L'Organisation Mondiale du Commerce, appelée à décider si le constructeur Boeing touchait des subventions illégales de la part des Etats-Unis, a confirmé en appel l'existence de ces aides, tout comme elle avait jugé l'Union Européenne et Airbus coupable des mêmes faits. On n'en a pas fini avec la guerre des mots sur le sujet des subventions, l'Europe et les Etats-Unis continuant de s'entraccuser d'aides illégales à Boeing et Airbus. Ce dernier a crié victoire hier, expliquant que l'arrêt de l'OMC "confirme et élargit la portée de la condamnation prononcée par l’OMC sur les subventions massives et illégales octroyées à Boeing", estimant son préjudice à 45 milliards d'euros. Et d'ajouter que le 787 Dreamliner est "l'appareil le plus lourdement subventionné de l’histoire de l’aviation". Airbus ajoute que Boeing a déjà reçu "au moins 5,3 milliards de dollars" d’aides des contribuables américains, jugées illégales, et devrait percevoir à l’avenir plus de 2 milliards de dollars supplémentaires versés par l’Etat et l’administration fédérale dans le cadre d’un plan d’aide publique illégal." Des subventions dont l'effet va "bien au-delà de leur simple valeur nominale, en raison de leurs multiples implications", et qui entraînent une "distorsion totale de la concurrence au sein de l’industrie aéronautique et sont directement responsables d’importants dommages subis par l’industrie aérospatiale européenne". Airbus cite pour preuve huit programmes d'aides à la recherche de la NASA, 23 du ministère de la défense américain ou 500 millions de dollars versés par le Kansas… Le son de cloche est évidemment différent chez Boeing, qui insiste sur le fait que "le soutien apporté par le gouvernement américain, tant par son montant, ses effets et sa nature, est minime en comparaison des subventions massives versées par l'Union européenne à Airbus", soit environ 3 milliards de dollars contre 18 pour le concurrent européen. Boeing affirme que l'OMC a rejeté les deux-tiers des réclamations de l'UE selon lesquelles Airbus aurait perdu des parts de marché, et accuse l'Europe de ne pas avoir suivi les recommandations de l'OMC, en particulier sur le programme A350. Les deux rives de l'Atlantique ont désormais six mois pour se mettre en règle avec les décisions de l'OMC. En attendant, les deux constructeurs continuent de prédire des années mirifiques en nombre d'avions commandés de par le monde. Après une année 2011 "remportée" haut la main par l'A320neo, 2012 devrait être celle du 737 MAX