Les députés français ont de nouveau donné leur feu vert à la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP), sans que l’on sache si tout ou partie du capital détenu par l’Etat sera vendu. Le trafic des plateformes parisiennes a progressé de 5,2% en février avec 7,3 millions de passagers.
En adoptant le 14 mars 2019 l’article 49 du projet de loi prévoyant de supprimer l’obligation pour l’État de détenir la majorité du capital d’ADP (50,63% aujourd’hui), l’Assemblée nationale a suivi la volonté du gouvernement de privatiser le gestionnaire des aéroports parisiens. L’Etat pourrait récolter 9,5 milliards d’euros en vendant toutes ses actions, alors que ses dividendes ont atteint 173 millions d’euros l’année dernière. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a beau rappeler que la concession de 70 ans envisagée ne concerne que la privatisation ne concerne que « les activités commerciales, les parkings, les hôtels, les boutiques de luxe » qui représentent 74% du résultat d’ADP, le terrain comme « les décisions stratégiques » dont le contrôle des frontières ou le montant des taxes restant du ressort de l’Etat, l’opposition continue de dénoncer une vente des « bijoux de famille ».
Trois scénarios sont encore à l’étude : une vente à un seul acteur, une vente à des acteurs diversifiés ou une vente d’une partie seulement des actions de l’État. Parmi les candidats les plus sérieux au rachat des parts de l’Etat figure le groupe Vinci (Vinci Autoroutes, Vinci Concessions, Vinci Airports, etc.), déjà bien implanté dans le secteur aéroportuaire et actionnaire à 8% d’ADP. Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français (UAF) soulignait hier dans La Tribune qu’en sortant d’ADP, l’Etat sera « d’autant mieux placé pour être un bon régulateur » en étant neutre, alors qu’il est régulièrement accusé de favoriser le groupe aux dépens des compagnies aériennes et des passagers pour améliorer sa rentabilité – et donc ses dividendes.
Rappelons qu’une autre privatisation d’aéroport, celle de Toulouse-Blagnac en avril 2015, connait quelques problèmes juridiques : le tribunal de commerce se prononcera le 22 mars sur la demande de mise sous séquestre des actions détenues par Casil Europe au capital d’ATB, les plaignants cherchant à bloquer la revente annoncée par l’actionnaire chinois de ses actions.
En février 2019, le trafic de Paris Aéroport est en hausse de 5,2% par rapport au mois de février 2018 avec 7,299 millions de passagers accueillis, dont 5,086 millions à Paris-Charles de Gaulle (+7,1%) et 2,212 millions à Paris-Orly (+1,1%). Le trafic France est en croissance de 3,7%, tandis que le trafic Europe (hors France) progresse de 4,5%. Le trafic international (hors Europe) est en hausse de +6,5% du fait d’une croissance sur les faisceaux suivants : Amérique du Nord (+13,0%), Amérique Latine (+8,6%), Afrique (+6,5%), Moyen-Orient (+4,0%), Asie-Pacifique (+3,8%) et DOM-COM (+2,1%). Le nombre de passagers en correspondance augmente de 10,5% en février par rapport à l’année dernière, le taux de correspondance de Paris Aéroport s’établissant à 23,8%, en hausse de 1,1 point.
Depuis le début de l’année, le trafic de Paris Aéroport est en progression de 3,5% avec un total de 15,041 millions de passagers. Le nombre de passagers en correspondance progresse de 7,0%, pour un taux de correspondance à 25,2%, en hausse de 0,8 point. Sur douze mois en trafic glissant, Paris Aéroport voit son trafic augmenter de 3,5% à 105,856 millions de passagers dont 72,72 millions à CDG (+4,1%) et 33,13 millions à Orly (+3,3%).
Le trafic de TAV Airports, dont le Groupe ADP détient 46,1% du capital, est en hausse de 6,4% au mois de février 2019 et de 4,8% depuis le début de l’année. Le trafic de l’aéroport de Santiago du Chili, dont le Groupe ADP détient 45% du capital, est en hausse de 8,3% au mois de février 2019 et de 9,6% depuis le début de l’année. Le trafic d’Amman, dont le Groupe ADP détient 51% du capital, est en hausse de 9,2 % au mois de février 2019 et de 6,9 % depuis le début de l’année.
jmarc - t-lfsp1@outlook.fr a commenté :
15 mars 2019 - 7 h 53 min
Bjr – le cher “de Villepin avait bien réussi son coup avec les autoroutes, il a la reconnaissance éternelle des voyous du CAC40 et bien à présent, on remet le couvert avec ADP ! Faut dire qu’il faut bien financer comme on peut les cadeaux fiscaux et entretenir le Veau d’or. La traversée du désert guette…
Ce n’est pas très aérien tout ça, mais ça me conforte dans l’idée de bannir CDG et ORY, gloire à GVA et MXP !
ledude a commenté :
15 mars 2019 - 8 h 13 min
La privatisation d’ADP est un non-sens économique et politique. Le coup des autoroutes c’était déjà pas mal, mais là on persiste et on signe dans le délire. Au choix on appelle ça “vendre les bijoux de famille” ou ” si tirer une balle dans le pied”, le coup de maître du gouvernement c’est de parvenir à faire les deux en même temps. Chapeau les gars !
julien31 a commenté :
15 mars 2019 - 13 h 48 min
Privatiser l’eau le gaz , l’électricité , les autoroutes …que des exploits a mettre au compte de nos grands économistes et que les français payent souvent fort cher .
Jean Pierre a commenté :
15 mars 2019 - 16 h 57 min
Que l’Etat vende ses actions ne me choque pas. Est ce vraiment sa vocation d’etre propriétaire d’infrastructures de transports ?
Dakota a commenté :
16 mars 2019 - 10 h 48 min
Surtout, ne changez rien ! Cela fonctionne si bien actuellement avec les fonctionnaires, les syndicats, les copains et le toutim ! Tout fonctionne admirablement à Roissy et à Orly ! Les toilettes, la signalétique, les espaces communs, le personnel de service, les liaisons internes, tout vous dis-je ! Un exemple d’heureuse et efficace gestion pour le bonheur de toutes et tous les pax du monde entier ! Peut-être faudrait-il encore augmenter la part des représentants des collectivités territoriales et des organisations dites représentatives… Là, on serait au top ! Et Changi, en comparaison, ressemblerait à une taupinière !
Max a commenté :
17 mars 2019 - 10 h 38 min
Si vous voulez en savoir plus sur le scandale de la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac à un actionnaire chinois, lisez “L’empreinte du Dragon” de Jean Tuan chez CLC Editions. Jubilatoire…
Wind Surf a commenté :
16 mars 2019 - 17 h 59 min
Restons calme. Vinci a perdu Notre Dame des Landes (demandez aux communes voisines de Nantes-Atlantique ce qu’elles en pensent), ils ont droit à être dédommagés les pov’chéris. Dame, c’est qu’ça coûte ben des sous de faire tourner une boîte pareille. Si ça se trouve il faut peut-être aussi verser une petite cotisation aux campagnes électorales.
Il paraît que CDG ne serait pas terrible. Et si l’Etat, le plus intelligent du monde comme chacun sait, mettait tout simplement à la tête de cette boîte des gens qui en ont, qui ne sortent pas de l’ENA ou autre usine à fromages et qui balanceraient quelques coups de tatane bien placés, ne serait-ce pas une solution au moins aussi bonne que la privatisation. De toute façon c’est ce que ferait Vinci, alors……