« C’est une question qu’on me pose assez fréquemment, mais je n’ai jamais eu trop de soucis sur le fait d’être une femme. Je pense que j’ai eu des problèmes identiques à ceux de mes collègues hommes. Peut-être le style est-il différent parce que je suis une femme, mais je ne pense pas avoir moins ou plus de difficultés que les autres. »« La filière autodidacte » Francoise Breuil a eu la révélation lorsqu’elle avait neuf ou dix ans. Cela s'est déclenché lors d’un baptême de l’air en monomoteur avec son oncle qui était pilote privé. C’est décidé, elle deviendra pilote. Pour cela, il existe deux filières. La voie royale est l’Ecole Nationale de l'Aviation Civile (ENAC) à Toulouse. C’est une filière gratuite avec de bons débouchés, notamment avec Air France, mais la sélection est âpre, beaucoup se préparant avec Maths Sup-Maths Spé avant de tenter le concours. L’autre filière est celle des écoles privées, agréées par la Direction Générale de l’aviation civile (DGAC).
« J’ai opté pour cette filière que j'appelle autodidacte, c'est-à-dire celle des écoles privées. Ce sont les mêmes examens que pour les élèves de l’ENAC. La différence, c’est que c’est nous qui le finançons. Cela veut dire que j’ai eu un parcours un peu plus long, six ans au total, le temps d’amasser l’argent nécessaire à ma formation.»Parcours de combattant Il faut compter environ 80 000 euros pour financer une formation, selon elle. Devenir pilote est donc un rude parcours de combattant. Originaire de Montpellier où elle fait un passage en faculté de sciences, elle sera quelques mois pompier volontaire sauvetage en mer, ce qui lui permet de financer la partie théorique du CPL (Commercial Pilot Licence) qu’elle passe à l’université de Perpignan. Avantage : la moitié de la formation est prise en charge par la Région. Elle passe ensuite avec succès le CPL pratique dans une école privée de Montpellier, Méditerranée Air Training. Mais le chemin reste long. Surtout sans financement. Ses parents acceptent de se porter caution pour un prêt à la banque. En 1998, elle part à Houston au Texas pour accumuler des heures de vol, condition absolument nécessaire pour avoir une chance d’être embauchée comme pilote.
« Notre CV, c’est le nombre d’heures de vol. J’ai donc accumulé de l’expérience ».L’heure de vol sur bimoteur était à l’époque bien moins cher aux Etats-Unis comparativement à la France, 900 francs (137 euros) contre 1 400- 1 500 francs (environ 220 €) dans l’hexagone. En trois mois, elle passe tous les examens du CPL IFR (Instrument Flight Rules) ou vol aux instruments. Elle allie l’utile à l’agréable en parcourant le sud des Etats-Unis (Floride, Texas, Louisiane, Virginie) sur un Beechcraft 55. « Ce n’était pas mon but de rester dans un aéroclub » De retour en France après trois mois intenses, elle est embauchée comme instructeur sur vol en simulateur dans une école privée de Montpellier. Mais Françoise Breuil ne souhaite pas stagner. Elle comprend que l’évolution de sa carrière comme pilote dans une véritable compagnie aérienne passera par l’acquisition d’une Qualification de Type (QT), une formation technique qui donne le droit à son titulaire de piloter un certain type d’appareil. Cette QT coûte entre 20 000 et 30 000 €, mais elle avoue « ne pas être à cela près, vu les sommes investies. »
« Ce n’était pas mon but de rester dans un aéroclub »Pilote chez Hop ! Airlinair Nous sommes dans les années 2000. A cette époque, la compagnie aérienne régionale Air Littoral, basée à Montpellier et qui exploite des ATR, existe toujours. Une nouvelle compagnie Airlinair exploitant aussi des avions turbopropulsés, vient d’être créée un an plus tôt par Lionel Guérin. Elle opte donc pour une QT sur ATR dans le centre Icare de Morlaix plutôt que sur A320 ou B737. QT en poche deux mois plus tard, chômage, et retour en aéroclub. Elle envoie des CV à différentes compagnies aériennes ayant des ATR. Excepté une audition auprès de Crossair, compagnie suisse, elle reste sans réponse pendant 8 mois. Puis trois compagnies Airlinair, Air Littoral et Air Atlantic se montrent intéressées pour qu’elles passent des tests de sélection. La première tentative est la bonne, c’est Airlinair (aujourd’hui Hop ! Airlinair).
« C’était une compagnie déjà en plein essor. »A partir de 2001, elle sera co-pilote sur ATR, puis instructeur SFI (Synthetic Flight Instructor) ou sur simulateur, ground instructor et en 2005, elle gagne des galons en devenant commandant de bord sur ATR-72-500. Elle est aussi devenue officier de sécurité des vols, c’est-à-dire qu’elle analyse tous les événements indésirables survenues dans cette compagnie, du plus petit dysfonctionnement à de plus importants comme un pneu qui éclate, voire des problèmes de moteurs ou une sortie de piste. L’ATR Ce type d’appareil fonctionne sur le même principe thermodynamique que les avions à réaction, mais le turbopropulseur réutilise l’énergie produite à la sortie des turbines pour, en plus, entraîner l’hélice. Concrètement, l’avion est tracté vers l’avant, et non plus simplement poussé par l’arrière. Il en résulte une moindre déperdition d’énergie, d’où un besoin réduit en carburant. Son coût de maintenance est aussi moins élevé. En revanche, au niveau performance, il a le désavantage d’être moins rapide qu’un avion à réaction, ce qui aura des conséquences sur les trajets qui lui sont dédiés. Un avion aux performances optimales sur 600 km
« L’ATR est un avion très économique en consommation carburant, environ deux fois moins gourmand qu’un avion à réaction. Ceci dit, il faut aussi mettre en avant que si on est très compétitif sur des parcours de l’ordre de 600 km. Ensuite, le jet a aussi l’avantage de faire gagner du temps de vol. C’est donc un compromis permanent entre le temps de vol pour le passager et le carburant. Tant qu’on reste autour de 600 km, soit une heure ou une heure et quart de vol, l’ATR est très bien positionné. Au delà, on laisse la place à nos collègues. C’est pour cela qu’il reste toujours intéressant d’avoir plusieurs types d’avions selon les trajets à effectuer. »Depuis 2008, Françoise Breuil est en liste d’attente, suite à un concours réussi au sein d’Air France. Mais la période n’est pas propice au recrutement chez Air France, engagée dans une profonde phase de restructuration. Mais si jamais un jour, la compagnie re-décollait vers la croissance… la poursuite de son rêve de femme pilote serait de voler sur des long-courriers, pourquoi pas sur A380 ou B777.
Raph a commenté :
12 mai 2013 - 23 h 25 min
FrançoisE, pas François…premier paragraphe!
Joli Madame, et bons vols à vous.
Joël Ricci a commenté :
13 mai 2013 - 0 h 06 min
Rouge de confusion pour la Jolie Madame 🙁
Rantanplan a commenté :
12 mai 2013 - 23 h 46 min
Quand on pense que dans le Golfe (donc pays musulmans avec les droits de la femme que l’on aiment rabacher en France) on voit presque plus de femmes pilotes qu’en France et sur des machines comme le 777,380 justement, je me dis que la France est en retard sur tout.
Bravo a Françoise mais triste de reconnaitre que dans ma carriere, des femmes pilotes j’en ai rencontré pas mal (CDB et Copi), mais peu dans l’hexagone, d’ou cet émerveillement ici, presque condescendant.
Loumé a commenté :
13 mai 2013 - 6 h 25 min
Merci pour ton humour !
Bernard a commenté :
13 mai 2013 - 8 h 17 min
Honte partir aux States pour voler moins chère.Il faut dire que moi aussi, j’ai eu ce parcours à une époque.Bravo Françoise, encore au moins 2 à 3 ans, tu auras la possibilité de piloter un plus gros (A320,A380, voir le B777).
Quand à nos écoles de Montpellier, Paris, et autres plateformes, pour être pilote PRO, elles sont à la hauteur, mais hélas trop chère, même si les options sont grandes.La Belgique est moins chère, en Europe.
Et si vous avez cette passion de voler, il vous reste FSX ou X-Plane, pour commencer devant votre écran, les première folles aventures, j’ai bien ma petite fille(11 ans), qui passe au moins 8 heures par semaine à piloter un DR400 en simulation, avec mon concours pour les autres aspects de navigation.
Et en plus elle s’appelle Françoise, que du bonheur.
Pour le reste, il fait toujours beau à Toulouse !!!!!!
capitaine93 a commenté :
13 mai 2013 - 14 h 44 min
Non,
Honte au plutôt système Français qui n’encourage aucunement la formation de pilote!
Exemple tout con sur la Belgique à côté, près de 2 fois moins chère!
Avec les sélections à la con de l’ENAC! Même avec un PPL en poche, t’es pas sûr d’être pris.
Tu veux apprendre moins cher? Faut te rendre aux USA / CANADA mais, retour en France, c’est pas gagné car t’as encore des modules théoriques + un training qui t’attendent….donc faut grater ailleurs, l’Afrique…
Bons nombres de mes anciens collègues sont passés par le CANADA.
Pourtant c’est pas qu’il nous manque des écoles ni les moyens en France…
Bernard a commenté :
13 mai 2013 - 15 h 17 min
Capitaine93, tu as raison à 90% …. même un pilote de l’Armée de l’Air, qui pilote un gros, à de la peine à retrouver un job, pour les 10/15 ans qu’il lui reste avant de prendre sa retraite, j’en connais …. alors nos jeunes, exemple mon fils ainé, faire de l’avion taxi 6 mois au Canada-Alaska, et le reste aux States, vers le Texas, car sa compagnie est bien bonne.
Mais il fait toujours chaud et beau à Toulouse.
Flagoo a commenté :
13 mai 2013 - 18 h 21 min
“beaucoup se préparant avec Maths Sup-Maths Spé avant de tenter le concours.”(ENAC)
C’est un sacré raccourci ! Le concours EPL était (est ?) niveau bac+1 (donc Maths Sup, par exemple) et la “prépa” elle-même ne prépare en rien à ce concours, si ce n’est d’acquérir le niveau d’études requis. Des stages de préparation privés pendant les vacances scolaires pour préparer les tests psychomoteurs étaient indispensables pour les plus motivés…
Henry a commenté :
4 octobre 2015 - 3 h 24 min
Si seulement un pilote pourras m’aider à payer ma formation et de la rembourser à l’obtention du travail pour être pilote en ATR OU PLUS c’est mon rêve que quelqu’un le fasse merci
M agnès balu a commenté :
13 novembre 2018 - 10 h 21 min
Bonjour à vous.Votre oncle était-il pilote aux antilles, ds les années1990.Si oui, je l’ai bien connu, il a appris à mon mari à se poser ds la baie de st jean, à st barth…Répondez- moi, merci