Le Conseil d’administration de la compagnie aérienne Jet Airways a annoncé hier la conversion de ses dettes en actions, mais aussi le départ de son fondateur et président Naresh Goyal. Des décisions qui, avec l’entrée majoritaire dans son capital d’un consortium dirigé par la State Bank of India, devraient permettre d’assurer son redressement et un retour à des opérations normales. Ses vols vers la France sont toujours assurés.
Le CA de la compagnie privée indienne, en difficultés financières depuis des mois et dont plus de la moitié de la flotte est clouée au sol, a annoncé le 25 mars 2019 les solutions trouvées pour éviter sa faillite. A commencer par la conversion des créances en capitaux propres via l’émission de 114 millions d’actions : le consortium de prêteurs indiens, dirigé par la State Bank of India (SBI), deviendra donc l’actionnaire majoritaire de Jet Airways. Côté gouvernance, Jet Airways annonce la démission du fondateur Naresh Goyal, de Madame Anita Goyal et de M. Kevin Knight, représentant d’Etihad Airways de leurs postes au Conseil d’Administration ; deux représentants de l’équipe fondatrice et un représentant d’Etihad Airways continueront à siéger au Conseil, tandis que deux représentants des organismes prêteurs en deviendront membres sous réserve de l’obtention des approbations requises.
Dans le cadre du plan de redressement adopté le mois dernier, les prêteurs fourniront à Jet Airways un soutien financier intérimaire immédiat de 217 millions de dollars. La compagnie aérienne prendra également contact avec les intermédiaires de paiement pour libérer les liquidités actuellement bloquées ; ces fonds seront utilisés pour régler partiellement les sommes dues « aux bailleurs, fournisseurs, créanciers et employés » de manière progressive. Cela permettra à Jet Airways de redéployer sur son réseau plusieurs de ses avions actuellement immobilisés, permettant ainsi « la reprise de lignes temporairement suspendues ». Cela contribuera également à rétablir la normalité des opérations de la compagnie et à soutenir sa transformation sur le long terme, pour lui « permettre de poursuivre son expansion et ainsi retrouver sa position d’acteur majeur de l’aviation ». Un Comité de Gestion Intérimaire (Interim Management Committee, IMC) dirigé par le CEO Vinay Dube a été constitué pour superviser la performance financière et opérationnelle globale de la compagnie sous la supervision générale du Conseil d’Administration, avec le soutien de McKinsey & Co. Le cours de l’action de Jet Airways a progressé de 24% depuis ces annonces ; fin décembre, Naresh Goyal détenait 51% du capital, et Etihad 24% .
Le plan d’exploitation sur le long-terme de Jet Airways met l’accent sur l’amélioration des revenus et l’optimisation des coûts « comme bases fondamentales pour construire une compagnie aérienne en bonne santé et à la croissance durable ». Le plan de redressement intègre des secteurs transversaux en plus d’un plan d’exploitation qui tire parti de la flotte de la compagnie, de ses ressources, de ses plans de vol et de son réseau. Dans ce cadre, les prêteurs vont également ouvrir le processus de vente / émission d’actions à de nouveaux investisseurs ; processus qui devrait s’achever au cours du deuxième trimestre.
Naresh Goyal, le Conseil d’Administration et l’ensemble de l’équipe de Direction de Jet Airways souhaitent profiter de cette occasion pour remercier l’ensemble du personnel de la compagnie pour leur contribution et leur confiance inébranlable, notamment les pilotes et ingénieurs dont le soutien et la compréhension ont été édifiants. Le Fondateur et toutes les parties prenantes restent pleinement déterminés à faire en sorte que les salaires et les dettes dues aux fournisseurs externes et aux loueurs d’aéronefs soient payés en priorité dans un avenir proche. M. Goyal se considère très chanceux d’avoir pu compter sur une équipe aussi dévouée. Il est confiant dans le fait que, grâce à leurs efforts collectifs, la compagnie pourra reprendre sa croissance et marquer un retour réussi sur la scène internationale en tant que première compagnie indienne à service complet.
Naresh Goyal a déclaré dans un communiqué : « Personnellement, je considère les 22.000 employés de Jet Airways comme ma propre famille. Ils me sont aussi chers que Nivaan, Namrata et mon épouse Neeta. Aucun sacrifice n’est trop grand pour préserver les intérêts de Jet Airways et des familles de ses 22 000 employés. C’est en leur nom que j’ai décidé aujourd’hui de démissionner du Conseil d’Administration de Jet Airways. Je suis devenu Président le 1er avril 1992 et ma famille m’apporte tout son soutien dans cette décision. J’espère que vous appuierez également ma décision. Vous allez tous me manquer. Merci pour votre magnifique dévouement et votre fidélité au fil des ans. Je suis fier de vous et je vous souhaite à tous un bel avenir au sein de notre Jet Airways ! »
Pendant ce temps, un porte-parole de Jet Airways déclarait hier à Paris qu’elle voulait « rassurer ses clients sur le fait que les vols au départ de Paris et d’Amsterdam continuent d’être opérés ». En partenariat avec Air France-KLM, Jet Airways propose des vols quotidiens entre Paris et Mumbai, Chennai ainsi qu’au départ d’Amsterdam vers Mumbai, Delhi et Bangalore ; elle propose également un vol quotidien depuis Amsterdam vers Toronto. La compagnie aérienne dit regretter sincèrement « les perturbations actuelles sur son réseau domestique dues à l’annulation de certains vols et assure à tous ses passagers qu’il s’agit d’une situation temporaire. La société collabore activement avec tous ses loueurs d’aéronefs et communique régulièrement des informations à jour sur ses initiatives pour améliorer ses liquidités ». Les sociétés de leasing « ont appuyé » les efforts de Jet Airways en ce sens, et aucun de ses appareils n’a été immobilisé au sol que ce soit à Paris ou à Amsterdam.
Pet a commenté :
26 mars 2019 - 18 h 57 min
C’est beau comme l’antique. Version indienne. Du Bollywood, des promesses, des paroles, des chants et danses y compris la larme du patron qui s’en va avec une jolie cassette bien remplie.
Encore merci !
Quelle belle histoire..
Le plus sportif commence: comment dégager EY et ses représentants rapidement et surtout, qui va injecter du cash dans cette boîte qui tousse désormais très fort. Troquer des dettes en actions m, rapide mais pas magique.
DLAFKL doivent suivre ça de près. Elles seront les premières à pouvoir ramasser les restes.
Etihad? Probleme deja réglé a commenté :
27 mars 2019 - 8 h 43 min
Dans l’article AJ sur le nouvel accord AFKLM/Jet Airways, je vous avais répondu en faisant part, entre autre , des nouvelles dispositions prises en Inde au sujet de Jet. Peut être ne l’avez vous pas lu.
Parmi ces dispositions, Etihad A deja accepte le principe de revendre ses 24% dans Jet au consortium banquier a un prix bas deja fixe ( mais non encore divulgué)…
Et je vous disais ” bien vu” sur l’une de vos phrases mentionnant que AFKLM devait deja avoir une idée assez précise du devenir prevu pour Jet Airways
francois cassan a commenté :
1 avril 2019 - 18 h 15 min
tu parles !
ils viennent de m’annuler 3 paris bangkok par un mail laconique..
remboursement sous 3 mois …
quand aux frais annexes (résas d’hotel, vols intérieur etc …) pas d’indemnisation …
à fuir !!