La commande record de 230 avions moyen-courriers Boeing par la compagnie indonésienne Lion Air a stupéfié les analystes et reste à analyser en profondeur. Tout d’abord, la machine médiatique s’est un peu emballée rapidement : la commande record de 230 Boeing 737 (dont 210 B737 MAX) n’en est pas encore une, puisqu’il ne s’agit que d’engagements d’achats. Tant que l’accord d’un montant de 21,7 milliards d’euros n’est pas finalisé par un contrat de commandes fermes, il ne pourra donc être crédité dans les ventes de Boeing à la fin de l’année. Mais plus que ce point technique, courant dans le monde de l’aviation, c’est la personnalité de Lion Air qui intrigue. Preuve est faite aujourd’hui que son inscription sur la liste noire de l’Union européenne ainsi que de celle de l’Aviation civile américaine de cette compagnie indonésienne, ne l’a pas empêché de montrer son énorme ambition. La non-transparence de ses finances  et la question du financement d'une commande record sont plus inquiétantes. Lion Air ne publie pas ses comptes et on ne connaît ni son chiffe d’affaires, ni son bénéfice. Elle a annoncé en 2001 une introduction en bourse de 30 % de son capital en 2012, pour lever un milliard d’euros. Ce sera largement insuffisant pour  financer les 21,7 milliards des derniers engagements de commandes. Créée en 1999 par les deux frères Kusnan et Rusdi Kirana, Lion Air, est devenue la première compagnie privée d’Indonésie, un marché prometteur comptant aujourd’hui 240 millions d’habitants avec une progression du trafic de 25 % par an. Outre le marché du Sud-est asiatique, elle compte se développer en Inde, en Chine et en Australie.