La chambre territoriale des comptes de Tahiti vient de dévoiler son rapport sur la mauvaise gestion de 2008 à 2011 d’Air Tahiti Nui : instabilité au conseil d’administration, pas de couverture de change dans sa politique d’achat du carburant, flotte surdimensionnée… Le premier reproche fait à Air Tahiti est son manque de stabilité à la direction –quatre PDG différents se sont succédés en 4 ans et cela continue aujourd’hui avec la nomination le 11 octobre au poste de PDG de Michel Monvoisin - entraînant de mauvaises décisions et un manque de réactivité. « Les quatre années sous contrôle se caractérisent par une forte instabilité au sein du conseil d’administration, notamment en ce qui concerne les administrateurs publics, instabilité qui a aussi contribué au manque de réactivité constaté au niveau du pilotage de l’entreprise », explique le rapport. « Ce manque de réactivité a eu des conséquences importantes, comme l’inutile renouvellement de la location d’un avion en 2008, les difficultés à vendre un avion surnuméraire, l’entrée dans une des grandes alliances internationales ou la couverture du risque carburant. » Le résultat chiffré fait d’Air Tahiti une compagnie déficitaire avec des pertes cumulées de 75 millions d’euros entre 2008 et 2011. Le renouvellement du contrat de location d’un avion en septembre 2008 est aussi vivement critiqué. « Cette décision constitue une erreur stratégique importante, que la compagnie continuait de payer au prix fort à la fin de l’année 2012 », le rapport mettant en avant des conflits entre volonté politique et contraintes économiques. « La volonté de conserver cinq avions dans la flotte, tout en réduisant le réseau d’ATN, illustre la difficulté qu’il y a à vouloir unir dans une même décision les volontés politiques de développement de l’offre de sièges et les contraintes économiques d’une entreprise. » Enfin, l’absence de couverture dans l'achat de son carburant lui a coûté 34 millions d’euros, soit près de la moitié de ses pertes cumulées. « Sans cette charge, (la compagnie) aurait d’ailleurs pu déclarer des comptes largement bénéficiaires en 2009 », appuie le rapport. En conclusion, le rapport incite Air Tahiti Nui à achever la « mutation de son modèle économique », et notamment statuer sur la poursuite de la liaison vers Tokyo au Japon, revoir sa politique de couverture des risques de change, réduire enfin sa flotte surdimensionnée, et aussi revoir sa politique de fret grâce à son informatisation, ou sa politique de de billets à gratuité partielle (les fameux GP) qui ont cependant été à la baisse ces dernières années.