Quinze mois après le dernier vol de la compagnie aérienne Air Berlin, un tribunal allemand a fixé à 2 milliards d’euros la somme due par son actionnaire d’alors Etihad Airways à l’administrateur gérant la procédure d’insolvabilité, qui avait porté plainte pour promesses non tenues.
Le tribunal administratif de Berlin a répondu le 14 décembre 2018 à la plainte de l’administrateur, qui poursuit la compagnie nationale des Emirats Arabes Unis pour ne pas avoir répondu à ses obligations financières envers le transporteur allemand, dont le dernier vol avait eu lieu le 27 octobre 2017. Le jugement précise que « les demandes portent sur un paiement de 500 millions d’euros », auxquels s’ajoutent des dommages et intérêts supplémentaires « que le défendeur est obligé de payer », pour un montant total fixé provisoirement à 2 milliards d’euros. Etihad Airways détenait 29,2% du capital d’Air Berlin, dont elle était devenue actionnaire en 2012. Mais le tribunal rappelle qu’une promesse en avril 2017 de fournir des financements pendant 18 mois n’avait pas été tenue : Etihad avait décidé de retirer ses billes en aout 2017, forçant Air Berlin à déposer son bilan. C’est ce revirement qui est considéré par le tribunal comme un manquement aux obligations financières de l’actionnaire.
On rappellera que l’administrateur gérant la procédure d’insolvabilité d’Air Berlin, Frank Kebekus, déclarait en octobre 2017 qu’il espérait arriver « rapidement à un accord général » avec Etihad Airways, de laquelle il attendait « une somme à deux chiffres en millions d’euros » – sans préciser si cela serait plus proche de 10 millions que de 90. Quant au prêt-relais de 150 millions d’euros accordé par le gouvernement allemand, il estime qu’il sera « vraisemblablement » en mesure de le rembourser « avec les intérêts d’environ 10% » ; le prêt avait permis à la compagnie de poursuivre son programme de vol estival l’année dernière.
Etihad Airways a jusqu’au mois prochain pour répondre au jugement et éventuellement se porter en appel ; ce qui laisse peu de doute au vu de sa situation financière, avec des pertes estimées à 3,5 milliards de dollars qui l’ont déjà contrainte à sortir d’Alitalia (dont le processus de revente et/ou nationalisation n’avance guère). Elle se bat aussi pour renflouer Jet Airways en Inde.
La deuxième compagnie allemande n’a quasiment jamais dégagé de bénéfices pendant les huit dernières années, avec une perte record de 782 millions d’euros en 2016 ; sa dette nette se montait à 1,2 milliard d’euros lors de sa famille. Après son dépôt de bilan, le groupe allemand Lufthansa avait acquis la plus grosse partie de ses actifs en récupérant 81 avions des 144 appareils de la flotte et 3000 employés, pour un montant de 210 millions d’euros. EasyJet avait repris une partie de ses activités à l’aéroport de Berlin-Tegel, avec le rachat de ses créneaux de vol et des contrats de leasing pour 25 Airbus A320 accompagnés d’environ 1000 employés.
Les filiales d’Air Berlin Niki et LGW, pas affectées directement par la faillite, sont depuis entrées dans le giron respectivement de Ryanair (après avoir été relancée par son propriétaire sous le nom Laudamotion) et de Lufthansa.
Bencello a commenté :
17 décembre 2018 - 13 h 33 min
Cela n’en finit pas pour Etihad….
La facture, déjà stratosphérique, ne cesse de s’alourdir.
Gageons que pour leurs prochains projets d’investissement (s’il y en a) ils y réfléchiront à deux fois…
Pet a commenté :
17 décembre 2018 - 15 h 37 min
Prochains investissements?
Oui, des cartons pour passer dans un truc plus petit.
Apparemment le roi Joker ne se presse pas pour renflouer son jouet, un temps chéri.
Encore heureux qu’EY n’ait pas suivi les conseils pourtant avisés des nombreux spécialistes qui assurent le quotidien des colonnes d’AJ, et n’a pas racheté AF !
Grâce à quoi, elle ne perd que 3,5 $ pour le moment.
?
alex95 a commenté :
17 décembre 2018 - 16 h 56 min
Bien fait !
badboy a commenté :
17 décembre 2018 - 20 h 03 min
ALEX95 pour quoi tu dis bien fait argumente stp
Airfunes a commenté :
17 décembre 2018 - 17 h 58 min
ça va être compliqué de s’en remettre pour EY si le jugement est confirmé en appel…
EY a commenté :
17 décembre 2018 - 21 h 15 min
EY fera très certainement appel.
Tout l’art de passer de 500 millions à 2 milliards ! Montant fixé “PROVISOIREMENT” .(ça laisse une belle marge et fait une drôle de belle plus-value pour des dommages et intérêts !
Ce serait “amusant” de voir EY perdre en appel, ne pas payer et voir ses avions bloqués en Allemagne.
Une belle guerre en perspective s’annonce…
EY a commenté :
17 décembre 2018 - 21 h 40 min
L’Allemagne est un très gros fournisseur de Abu Dhabi, elle risque de le payer très cher.
Pour ceux qui suivent l’actualité, AUH a fait de nouvelles découvertes pétrole & gaz annoncées le mois dernier.
Ce petit pays déjà très riche va donc augmenter ses cadences gaz – pétrole.
Le prince héritier d’Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed, a également annoncé que le Conseil suprême du pétrole avait approuvé un budget de 132 milliards de dollars pour soutenir un plan de croissance sur cinq ans. 132 milliards ! ! ! Donc vous pensez bien que 2 milliards c’est peanuts pour ce pays très riche. Ce qui ne veut pas dire que AUH paiera rubis sur l’ongle une somme extravagante. Nul doute que des avocats feront leur travail.
Etihad étant une compagnie nationale et non privée, l’Emirat soutiendra sa compagnie…traînera des pieds pour payer ce qu’il doit et non des sommes dont le montant a été fixé arbitrairement. Et comme il dit, le mot a son importance : “provisoirement”.
Pet a commenté :
18 décembre 2018 - 8 h 09 min
Merci Alain45 de continuer à servir la soupe en faveur des dictateurs du Golfe.
EY a rompu unilatéralement le contrat, avant terme, et sans raison économique ni financière justifiable puisque l’écot dû et impayé devait lancer AB sur la Lune ou presque.
Agiter « l’Allemagne le regrettera » est risible, et montre s’il en était besoin, votre éloignement des affaires et du droit.
A propos d’avocats, ceux des deux parties ont déjà abattu un gros travail, et les exigences des Allemands en sont la conclusion.
Voyageur a commenté :
18 décembre 2018 - 12 h 21 min
commentaire hors sujet, vos rancoeurs personnelles envers les emirats n’interessent personnes… Pour le reste, EY a raison et il y aura certainement arrangement sur le montant final qui devrait etre largement inferieur a celui annonce. C’est juste une annonce pour lancer les negos
Pet a commenté :
18 décembre 2018 - 15 h 15 min
Et si vous utilisiez votre cervelle pour commenter au lieu d’imaginer les états d’âmes d’autrui et qui n’appartiennent qu’à vous ?
EY a commenté :
18 décembre 2018 - 13 h 46 min
“Ce serait « amusant » de voir EY perdre en appel, ne pas payer et voir ses avions bloqués en Allemagne.
Une belle guerre en perspective s’annonce…”
1) C’est aussi ce que j’ai écrit, donc contrairement à ce que vous prétendez, je ne sers la soupe à personne.
Chaque pays défend ses intérêts comme l’Italie a fait le choix de soutenir Alitalia en faillite.
Vous vous permettez de réinterpréter mes propos, apprenez à lire correctement et à analyser, et à peser les nuances, cela vous sortira de votre rigidité et vos raccourcis, jamais dit que “l’Allemagne le regrettera”.
2) Dictateurs du Golfe : ce n’est que votre point de vue. Cela démontre votre limite d’argumentation ; tout le monde peut faire ce genre de déclaration gratuite, cela ne prouve rien. Il existe mille façons d’exercer une forme ou une autre de dictature, comme bloquer les routes et empêcher les gens de circuler.
Pendant que vous y êtes, lisez l’article (lien à la fin) et sachez que l’Etat français coopère avec Abu Dhabi comme jamais, on pourrait ajouter la coopération militaire, le label Louvre, accordé pour la première fois hors hexagone….et à une dictature, pas mal…Vos propos reviennent à accuser l’Etat français de complicité de dictature.
Penser que les autres sont nuls en droit et que vous seul pouvez décider de ce que sont réellement les autres sans même les connaître, c’est vraiment être très prétentieux !
On verra au final, ce que Abu Dhabi aura réellement à payer quand la justice aura définitivement tranché.
4) je ne suis pas cet Alain je ne sais quoi….
https://ae.ambafrance.org/Relations-bilaterales-22