La perte nette due aux quinze jours de grèves ce printemps dans la compagnie aérienne Air France sur les résultats du premier semestre est estimée à 335 millions d’euros. Mais le groupe franco-néerlandais affiche au deuxième trimestre une hausse de 4,0% du chiffre d’affaires et une recette unitaire également en hausse, grâce à la demande soutenue.
Toujours sans PDG, Air France-KLM a publié ce 1er aout 2018 des résultats trimestriels montrant un résultat d’exploitation « d’un niveau similaire à celui de l’an dernier hors impact des grèves chez Air France » : le bénéfice d’exploitation entre début avril et fin juin s’élève à 345 millions d’euros, en baisse de 241 millions d’euros par rapport à 2017. Cette baisse s’explique principalement par les grèves chez Air France, qui ont un impact négatif de l’ordre de 260 millions d’euros au T2, l’augmentation du prix du carburant et les effets négatifs des devises ayant été partiellement compensés par des recettes unitaires en hausse. L’augmentation des recettes unitaires a généré une contribution positive de 121 millions d’euros et les coûts unitaires ont un effet négatif de 129 millions d’euros, tous deux incluant les effets de la grève. Ces coûts unitaires ont augmenté de 2,4% à change, prix du carburant et charges de retraite constants, soit une réduction de coûts structurelle de -0,7% compensée par un effet grève de +3,1%. Le résultat net est de 109 millions d’euros, en chute de 484 millions par rapport au deuxième trimestre 2017. La recette unitaire du groupe est en hausse de 1,7% à change constant, « portée par la performance du trafic premium ». Le trafic passager d’Air France-KLM a progressé au T2 de 0,8% à 26 millions.
Dans l’activité Réseaux, le groupe met en avant les douze jours de grèves chez Air France au deuxième trimestre 2018, ayant entrainé une diminution de capacité de 0,2%. Cependant, « grâce à un environnement économique porteur », le groupe a réussi à augmenter ses revenus de l’activité Réseaux de 2,7% à change constant par rapport à l’an dernier. La contribution principale à cette croissance provient de la bonne performance de la recette unitaire du Passage et du Cargo, qui a compensé en partie l’impact négatif de la hausse des coûts de carburant. Le résultat d’exploitation de l’activité Passage et Cargo s’est établi à 236 millions d’euros au deuxième trimestre 2018, soit une baisse de 188 millions d’euros par rapport à 2017 à change constant..
Pour le seul trafic passager, les grèves chez Air France ont eu un impact négatif de 2,5% sur la capacité au deuxième trimestre 2018, avec pour conséquence une stabilité des capacités et du nombre de passagers transportés à 21,9 millions. La forte demande a permis d’augmenter la recette unitaire à change constant afin de compenser partiellement la hausse du prix du carburant : la recette unitaire globale par siège kilomètre offert a augmenté de 1,6%. En particulier, la performance de la recette unitaire du réseau moyen-courrier a été plus robuste qu’au trimestre précédent, avec une progression de 4,3% à change constant. Sur le moyen-courrier hub, la recette unitaire s’est améliorée de 5,0% à change constant, avec une contribution à la performance positive pour les deux hubs (aéroports de Paris-CDG et Amsterdam-Schiphol). Sur l’activité point-à-point en France, la capacité a été nettement réduite de 7,8% par rapport à 2017, en réponse à la forte concurrence du TGV, et la recette unitaire a progressé de 2,9% à change constant.
Le réseau long-courrier d’Air France-KLM a continué à bénéficier d’une demande dynamique sur les activités principales du groupe, entraînant une hausse de la recette unitaire de 0,9% à change constant. Les réseaux Amérique du Nord et Amérique Latine sont orientés à la hausse comme au premier trimestre 2018, avec une progression de 3,6% et de 2,7% respectivement de la recette unitaire à change constant. La recette unitaire du réseau Asie est en baisse de 1,9% à change constant, principalement en raison de l’augmentation de la capacité sur les routes du sous-continent Indien et d’une « demande plus volatile sur les autres points de ventes asiatiques ».
La filiale low cost Transavia a transporté 4,6 millions de passagers au deuxième trimestre 2018, soit une augmentation de 5,2% par rapport à l’année dernière. La capacité de Transavia France a enregistré une forte croissance de 19,4%, tandis que celle de Transavia Hollande a légèrement reculé de 1,4%. Malgré l’effet négatif du décalage d’avril à mars du trafic loisirs de Pâques, le trafic est en hausse de 8,3%, avec un coefficient d’occupation en augmentation de 1,8 point par rapport à 2017, à 92%. La recette unitaire a progressé de 4,5% par rapport à l’année dernière. Le résultat d’exploitation du deuxième trimestre 2018 s’est établi à 61 millions d’euros, en amélioration de 17 millions d’euros par rapport à l’année 2017, sur un chiffre d’affaires en hausse de 11,0% à 453 millions d’euros .Transavia France et Transavia Hollande « délivrent toutes deux un résultat d’exploitation positif et en amélioration ».
T2 | Variation | S1 | Variation | |
Air France | 13 | -231 | -164 | -351 |
Marge opérationnelle (%) | 0,3% | -5,8 pt | -2,2% | -4,7 pt |
KLM | 328 | -23 | 388 | 9 |
Marge opérationnelle (%) | 11,7% | -1,2 pt | 7,5% | -0,2 pt |
Sur le premier semestre 2018, le nombre de passagers du groupe de l’alliance SkyTeam a gagné 2,8% à 48,2545 millions de passagers. La recette unitaire est en hausse de 1,4%, le résultat d’exploitation recule de 325 millions mais reste positif à 228 millions d’euros, tandis que la perte nette est réduite de 609 à 159 millions d’euros. La réduction de la dette nette s’est poursuivie au premier semestre, avec une diminution de 315 millions d’euros par rapport au 31 décembre 2017 pour s’établir à 6,256 milliards d’euros ; le ratio dette nette / EBITDA au 30 juin 2018 est resté stable comparé au 31 décembre à 1,4x.
Perspectives pour 2018:
Le contexte global reste incertain au regard de l’environnement géopolitique, de pressions inflationnistes sur les salaires et de tendances haussières sur le prix du carburant. Les prévisions suivantes ont donc été ajustées en conséquence :
*Facture de carburant attendue en augmentation de 450 millions d’euros1 pour 2018 par rapport à 2017, sur la base de la courbe à terme du 27 Juillet 2018, et en incluant un résultat positif de couverture de 850 millions de dollars.
*Effet change défavorable de l’ordre de 150 millions d’euros, en raison de l’appréciation du dollar par rapport à l’euro.
L’environnement demeure positif en matière de demande et de revenus :
*Les dernières données disponibles pour le Passage Réseaux montrent une poursuite de la tendance positive sur la demande de juillet à novembre 2018 : les coefficients d’occupation prévisionnels sur les réservations long-courrier pour les quatre prochains mois sont supérieurs à l’année dernière.
*La recette unitaire Passage Réseaux devrait être positive au troisième trimestre 2018 à change constant. Compte tenu de la performance de la recette unitaire au premier semestre 2018 et des prévisions du troisième trimestre, la recette unitaire annuelle du Passage Réseaux sur l’ensemble de l’année 2018 est attendue supérieure à 2017 à change constant.
*La croissance de capacité de Transavia a été ajustée pour 2018 à +8 à 9%, en légère accélération pour bénéficier du dynamisme de la demande.
Le groupe conserve inchangées les prévisions suivantes pour 2018 :
*Croissance de capacité Passage réseaux comprise 2,5% et 3,5%.
*Objectif de coût unitaire entre 0% et +1,0% à change, prix du carburant et charges de retraite constants, incluant les coûts relatifs aux grèves et les ajustements de capacité correspondants intervenus au premier semestre 2018.
*Plan d’investissement géré dans une fourchette de 2,0 à 2,5 milliards d’euros.
*En dépit de l’effet des grèves sur le résultat d’exploitation, réduction de la dette nette par rapport au 31 décembre 2017.
vol de nuit a commenté :
1 août 2018 - 10 h 17 min
Le transport aérien se porte bien. Toutes les compagnies se portent bien. Mais AF est en panne. Les comparaisons avec l’allié KLM sont cruelles en termes de chiffres. Bateau sans capitaine, tarifs toujours parmi les plus élevés, billets primes aux tarifs délirants qui n’ont plus rien d’intéressant … bref, plus de raisons d’être fidèle.
C’est bien dommage mais bon, c’est le choix d’AF.
Men a commenté :
1 août 2018 - 10 h 41 min
Le problème des tarifs – anormalement elevés – d’AF est qu’il lui faut bien couvrir sess couts de structure parmi les plus elevés du marché. La faute, certes, aux charges sociales et redevances aéroportuaires, mais SURTOUT à des effectifs sous-productifs et encore beaucoup trop nombreux au siège et au sol. Sans restructration en profondeur, cette compagnie est tout simplement condamnée à moyen terme.
vol de nuit a commenté :
1 août 2018 - 12 h 02 min
Tout à fait d’accord. AF n’a aucun problème de remplissage de ses avions. Mais sa structure est disproportionnée. Comment être rentable avec des pilotes davantage payés qu’ailleurs, qui travaillent moins et qui globalement sont plutôt moins bons côté sécurité? D’ailleurs, si AF était le bagne qu’ils décrivent, pourquoi ne vont-ils pas voir ailleurs?
Mais ces derniers temps, personnellement, je ressens cette compagnie à la dérive comme jamais dans ses performances.
Men a commenté :
1 août 2018 - 10 h 33 min
AF (S1) : Marge opérationnelle = – 164M€
KLM (S1): Marge opérationnelle = +388M€
Tout est dit.
Phil of the seas a commenté :
1 août 2018 - 13 h 39 min
Sauf que si vous transférez le siège d’AF a Amsterdam et celui de KLM en France et bien les chiffres s’inversent malgré la grève ! Il faut quand même se rentrer ça dans le crâne une fois pour toute , a moins que vous vouliez que nous devenions un pays du tiers monde aux conditions de travail terribles et avec un minimum de protections sociales.
@ phil a commenté :
1 août 2018 - 14 h 39 min
Non le différentiel de charges est estimé tout au mieux à 300 millions d’euros par an.
Donc oui, les charges sociales et fiscales expliquent une partie du manque de compétitivité d’AF, mais seulement une partie. Le reste vient de personnels en sureffectifs, notamment au siège. Easyjet fait voler plus de passagers d’AF chaque année avec presque 10 fois mois de salariés “administratifs”.
Tom a commenté :
1 août 2018 - 10 h 53 min
La différence entre KLM est flagrante et n’est pas du qu’a un environnement fiscal meilleur. Air France souffre d’un manque d’efficience notable avec des retards importants ( même quand l’appareil reste 3 heures à CDG) des personnels nombreux mais mal répartis et souvent plus préoccupés de leurs affaires personnelles , de leurs GP et de discussions entre collègues que des passagers.
Jeff a commenté :
1 août 2018 - 11 h 00 min
Merci à KLM de soutenir la maison et d’être la vache à lait du groupe!
Pendant ce temps, les concurrents British-Iberia et Lufthansa engrangent d’énormes bénéfices qui leur permettent de se doter d’appareils de dernière génération (A320 neo, A350 et B787), de renouveler leurs cabines et d’ouvrir de nouvelles lignes.
Perplexe a commenté :
1 août 2018 - 12 h 40 min
Les reservations sont en hausses mais les passagers n’ont pas encore compris que septembre sera la saison 2 de la grève!
Justin Fair a commenté :
1 août 2018 - 12 h 47 min
Quelle déception filtre de vos commentaires…
Airfunes a commenté :
1 août 2018 - 13 h 17 min
Comme quoi s’il n’y avait pas de grèves, AF pourrait avoir un développement plus assumé !