« Cette passation de consignes est une phase cruciale pour bien entamer sa prise de fonctions ».« On récolte mais surtout on fiabilise cette information brute » Le PC d’Orly (aussi appelé PC plateforme) ressemble à un poste « Bison futé » des airs. Il détecte tout soubresaut de l’activité aérienne, et tout incident ou paramètre susceptibles de l’impacter.
« Notre rôle est de faire de la veille active, c’est-à-dire de collecter, centraliser, analyser toutes les informations pouvant impacter l’état du trafic aérien, en générant par exemple des retards ou des annulations de vols. On récolte mais surtout on fiabilise aussi l’information. Il peut être nécessaire de la vérifier, de la faire recouper au travers de plusieurs sources. De plus, elle n’est pas figée. Elle évolue. Une réduction des capacités, pour une raison ou une autre, prévue théoriquement jusqu’à midi, peut s’interrompre avant ou se prolonger dans le temps. A nous alors d’en anticiper les conséquences », explique Sophal.Des informations pertinentes Si les informations sont pertinentes, Sophal les fait remonter aux responsables terrain des différentes unités opérationnelles, Orly en possédant cinq : Terminal Ouest, Terminal Sud, les Aires aéronautiques, Parcs et accès (entre autres le réseau routier) et Energie.
« Toutes les informations pertinentes sont celles qui impacteront l’activité d’une de ces cinq unités. »Ces dernières réagissent aux situations particulières en prenant des mesures en conséquence et renvoient l’information à leur tour aux différents acteurs concernés : passagers et/ou leur entourage, compagnies aériennes, travailleurs in situ… Les informations collectées concernent souvent la météo (neige, vent, brouillard, orage…). La météo suivie est celle de l’Île-de-France mais aussi celle de toutes les villes dans le monde desservies depuis Paris Orly, par exemple celle de la côte est des Etats-Unis (OpenSkies dessert Newark depuis Orly). Les annonces de grève sont aussi soigneusement répertoriées en raison de leur impact évident sur le trafic, ou encore le moindre incident sur les accès menant à Orly (réseau routier, Orlyval, RER), mais aussi la situation politique des pays desservis (par exemple les manifestations en Tunisie, une panne de radar sur un aéroport, des travaux en cours sur l’aéroport, un dysfonctionnement quelconque… Trois audioconférences par jour Pour ce faire, Sophal qui travaille en binôme avec une assistante coordonnatrice, possède plusieurs outils dont le CFMU (Central Flow Management Unit), créé par l’agence européenne Eurocontrol, qui planifie de façon centralisée les volumes de trafic dans sa zone de responsabilité. Deux grands écrans TV alertent en permanence de l’état évolutif de la météo et sur l’état du trafic sur Orly. D’autres écrans diffusent les images de caméras disséminés sur l’aéroport ainsi que les images d’une chaîne TV d’infos en continu. Le responsable du PC se connecte régulièrement à Internet et aux sites aéronautiques, y compris Air Journal. Trois audioconférences par jour, à 8 h, à 15h30 et 21h30 sont organisées afin de passer l’information aux différents acteurs concernés, responsables opérationnels, gendarmerie du trafic aérien, centre de commandement de la police aux frontières. Les compagnies aériennes sont également conviées. A la fin de sa journée, Sophal rédige une synthèse qui sera adressée à de hauts responsables opérationnels, y compris à la direction générale d’Aéroports de Paris. 4 types de situation Quatre types de situation sont répertoriés. La situation dite « normale » comme ce 12 février. Puis celle de « veille renforcée » avec des situations exceptionnelles et localisées (comme par exemple le récent mouvement social en Tunisie) pouvant avoir un impact à plus ou moins court terme sur les opérations d’Orly. Vient ensuite la « situation dégradée », qui peut être générée par un épisode neigeux par exemple. Et enfin, la situation de « crise », qui est celle impactant fortement le trafic (à hauteur de 50 %). Le PC d’Orly dispose dans ce cas précis d’une vaste salle de crise, avec grande table ovale et postes de travail individuel, capable d’accueillir plus d’une vingtaine de personnes. Une crise majeure (cas type d’un accident d’avion) nécessitera la présence d’un préfet, mais cette situation extrême n’est encore jamais arrivée dans la carrière de Sophal, précise-t-il. Une création récente qui a permis de gagner en efficacité Le PC a été créé en 2004 à l’aéroport Paris Charles de Gaulle. Celui de Paris-Orly existe depuis le 20 juin 2011. Ces créations récentes ne signifient pas que la collecte d’information n’existait pas auparavant, mais elle se faisait de façon plus empirique et moins centralisée, sans échange continu avec les différents acteurs qui contribuent au bon déroulement des opérations. De ce fait, l’information pouvait se révéler incomplète. La création du PC orly a permis de gagner en efficacité. Il offre un véritable outil d’aide à la décision pour les Directeurs de permanence plateforme (DPP) lors de situations dégradées. Il n’y a pas d’écoles type pour devenir responsable opérationnel. BTS tourisme (spécialisé en relations clients et techniques de vente) en poche, Sophal a d’abord été responsable hébergement d’un hôtel avant de devenir auditeur qualité pour ce groupe hôtelier. Il intègre Aéroports de Paris en 1998 en tant qu’agent d’enregistrement, puis responsable des vols en 2000 à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Il profitera de la création du PC sur cet aéroport en 2004 pour devenir coordonnateur, puis responsable opérationnel au PC Orly. Il a une rémunération brute mensuelle d’environ 2 000 €, hors primes ancienneté et autres –compter dans ce cas plusieurs centaines d’euros bruts supplémentaires par mois.
« Ce qui me plait dans ce métier, c’est la possibilité de disposer d’une vision globale de l’activité aéroportuaire de par la diversité des informations qu’on peut collecter et l’enrichissement personnel au travers des échanges avec beaucoup d’autres métiers. J’aime aussi beaucoup la partie rédactionnelle qui fait appel aux capacités de synthèse. »
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