Au cours de la 15è édition du congrès APG World Connect fin octobre à Malte, les 500 participants en provenance de 90 compagnies aériennes ont débattu du thème autour du thème : «Le transport aérien est-il dirigé par l’économie ou par la politique ?». En coulisse, la pénurie des moteurs et des pièces détachées revenait au centre des discussions.
Si les politiques des gouvernements ont favorisé l’expansion du transport aérien au cours des dernières décennies, en libéralisant des marchés avec des accords de ciel ouvert, en développement le tourisme, en venant en aide aux compagnies aériennes pendant la pandémie de Covid… Mais, aujourd’hui, la décision des Etats à imposer à terme “zéro-émission” de carbone inquiète l’aérien. Le climat est le nouveau bras de fer entre partisans de croissance économique et partisans de politique environnementale.
« Nous ne pouvons pas parier sur les biocarburants à cause des coûts, du manque de soutiens gouvernementaux sur la filière et des difficultés de distribution. Je ne pense donc pas que l’industrie parviendra à la neutralité carbone pour 2050 à ce rythme. On ne peut pas décarboner aussi vite une industrie qui repose entièrement sur le pétrole », a tranché Steven Udvar-Hazy, président d’Air Lease Corporation, premier bailleur d’avions au monde. En clair, l’interdépendance de l’aérien entre économie et politique est indiscutable : l’économie pousse à la croissance, à la compétitivité et à l’innovation, tandis que la politique doit intervir pour réguler et soutenir le secteur vers le “zéro-émission“.
« Il y a aussi une importance à ne pas trop dépendre de son gouvernement et garder sa souveraineté économique. Car quand il y a des soucis politiques, c’est vous qui coulez ! », a toutefois mis en garde Allan Kilavuka, PDG de Kenya Airways Group. Les intervenants français ont sans surprise critiqué la décision du gouvernement de Michel barnier d’augmenter la “taxe Chirac” pour financer le budget 2025. Au final, ls participants au APG World Connect s’accordent pour dire qu’il faut trouver un équilibre entre les impératifs économiques et les objectifs politiques pour le climat pour garantir la pérennité du transport aérien.
Dans l’immédiat, l’aérien est confronté aux retards de livraison des avions et aussi au manque de pièces détachées pour la maintenance des moteurs en service qui cloue au sol une partie des flottes en service. Une immobilisation qui contribue à l’augmentation des coûts d’exploitation et réduit comme peau de chagrin les bénéfices -lorsqu’il y a bénéfice.
Pour exemple, des Airbus A220 d’Air France et d’airBaltic sont longuement cloués au sol en raison de problèmes récurrents avec leurs moteurs Pratt & Whitney, qui exigent une maintenance prématurée. Egalement, un problème de moteurs a entraîné l’inspection de milliers d’Airbus A320neo à travers le monde au cours des derniers mois.
Côté retard de livraison, la situation ne risque pas de s’améliorer, avec et la longue grève des ouvriers chez Boeing qui vient juste de prendre fin et les sous-traitants qui ne parviennent pas à suivre la cadence. Par exemple, l’équipementier français Safran a dit s’attendre à une baisse d’environ 10% des livraisons des moteurs LEAP qui équipent les A320neo et 737 MAX, alors qu’il anticipait auparavant des livraisons situées dans la fourchette entre 0% et -5%.
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