La compagnie aérienne Thai Airways a annoncé la démission « pour raisons de santé » de son président Sorajak Kasemsuvan, un peu plus d’un an après sa nomination. Le président de la compagnie nationale de Thaïlande quittera officiellement ses fonctions le 2 janvier 2014, ayant présenté sa démission après que les médecins lui ont recommandé « deux ou trois mois de congé » pour se reposer d’un mal non précisé. Il perdra évidemment ses positions dans les conseils d’administration des filiales Nok Air et Thai Smile. Une démission acceptée par le conseil d’administration, poursuit le communiqué de Thai Airways qui souligne l’impact potentiel d’une absence aussi longue pour la compagnie et la « diligence » avec laquelle M. Sorajak a accompli sa tâche depuis son arrivée en octobre 2012. Le chairman Ampon Kittiampon a été moins discret : le président a des « problèmes de nerfs », a-t-il déclaré au quotidien Bangkok Post. Le départ de M. Sorajak faisait l’objet de rumeurs depuis plusieurs semaines, notamment après les mauvais résultats de la compagnie de Star Alliance. La confiance lui avait pourtant été renouvelée en octobre, malgré l’annonce d’une perte nette de 188 millions d’euros au deuxième trimestre contre 33 millions à la même époque l’année précédente. Des résultats imputables au moins en partie au renchérissement du dollar face à la monnaie locale et donc du prix du carburant, les résultats ayant progressé de 1,9% dans le même laps de temps (Thai Airways avait dégagé un bénéfice net de 139 millions d’euros en 2012). Comme pour son prédécesseur, la démission de M. Sorajak a été condamnée par les syndicats de Thai Airways. Officiellement nommé le 13 septembre 2012, il était auparavant dirigeant du groupe média MCOT, détenu par l’état, avait été vice-ministre aux Affaires Etrangères sous l'administration Thaksin - et n’avait aucune expérience dans le monde aéronautique. Ce qui n’est pas un problème à Thai Airways où le véritable pouvoir est entre les mains de son actionnaire principal, le ministère des finances, le président devant surtout faire preuve de beaucoup de diplomatie pour naviguer entre les exigences de l’état, du conseil d’administration, des syndicats – et des passagers. C’est justement ce manque de diplomatie, voire une exigence d’indépendance qui avait coûté sa place à son prédécesseur Piyasvasti Amranand. Reconnu aussi bien pour sa franchise atypique que pour son parcours professionnel exemplaire, il avait été viré le 21 mai 2012 : officiellement pour des « problèmes de communication », le ministère expliquant ensuite qu’il aurait dû lui soumettre les commandes d’avions (92 Airbus et Boeing au total à l’époque, à livrer d’ici 2022). Les accusations de favoritisme politique avaient volé de toute part (sa femme est députée de l’opposition), M. Piyasvasti s’était de son côté d’expliquer comment la corruption fonctionnait au sein de l’entreprise… Le futur président n’aura pas la tâche facile : Thai Airways affichait en octobre une baisse brutale de son coefficient de remplissage à 71,1% (76,7% en novembre 2012), et la situation politique en Thaïlande risque de mettre à mal les arrivées de touristes en cette haute saison cruciale (1,76 millions de passagers en novembre pour Thai, -5,9%).