La compagnie aérienne Air France a pris la tête d'une nouvelle guerre du Golfe, celle qui oppose les compagnies aériennes européennes et américaines à leurs rivales du Moyen Orient. Le nœud du problème est connu: la distribution de créneaux d'atterrissage dans les grands aéroports européens aux compagnies du Golfe, en particuliers Emirates, Etihad et Qatar Airways, qui bénéficient de conditions économiques bien plus avantageuses que leurs rivales européennes, que ce soit par les aides à l'exportation ou par le soutien financiers de leurs états (prix du carburant et des taxes d'aéroports). Le patron d'Air France Pierre-Henri Gourgeon a pris la tête de la "révolte", organisant une réunion avec British Airways et Lufthansa afin de préparer un plan commun avec leurs homologues des USA pour en particulier mettre fin à la "distorsion" des aides à l'exportation. Europe et Etats-Unis interdisent depuis 20 ans les garanties de crédits aux compagnies des cinq pays où les avions d'Airbus et Boeing sont construits (USA, France, Allemagne, Grande Bretagne et Espagne), alors que les compagnies des autres pays ont elles accès à des crédits moins chers puisque garantis. Or d'après Gourgeon, "l’Europe est au carrefour du trafic aérien mondial et c’est notre rôle de la valoriser et de la défendre quand son statut est mis en danger (par les compagnies du Golfe). Nous avons besoin d’une stratégie qui nous donne une chance de résister". L'attaque a reçu une réponse immédiate du président d'Emirates Tim Clark, qui rappelle que la fusion d'Air France et KLM a créé une compagnie en position dominante sur l'Europe, et estime que l'idée que des emplois disparaitraient à cause des compagnies du Golfe est absurde. Mais l'échec récent des discussions entre Emirats Arabes Unis et Canada sur de nouveaux droits d'atterrissage au Canada montre que la guerre politico-commerciale ne fait que commencer.