Des plongeurs ont récupéré l’enregistreur des conversations du cockpit (CVR) du Boeing de la compagnie aérienne low cost Lion Air, qui s’était écrasé en octobre 2018 en Indonésie, entrainant la mort des 189 personnes à bord.

La première boite noire (enregistreur des données de vol, FDR) avait été récupérée trois jours après le crash du Boeing 737 MAX 8 assurant le vol JT610 le 29 octobre 2018 entre Jakarta-Soekarno Hatta et l’aéroport de Pangkal Pinang. Mais les autorités avaient interrompu les recherches pour le CVR apparemment enfoui dans la boue, avant de lancer une nouvelle campagne de recherche avec des équipements plus performants. La Marine a annoncé le 14 janvier 2019 l’avoir repéré grâce à un localisateur de « pings » sous environ 8 mètres de boue, à une profondeur de 30 mètres et à moins de 50 mètres de l’endroit de l’impact. L’enregistreur est en route vers Jakarta, ont précisé les autorités ce lundi matin, tandis que le vice-ministre de la Marine Ridwan Djamaluddin déclaré que d’autres reste humains avaient également été découverts sur les fonds marins.

Si le CVR est en bon état, il devrait permettre aux enquêteurs de préciser le scénario de l’accident, le pire en Indonésie depuis 1997. Un rapport préliminaire publié fin novembre expliquait que le 737 MAX 8 avait rencontré des problèmes d’instruments affichant des lectures inexactes provenant des capteurs d’incidence (AoA, Angle of Attack). Lors du vol fatal qui n’a duré que treize minutes, les instruments ont selon le rapport enregistré une différence importante dans l’angle de l’appareil, jusqu’à 20 degrés. Dans les 90 secondes suivant le décollage, le copilote a demandé au contrôle aérien de confirmer la vitesse et l’altitude de l’avion ; trente secondes plus tard, il a signalé qu’ils avaient rencontré un « problème avec les contrôles de vol ». Une fois les volets rentrés après le décollage, le problème de compensation automatique enregistré lors du vol précédent est réapparu, jusqu’à ce que l’enregistreur des données de vol arrête d’enregistrer au moment où l’avion s’est écrasé dans la mer. Lors du vol précédent de l’appareil, le rapport confirmait que le 737 MAX 8 effectuait un « automatic trimming » (compensation automatique de l’assiette), ce qui a conduit les pilotes à passer en commandes manuelles, et poursuivre leur route sans encombre – mais en limitant l’altitude maximale comme le recommandent les procédures.

Mais le KNKT en charge de l’enquête avait aussi déclaré que Lion Air devait « améliorer sa culture de la sécurité », le responsable de l’agence Nurcahyo Utomo jugeant que « l’avion n’était plus en mesure de voler et n’aurait pas dû redécoller ».

Début novembre, Boeing avait émis un bulletin rappelant les procédures à suivre « pour gérer les cas dans lesquels l’information d’un capteur AOA est erronée ». La FAA américaine avait émis dans la foulée une directive concernant les 246 Boeing 737 MAX alors en service, demandant aux opérateurs de mettre à jour le manuel de vol (AFM) d’ici trois jours pour fournir à l’équipage « les procédures de compensation du stabilisateur horizontal à suivre dans certaines conditions ». Les syndicats de pilotes ont déploré de leur côté un manque de formation ; la famille d’une des victimes a par ailleurs déposé plainte contre Boeing fin décembre, l’accusant de ne pas avoir fourni d’instructions adéquates sur la manière de réagir au problème.

L’accident du vol JT610 est le plus grave en Indonésie depuis 2015, quand un Airbus A320 de la low cost AirAsia Indonesia s’était écrasé en mer lors du vol QZ8501 entre Surabaya et Singapour. Le pire dans l’histoire du pays reste celui de Garuda Indonesia en septembre 1997, quand son A300 s’était écrasé sur une colline lors de son approche de l’aéroport de Medan (234 mort).

Crash de Lion Air : la deuxième boite noire retrouvée 1 Air Journal

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