Airbus et six compagnies européennes dont Air France et Lufthansa ont envoyé des courriers à l'Union Européenne et leurs gouvernements respectifs afin d'engager des consultations urgentes avec les états envisageant des mesures de rétorsion à la "taxe carbone", au premier rang desquels la Chine. Les 27 ministres de l'environnement de l'Union Européenne avaient affiché une fermeté unanime vendredi 9 mars 2012 à Bruxelles, annonçant que toute disposition discriminatoire prise par un état en représailles au Système d'Echange d'Emissions (ETS) instauré depuis le mois de janvier serait suivie immédiatement de "mesures appropriées". Une fermeté qui a poussé le constructeur européen, MTU, Safran, les compagnies nationales française et allemande, British Airways, Virgin Atlantic, Air Berlin et Iberia à prendre leur plume et mettre en garde la Commission et leurs gouvernements contre les conséquences industrielles intolérables de l'ETS, et demandant un délai pour sa mise en place. Difficile pourtant de ne pas voir une partie de poker menteur dans cette polémique, entre politiques soucieux de faire payer les pollueurs et une industrie peu friande de nouvelles taxes: en Chine, le directeur de l'équivalent de notre DGAC a démenti vendredi dans une interview à l'agence Bloomberg toute pression sur les transporteurs du pays pour qu'ils annulent une commande de 35 Airbus A330 et dix A380, soit une douzaine de milliards de dollars de contrats selon Airbus. La Chine avait bien interdit à ses compagnies de participer à l'ETS, et début mars le patron de Hong Kong Airlines déclarait à propos de sa commande de dix superjumbos qu'il "ne pouvait pas faire quelque chose allant à l'encontre des intérêts du pays". Rappelons que toutes les compagnies aériennes décollant ou atterrissant sur le vieux continent doivent désormais "acheter" 15 % de leurs émissions de CO2, une part qui ira en augmentant parallèlement avec la croissance du trafic aérien – les premiers paiements étant dus début 2013. Un système dénoncé partout en dehors de l'Europe et en particulier aux Etats-Unis, en Inde, en Russie et donc en Chine, qui parlent de dispositif "extraterritorial illégal". L'Europe aurait par ailleurs envoyé des représentants supplémentaires à l'OACI pour discuter plus vite, un éventuel accord global pouvant alors mener à la suppression de la directive sur l'ETS…