La crise semble atteindre son paroxysme entre pilotes d'Air Mauritius, qui se disent épuisés par les conditions de travail et la direction, qui avait limogé trois de ses pilotes.
Il y a une dizaine de jours, 11 pilotes de la compagnie aérienne mauricienne tombent malades. Ils se disent épuisés par les cadences intenables, conséquence d’une pénurie de pilotes au sein d’Air Mauritius. Le lendemain, la direction licencie trois d’entre eux. Sans préavis. Il faut dire que le malaise couvait depuis un certain temps au sein d’Air Mauritius puisque deux syndicats de pilotes MALPA (Mauritian Air Line Pilots Association) et AEA (Airline Employees Association) n’ont jamais réussi à faire reculer la direction sur leurs revendications. Selon eux, les reproches sont multiples : embauches de jeunes pilotes via des contrats de travail en contradiction avec les accords d’entreprise (nombre de journées de congés divisé par deux, salaires revus de 25 % à la baisse, etc.), des plannings de vols régulièrement bouleversés au point de priver progressivement les pilotes de leurs repos réglementaires et de leur vie de famille, modifications unilatérales des conditions de travail, etc.
Le SNPL France ALPA et le SNPL Air France ont déploré dans un communiqué les dérives constatées. Pour le principal syndicat de pilotes français, cette situation marque le paroxysme d’un malaise déjà ancien au sein de la compagnie. Le SNPL France ALPA, et tout particulièrement le SNPL Air France, sont plus que jamais inquiets des dérives constatées chez Air Mauritius dans la mesure où les violences sociales exercées par sa direction, avec le soutien des pouvoirs publics, sont de nature à compromettre sensiblement la sécurité des vols. Rappelons que la compagnie mauricienne opère des vols réguliers en partage de code avec Air France.
A ce titre, nos organisations considèrent comme inacceptable de voir des passagers d’Air France transportés par une compagnie méprisant à ce point les droits des individus. A l’instar de l’IFALPA, la fédération internationale des associations de pilotes de ligne, le SNPL France ALPA et le SNPL Air France entendent mettre en œuvre tous les moyens légaux à leur disposition pour faire cesser ces pratiques d’un autre âge.
La sécurité étant au coeur du conflit, la Mauritian Air Line Pilots Association (MALPA) a pris à partie dans une lettre les autorités de l’aviation civile du pays. « Nous pensons qu’il est essentiel que vous soyez informés de nos conditions de travail. (…) Nous volons actuellement jusqu’à concurrencer des heures légales autorisées par an. Ensemble, nous avons accumulé plus de 4 000 jours de congé non accordés. Nous sommes continuellement contactés lors de nos jours de repos pour opérer des vols… Nous craignons qu’avec le traitement actuel des pilotes, la sécurité des vols soit gravement compromise. En tant qu’autorité responsable, nous vous exhortons à examiner la question pour obtenir réparations».
De son côté, la direction réplique que la sécurité des vols est sa priorité absolue : «En ce sens, la compagnie tient à souligner que l’ensemble de ses procédures opérationnelles est régi par une réglementation stricte et fait l’objet d’une surveillance rigoureuse et continue soit par ses services internes, soit par l’autorité de tutelle – le département de l’aviation civile ou encore par des organismes externes tels que l’Association internationale du transport aérien ou ses compagnies partenaires » ajoutant que les « programmes de prévention et de sécurité des vols, de gestion des risques et de formation des équipages en place chez Air Mauritius fonctionnent pour garantir un très haut niveau de sécurité à tout instant ».
La direction a depuis réintégré un des trois pilotes licenciés, le seul qui avait fait appel de sa décision.
DAUMONT Xavier a commenté :
14 octobre 2017 - 19 h 09 min
Ah ! Ça va aller beaucoup mieux si le SNPL Air France intervient !
A330-300 a commenté :
14 octobre 2017 - 19 h 20 min
Ils sont en pénurie de pilotes mais s’offrent le luxe d’en licencier certains … à ne rien comprendre ..
Islander a commenté :
14 octobre 2017 - 19 h 56 min
La Fédération internationale des associations de pilotes de ligne (IFALPA), qui a son siège à Montréal, a été également saisie de l’affaire en vue d’apporter une aide d’assistance mutuelle des associations fédérées à l’Association de pilotes de ligne mauriciens (MALPA).
https://www.ifalpa.org/downloads/Level1/Recruitment%20Bans/18PGA022%20Request%20for%20Mutual%20Assistance%20for%20Mauritius%20ALPA.pdf
Bencello a commenté :
14 octobre 2017 - 23 h 07 min
Quand on a vu les conséquences du mépris que portait Ryanair a ses PNT, les compagnies aériennes de par le monde, au vu de la pénurie mondiale de pilotes, se doivent d’être prudentes. Un départ soudain de ceux-ci peut mettre en danger réel la continuité de l’activité de telle ou telle compagnie.
Frenchpilot83 a commenté :
15 octobre 2017 - 2 h 44 min
Compagnie d’une république qui n’en porte que le nom… Racisme, politique de castes (à l’indienne), voilà ce qu’est l’île Maurice. Rien d’étonnant à ce que des pilotes non-originaires de là-bas s’offusquent des méthodes employées par la direction pour les intimider. Vous pouvez rire en évoquant le SNPL, mais se pose ici clairement la question de la sécurité des vols, dans une entreprise qui refuse d’embaucher malgré les besoins importants en personnels. Ça rappelle Hop qui préfère affreter des avions charter avec équipages allenands, plutôt que de recruter enfin les pilotes nécessaires pour faire voler ses propres avions. Mais cette fois-ci avec des methodes de management inspirées de l’ex URSS.
Welcome to paradise !!! a commenté :
15 octobre 2017 - 5 h 28 min
Le pilote réintégré, un mauricien, n’a pas fait appel, il a écrit une lettre faisant son mea culpa à la direction de la compagnie, mettant en péril les discussions engagées… un bel exemple de solidarité !!!
Mamade Hossen a commenté :
15 octobre 2017 - 10 h 32 min
Le pilote mauricien, pour infos, a écrit cette lettre sous la contrainte. Tous les syndicats – y compris ceux des pilotes et du personnel d’Air Mauritius – ont condamné la façon de faire de la direction. Direction qui a même fait croire que les pilotes touchaient entre 17 500 et 25 000 euros mensuellement. Heureusement que nous les journalistes ne sont pas dupes.
Mevine a commenté :
15 octobre 2017 - 11 h 23 min
Cest honteux. D’origine mauricienne J ai honte de lire et effaré de constater ces agissements.cesy monbeue courante à Maurice de se faire traiter de telle sorte. Il y existe une hypocrisie réelle masquée. Par les dirigeants et et leurs “faiseurs”! Je suis entietemevt dzccird avec Frenchpilot83. Ce qu’il aborde existe réellement et malheureusement. Il faut continuer à taper encore plus fort et plus haut dans cette fourmilière d’une dictature trop persistante et durable. Réclamons le retour de M. MEGH PILLAY. Pour reprendre la manette de commande de MK…
Time is Money a commenté :
15 octobre 2017 - 11 h 35 min
Le principal problème c’est le niveau de salaire des nouveaux arrivants principalement les locaux. Sans assez d’heures de vols, ils n’ont aucune chance de trouver un job. Donc ils vont rester 4-5 Max puis filer à l’etranger.