle même mourante ! Sa stratégie d’investissement est un échec total. Elles disparaîtront toutes les deux.
Pet a commenté :
12 avril 2019 - 13 h 19 min
+ 1
EY mourante mais tjrs perfusée, même si le chef local prétend le contraire.
Quant à 9W, c’est un immense gâchis. La Justice indienne devrait peut-être s’intéresser aux faits et gestes de M.Goyal, fondateur et actionnaire, qui a discrètement quitté la boutique il y a qques semaines?
En tt cas avant qu’il n’envisage de quitter le pays ..