La compagnie aérienne low cost easyJet se dit prête à ouvrir une base à l’aéroport de Londres-Heathrow, où le principe d’une expansion via la troisième piste est quasiment acquis. L’occasion de mettre en avant sa politique environnementale à long terme, qui passe pour l’opération des Airbus A320neo.
Lors d’une conférence sur la connectivité à Londres cette semaine, la spécialiste britannique du vol pas cher a souligné que l’expansion de l’aéroport Heathrow lui permettra de s’y installer aux côtés d’autres low cost, ce qui sera une première pour le plus grand aéroport du pays. Les passagers bénéficieraient ainsi « d’une concurrence accrue avec les transporteurs traditionnels, avec des tarifs réduits d’environ 30% sur les liaisons existantes vers les destinations britanniques et européennes », affirme easyJet, sans oublier l’ouverture par les nouveaux arrivants de lignes vers des aéroports non desservis depuis Heathrow, « assurant ainsi des liaisons économiques importantes avec l’unique aéroport hub du Royaume-Uni ». La compagnie souligne qu’elle travaille « en étroite collaboration » avec Heathrow depuis un certain nombre d’années, et confirme que les opérations à bas coût y seraient « viables », y compris l’immobilisation au sol des Airbus pendant 25 minutes seulement. Un « cadre opérationnel indicatif » a été convenu en 2015 sur ces aspects pratiques.
Une base d’easyJet à Heathrow « serait en phase avec la stratégie d’easyJet de voler entre les aéroports principaux d’Europe avec la forte demande des passagers de loisirs et d’affaires », souligne la compagnie dans un communiqué. Le directeur Commercial et Stratégie Robert Carey a précisé lors d’une conférence de presse reprise par anna.aero un potentiel de 18 routes intérieures dont 12 sans concurrence depuis Heathrow, et de 65 lignes européennes dont 45 destinations non desservies depuis Heathrow. La ministre de l’aviation britannique, Baroness Sugg, a indiqué de son côté que jusqu’à 15% des créneaux de vol créés par la troisième piste pourraient être dédiés aux lignes intérieures.
EasyJet rappelle au passage que les passagers à Londres-Heathrow ont connu ces dernières années une réduction drastique de l’offre intérieure et régionale : entre 2000 et 2017, le nombre total de passagers a augmenté de 21% à Heathrow contre 91% dans l’ensemble de l’Europe. Mais sur cette période, l’aéroport londonien a enregistré « une diminution de 40% du nombre de sièges sur les lignes intérieures et de 13% sur les liaisons européennes, avec le passage de 14 à 8 du nombre d’aéroport britanniques desservis ». Soit selon la low cost 200.000 sièges de moins par semaine sur le court-courrier par rapport à l’an 2000, « l’équivalent de la population de York ou de Dundee ». En raison de sa capacité limitée, les passagers de Heathrow n’ont pas pu bénéficier des « avantages de la révolution aérienne à bas prix », et les routes y restent aujourd’hui dominées par des compagnies aériennes « coûteuses et inefficaces ».
Lorsqu’easyJet s’installe dans un aéroport en concurrence avec des compagnies aériennes traditionnelles, elle affirme pouvoir offrir « des tarifs inférieurs d’environ 30% » grâce à son coût unitaire nettement inférieur ; l’aéroport de Londres-Heathrow « ne ferait pas exception », assure-t-elle. Les autres facteurs sont l’utilisation d’un seul type d’avion « qu’easyJet achète à un taux très compétitif et que tous ses pilotes, équipiers et ingénieurs peuvent exploiter », une densité de sièges plus forte et des coefficients d’occupation plus élevés. Avoir un faible coût « est dans l’ADN » d’easyJet, dont le QG « est dans un hangar d’avion » à l’aéroport de Londres-Luton.
Mais la compagnie aérienne insiste aussi sur un autre atout qu’elle apportera à Heathrow, « notre stratégie environnementale à long terme, dont la clé de voûte est la prochaine génération d’Airbus A320neo ». Ces avions de 186 places produisent 15% moins d’émissions de carbone et sont 50% plus silencieux que les avions de la génération actuelle, souligne easyJet qui prendra livraison de ses 130 monocouloirs remotorisés (dont trente A321neo de 235 sièges) « avant l’ouverture de la nouvelle piste à Heathrow ». La low cost a d’ailleurs fait une présentation hier à Paris de ses A320neo, dont six exemplaires sont en service et qui volent depuis juin 2017 vers Paris-CDG et régulièrement vers Orly (deux bases avec respectivement 9 et 6 avions, et 43 et 19 destinations). L’occasion de rappeler que depuis 16 ans et son premier vol entre Roissy et Liverpool, la compagnie « reste engagée à maintenir une croissance constante et responsable ». Son un bilan environnemental « extrêmement positif » publié en 2017 mettait en avant une réduction de ses émissions de CO2 par passager au kilomètre désormais de 78,62g, comparée à 79,98 l’année précédente. Cette baisse est liée aux « objectifs de décarbonisation » introduits il y a quelques années et favorisant le renouvellement constant d’une flotte de presque 300 appareils, mais aussi le déploiement de procédures opérationnelles plus responsables. Ces émissions par passagers sont en voie d’être réduites d’un tiers d’ici 20 ans.
Depuis 2000, easyJet a réduit son empreinte carbone par passager et par kilomètre de plus de 32%. L’objectif est d’atteindre une réduction de 10% supplémentaires entre 2016 et 2022, représentant une diminution totale de 38% à terme par rapport au stade initial de 2000. L’impact le plus important sur l’environnement est lié au kérosène, raison pour laquelle de nombreux projets ont été mis en œuvre, ayant pour vocation à améliorer significativement l’empreinte carbone de la compagnie. En septembre 2017, easyJet annonçait la perspective d’un transport aérien sans kérosène, avec le développement d’un appareil dédié à l’aviation commerciale fonctionnant grâce à des batteries électriques, en partenariat avec Wright Electric ; cette collaboration s’appuie sur la volonté de faire voler des avions électriques sur de courtes distances au sein de l’Europe « d’ici une dizaine d’année ». La low cost travaille d’autre part avec Safran Landing Systems afin de tester l’utilisation d’une batterie à hydrogène pour le roulage au sol de ses appareils, offrant un système zéro émission. Compte tenu de la fréquence importante des rotations et la durée moyenne des vols easyJet, environ 4% de la consommation annuelle en carburant est utilisée au sol lors du roulage. La mise en œuvre de cette nouvelle technologie sur toute la flotte d’easyJet permettrait d’économiser jusqu’à 55,000 tonnes de carburant et les émissions de CO2 associées. Des essais sont prévus à l’aéroport de Toulouse d’ici la fin d’année.
François Bacchetta, Directeur Général d’easyJet en France, commente : « Nous sommes très heureux de contribuer à un transport aérien plus responsable pour le futur, avec des résultats déjà très probants et d’importants objectifs pour l’avenir proche, avec une réduction à 77g de CO2 par kilomètre par passager d’ici à 2020. En exploitant une flotte d’avions Airbus neufs, et grâce à un modèle opérationnel plus efficace, nous avons déjà réduit d’un tiers nos émissions de CO2 depuis 2000. Nous sommes ravis de présenter l’A320neo à Paris, qui s’inscrit totalement dans cette démarche et nous pensons qu’il est encore possible d’accroitre nos efforts, en introduisant par exemple l’A31neo qui nous permettra d’apporter de la croissance dans des aéroports saturés, tout en améliorant notre impact environnemental ».
Perplexe a commenté :
15 juin 2018 - 8 h 45 min
La 3ème piste a Heathrow sera la fin de l’ère historique du monopole de British Airways sur cette plateforme. Autant dire que cette concurrence fera mal et que le PDG du groupe réputé cost killer le fera payer chère a ses employés…
Mais en attendant cette fameuse piste, BA a encore de beau jours devant elle.
$dreamliner a commenté :
15 juin 2018 - 9 h 30 min
L’arrivée d’easyjet boostera encore plus le traffic sur LHR !
Et cet aeroport franchira bel et bien le seuil de 100millions de pax/an!
Cette 3eme piste ne fera que du bien au developpement d’LHR !
Et aux specialistes qui predisaient que paris CDG deviendra 1er aeroport européen en termes de pax, je vs salue en passant???????????
Pas si impossible que ça a commenté :
15 juin 2018 - 10 h 10 min
Sachant que la 3em piste ne sera pas livrée avant 2025, et que LHR croit faiblement en raison de sa saturation. Le scénario que CDG devienne 1er aéroport européen dans ce laspe de temps est tout a fais possible. Pour l’instant la croissance de CDG est de 2,3% gravement entachée par les grèves à répétition chez AF, mais la croissance prévue était au ordre de 4-5%. Prenez les chiffres passagers et appliquer cette croissance jusqu’à 2025 et vous verrez.
$dreamliner a commenté :
16 juin 2018 - 12 h 32 min
Possible !!!
Mais il sera 3n 2020 quelque…
Et quelque temps après, LHR se sera deja doté de sa 3eme piste…. et reprendra sa 1er place européenne…
Car cdg possede 4pistes, mais fait moins que Lhr qui en possède 2fois moins…
Avec cette 3eme piste, LHR passera bel et bien la barre de 100Millions de pax avant n’importe quel aero europeen…
Cdb777 a commenté :
15 juin 2018 - 10 h 20 min
« Le principe d’une expension via une troisième piste est quasiment acquis »
Une 3eme piste à LHR, c’est une arlésienne dont on parle depuis 50 ans. Le gouvernement britanique a certes donné son feu vert le 5 juin dernier mais le débat fait rage au sein mêmes du parti conservateur au pouvoir.
L’ancienne ministre des transports tory Justine Greening a déjà annoncé qu’elle ne voterait pas en faveur de l’extension, quitte à s’opposer aux consignes de son parti. Le ministre des affaires étrangères Boris Johnson, qui est député d’une circonscription située à proximité de Heathrow, pourrait, lui, s’abstenir de participer au vote, selon les médias.
Sans compter les multiples recours dont ne se priveront pas les associations ecologistes, les riverains et opposants en tous genre. Sans compter les défenseurs de projets alternatifs comme la construction d’une deuxième piste à Gatwick.
Bref, cette troisième piste à LHR, elle est loin d’etre construite à ce jour.
Si j'ai bonne mémoire.. a commenté :
15 juin 2018 - 11 h 39 min
Ce n’est pas le premier gouvernement britannique à se prononcer en faveur de, ou à donner son feu vert ” définitif” ( forcément!) à la troisième piste à LHR….et ce ne serait pas non plus La première annulation d’un feu vert définitif ou d’une décision formelle” qui pourrait advenir avec le gouvernement suivant!
L’Arlesienne peut encore danser quelques temps…
Lady Gaga a commenté :
15 juin 2018 - 10 h 24 min
Le titre est un peu trompeur…on est qu’au stade de projet
2025 on a le temps de voir venir
alex a commenté :
15 juin 2018 - 10 h 42 min
super! oh oui une base easyjet à Heathrow! ce serait génial!
Spidag a commenté :
5 juillet 2018 - 18 h 36 min
Je pense qu’avoir une seconde piste à Gatwick et une liaison express réelle entre les 2 aéroports seraient mieux qu’une 3eme piste à Heathrow, car on a des longs courriers partant de Gatwick avec des connexions assez compliqué tant pour BA que Virgin Atlantic.
Du coup cela aurait plus de sens …