"Une bonne compagnie low cost (...) qui ne rogne pas sur les coûts liés à la sécurité sera meilleure qu’une « major » traditionnelle ou qu’une compagnie charter qui souffrent d’une culture de sécurité des vols défaillante."Votre livre s’intitule « Ces avions qui nous font peur ». N’est-ce pas provocateur alors qu’on a coutume d’affirmer dans le milieu que l’avion est le moyen de transport le plus sûr de nos jours ? François Nénin : "Le titre de mon livre évoque l’existence d’une aviation à deux vitesses : il existe fort heureusement encore des compagnies qui érigent la sécurité des vols comme principe fondateur et ne transigent pas avec ce pacte de confiance noué entre elles et les passagers. Mais une autre partie du transport aérien, en crise, est traversée par des pratiques visant à réduire des coûts qui sont normalement incompressibles, comme la maintenance, le repos des équipages, la formation et l’entraînement. Les compagnies low cost ont introduit une culture de la réduction des coûts que toutes les compagnies veulent maintenant imiter en créant leur filiale low cost mais en feignant d’oublier que le transport aérien coûte cher. Par ailleurs, les lobbies de l’aérien nous manipulent en avançant des statistiques faussées – qui par exemple omettent les nombreux accidents d’avions de conception soviétique - et en oubliant de dire que l’avion est le moyen de transport le plus sur, mais à égalité avec le train." Oui. Mais n’y a-t-il pas de moins en moins d’accidents d’avion, notamment en Europe ? Et pour le reste du monde, nous avons la liste noire européenne, c’est-à-dire de toutes les compagnies aériennes interdites dans l’Union Européenne, non ? F. N. : "Soyons clairs : il y a environ 90 accidents d’avion (destruction de coque) par an. Ce n’est pas négligeable pour un secteur que l’on présente comme étant si sûr ! Cela représente tout de même deux crashs par semaine. La liste noire a le mérite d’exister en dépit de son aspect « passoire ». Elle n’interdit que les compagnies ayant demandé des droits de trafics à l’Europe. Or, il existe les compagnies de bouts de ligne, celles qui ne se posent jamais sur les aéroports européens mais que tout touriste européen peut néanmoins emprunter depuis son lieu de destination, et sans savoir qu’elle est dangereuse. Lorsqu’on a demandé au président de la compagnie indonésienne Lion Air qui a récemment acheté 234 Airbus ce qu’il pensait de l’inscription de sa compagnie sur la liste noire, il a répondu : « je m’en fiche ». Cela en dit long sur le mépris de certaines compagnies pour les instances de contrôle. Par ailleurs il est évident que certaines compagnies ont parfois usé de chantage à la vente d’Airbus pour ne pas figurer sur cette liste jugée infamante." Quelles sont les régions les plus risquées pour y prendre l’avion ? F. N. : "Selon les continents, nous ne sommes pas tous égaux devant l’insécurité aérienne. L’organisation internationale de l’aviation civile (OACI) effectue des constatations et relèvent des infractions. Cette approche régionale est pertinente car, plus que les compagnies elles-mêmes, ce sont les autorités de contrôle des pays qui, selon leur degré d’organisation et de capacité à surveiller leurs compagnies, sont des excellents indicateurs. La moyenne mondiale est de 1,56. L’Afrique occidentale et centrale enregistre un taux de 3,48 (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Congo, etc). L’Afrique orientale et australe elle, est à 2,96 (Afrique du Sud, Angola, Botswana, Burundi, Comores, Djibouti, etc.) l’Amérique du Sud n’est pas loin derrière avec 2,28 et nous avons ensuite le Moyen-Orient avec 2,13 (Afghanistan, Arabie Saoudite, Bahreïn, Chypre, Égypte, Émirats arabes unis, Iran, etc.). Il n’y a pas d’indicateur connu pour les pays de l’ex bloc soviétique mais on sait que cette aviation obsolète utilisant des avions qui ne bénéficient pas des apports de la technologique moderne enregistre beaucoup d’accidents." Les compagnies low cost sont-elles moins fiables que les compagnies traditionnelles ? F. N. : "Une bonne compagnie low cost qui appuie son modèle économique sur un seul type d’avions, sur l’optimisation des taux de remplissage et sur les services payants à bord, mais qui ne rogne pas sur les coûts liés à la sécurité sera meilleure qu’une « major » traditionnelle ou qu’une compagnie charter qui souffrent d’une culture de sécurité des vols défaillante." Et Ryanair ? Un syndicat anonyme de ses pilotes nommé Ryanair Pilot Guild (RPG) dénonce des méthodes de management au détriment de la sécurité des vols. Pourtant, Ryanair n’a encore eu aucun accident notable en 29 ans de carrière, comme aime à le rappeler sa direction… Cette compagnie présente-t-elle un risque sécuritaire ? F. N. : "Clairement oui Depuis 2005, une pratique dangereuse est dénoncée par des organisations professionnelles. Cela fait plusieurs années que Ryanair joue avec le feu, à partir d’un principe simple « emporter moins de kérosène pour être moins lourd et donc… consommer moins ». Et cela en toute légalité…Chez Ryanair, il y a une “fuel league”, c’est un truc très pernicieux. Un peu comme les entreprises, américaines qui sanctifient “l’employé du mois”, la “fuel league” est publiée chaque mois sur Internet : elle met en avant le commandant de bord qui a emporté le moins de carburant sur le mois. Inversement, celui qui a emporté le plus est montré du doigt. ». il n’y a pas d’accident mais des incidents, oui. Le 21 mars 2008, un Boeing 737-800, en provenance de Charleroi (Belgique), s’est posé dans des conditions météorologiques rendues difficiles par les rafales de vent et la pluie. Pour des raisons indéterminées, les pilotes n’ont pas réussi à s’arrêter en bout de piste, leur avion allant s’embourber sur quelques mètres dans les champs. Ce jour-là, les pilotes ont-ils posé l’avion coûte que coûte, au plus vite, parce qu’ils n’avaient plus de réserves pour se dérouter ou pour se mettre sur un circuit d’attente pour de meilleures conditions ? Le doute est permis !" La compagnie Air France a connu plusieurs incidents à répétition ces dernières années, avec pour ne parler que des plus graves, celui du crash du Concorde en 2000, celui du vol Rio-Paris en 2009 ou encore l’A340-300 qui a pris feu après une sortie de piste en août 2005 sur l’aéroport international Pearson de Toronto au Canada. Que penser aujourd’hui de la sécurité des vols au sein de la compagnie française ? Etait-elle déficiente plus qu’au sein d’autres compagnies aériennes ? Est-elle aujourd’hui en progrès ? F. N. : "Les statistiques parlent d’elles même : 22 crashs depuis 1950 ayant occasionné la mort de 1 250 personnes, le site planecrashinfo.com place en Europe Air France à la 22e place pour la sécurité des vols sur 24, juste avant Turkish Airlines et Aeroflot. Air France traverse une crise touchant la sécurité des vols qu’elle s’est engagée à résoudre. La compagnie est aussi concernée par des incidents aberrants, des crashs évités de justesse qui sont la résultante d’un vrai problème de compétence de certains pilotes, et de déviance comme le note un rapport de janvier 2011, mais aussi de commandement fort à la tête de la compagnie, dans laquelle il règne une forme d’ impunité. Il faut réagir, la compagnie ne survivrait pas à un nouvel accident !" Vous parlez aussi d’omerta dans le milieu aérien. Y a-t-il encore des choses qu’on nous cache concernant la sécurité des vols ou lors d’enquêtes sur les crashs comme celui aujourd’hui de l’AF 447 ? F. N. : "Il est évident que le Bureau Enquêtes Analyses devrait, comme aux Etats Unis avec le NTSB être rattaché directement à l’Assemblée Nationale ou à un bureau européen, mais certainement pas au ministère des Transports dont le rôle est entre autres de défendre notre industrie aéronautique. Quant à la justice, je livre le témoignage d’un juge d’instruction courageux, le juge Sengelin, qui après le crash d’Habsheim en 1988, en plein lancement de l’Airbus A 320, m’a déclaré avoir subi des pressions du gouvernement. Avec l’omerta, règne aussi une certaine vendetta : malheur à celui qui dit la vérité sur ce secteur !" Propos recueillis par Joël Ricci pour Air Journal * "Ces avions qui nous font peur", avril 2013, 350 pages, 19,90 € aux Editions Flammarion
Publié le 5 novembre 2024 à 20h00
DIPRI a commenté :
1 juin 2013 - 14 h 16 min
D’où est ce qu’il tient ce chiffre de 90 accidents par an ce clown? Il confond les chiffres réels avec les prévisions de l’IATA à la fin des années 90. Sauf que la sécurité aéronautique est en amélioration constante.
Qu’il vérifie ses chiffres avant de publier des âneries de ce genre qui n’ont pour but que d’exacerber la peur des personnes qui achètent ce genre de livre pourris.
flight level 370 a commenté :
1 juin 2013 - 14 h 34 min
Perso oui ! AF me fait peur ! Boooooooooooooooooo !
(Le faux)TRUCMUCHE a commenté :
1 juin 2013 - 20 h 08 min
Ces journalistes qui nous font peurs.
J’aimerais tant lire ce livre qui parlerait de ces journaleux qui n’hésite pas a faire appel à des témoignages de sources foireuses faisant partie de la catégorie des fortes têtes et autres incompétents tant montrée de doigt. Il n’hésite pas a les mettre en scène au simu dans une démonstration gignolesque ayant pour but de montrer la soit disant incompétence de leurs ex-collègues ( merci H.L pour ce grand moment). Ou alors allant chercher un soit disant ex-chasseurs ( y a le mauvais et le bon chasseur) mais aussi écrivain nous faisant une jolie démonstration de sortie de décrochage à 3000ft sur un avion sur-motorise…. Merci JPO de nous avoir fait rire jaune….
Hélas si il y a un fond de vérité, les démonstrations proposées ne sont que syllogismes. Quant on a pas l’étoffe d’un Stephen King on écrit du Nenin ou de l’Amadeo.
Fredmorel a commenté :
2 juin 2013 - 5 h 53 min
“22 crashs depuis 1950”, je suis aller compter, alors c’est sur que si on considere les détournements d’Alger, la prise d’otages d’Entebe comme des crashs, on arrive bien à 22 en 60 ans, mais il aurait pu aussi comptabiliser les crashs depuis 1930, le chiffre aurait été encore plus impressionnant.
En bref, Nenin continue à faire du Nenin….
An1973 a commenté :
3 juin 2013 - 9 h 56 min
La desinformation … quel dommage pour tous ses lecteurs qui le croyront!
Colin a commenté :
5 juin 2013 - 8 h 31 min
Avec ces commentaires d’une rare intelligence, nous assistons à la désinformation habituelle, destinée à semer le doute avec des arguments mensongers, et sans doute distillés par les “opinion web” de la compagnie tricolore, ces bons petits soldats à qui l’on demande de lâcher le minimanche de leur A320 pour le clavier : dans les 22 crashs d’Air France depuis 1950, ni le raid d’Entebe de 1976, ni le détournement d’Alger de 2003 ne sont comptabilisés. Seuls les crashs aériens ayant entraîné une destruction de coque sont enregistrés : il y en bien 22 depuis 1950. Ce qu’il y a de bien avec ce genre de statistiques, c’est qu’elles sont incontestables… Quand la compagnie aura définitivement coulé parce qu’un nouveau crash a eu lieu, ce sont 69 000 employés qui seront sur le carreau.
Quant aux stats mondiales, il y a bien une moyenne de 90 à 100 accidents aériens par an, avec une proportion de 25 % mortels…
Que les autorités de contrôle fassent leur travail et que les compagnies aient comme objectif premier la sécurité des vols, et il n’y aura nul besoin d’écrire ce genre de livres.
CQFD
(Le faux)TRUCMUCHE a commenté :
8 juin 2013 - 15 h 47 min
J’aime ton autosuffisance Colin, CQFD ne s’écrit qu’à la fin d’une démonstration….or, je n’en vois point ! Ne serais tu pas journaliste? Nous pourrions aussi écrire nos livres sur les comportements scandaleux de cette corporation à bord..de ces écrivains philosophes qui nous conduisent à la guerre en Libye etc….. Si certains pensent que les CDB AF sont intouchables, c’est qu’ils n’ont pas encore rencontré de journalistes.
Bref, les bouquins de Nenin et les articles d’Amadeo ne font qu’effleurer le sujet, mais hélas rien n’est approfondi ni même démontré ou alors je le répète pas voie de demonstartion plus que contestables quant à leur sources, et leur manières d’être conduites. Qu’ils s’intéressent plutôt à la manière dont 69000 personnes essaient de se démener pour faire sortir la boîte des statistiques qu’ils aiment tant, plutôt que de se languir de les voir se retrouver à la rue…. Mais ce c’est un comportement typiquement français.
Charly NAY a commenté :
11 juin 2013 - 12 h 35 min
Eh bien il y a un package connerie ici ^^
En parlant des crashs AF je ne pensais que c’était la compagnie qui avait dépose la lamelle du DC10 continental sur la piste pour que le concorde s’écrase, ni qu’elle contrôlait la météo de Toronto pour l’A340 ou encore qu’elle ai mît la glace dans les pitots du vol Rio Paris en plein vol …
Alors oui il y a des accidents mais ils ne sont pas forcément imputables a la compagnie et de plus a Toronto le personnel d’AF a été exemplaire
Conclusion pour les détracteurs de notre belle compagnie nationale : fuck 🙂
Charly NAY a commenté :
11 juin 2013 - 12 h 37 min
Et Alger c’est 1994 Colin, petit comique 😉
Nykeeo a commenté :
18 juin 2013 - 10 h 38 min
Je compatis totalement avec Colin !
De plus, admettons que ce journaliste ne soit pas compétent, les chiffres sont revelateurs. Et ce fameux crash d’Habsheim passé sous silence par l’Etat vous en faites quoi?
Juste une petite stat, Britsh Airways compagnie concurrente, compte depuis 1950 , compte 3 crash et 140 morts depuis 1950 ! (22 et 1250 morts pour AF)
Charly NAY a commenté :
19 juin 2013 - 20 h 48 min
Mais tu compte 3 crashs mais combien d’incidents, de problèmes techniques ? Êtes vous capable de trouver autant d’information sur BA que ce que vous pensez trouver sur AF ?
Et pour rester sur le concorde ça aurait été un BA auriez vous été aussi catégorique et imputer la faute a BA plutôt que sur Continental dont on a eu la preuve que le DC10 était mal entretenu ?
Bonne soirée 🙂