Le constructeur aéronautique américain Boeing a annoncé la pire perte trimestrielle en quatre ans, qui s’élève à 6,17 milliards de dollars (environ 5,72 milliards d’euros), alors qu’il affronte les courants contraires depuis les crashs de deux avions MAX en 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts.

Le nouveau PDG de Boeing, Kelly Ortberg, a déclaré que la société était en train de revoir ses différentes activités, exposant une vision d’un avenir plus allégé pour le constructeur aéronautique en difficulté. La présentation des résultats tenait du funambulisme, avec des milliers de machinistes de Boeing en grève, qui votent dans un même temps en faveur ou non d’un nouveau contrat de travail. « Nous sommes en train de suivre un processus » pour « voir à quoi nous voulons ressembler dans cinq ans », a déclaré le PDG à CNBC. « Cela peut inclure la rationalisation de certaines choses ». Il a ajouté qu’aucune décision n’avait encore été prise. « Je pense que notre activité principale, les avions commerciaux et les produits de défense de base, restera toujours avec Boeing Co. » Le constat est rude. Boeing accuse aujourd’hui 58 milliards de dollars de dette nette.

Le 11 octobre, Kelly Ortberg a annoncé que Boeing avait des épaules larges avec la possibilité de lever sur les marchés 25 milliards de dollars pour renflouer sa trésorerie. Alors qu’il possède encore 10,5 milliards en liquidités et titres négociables. Le directeur financier Brian West a sans surprise déclaré que le constructeur continuerait probablement à brûler des liquidités cette année et l’année prochaine, soulignant une amélioration probable du cours de ses actions au second semestre de 2025. Les pertes de sa division d‘avions commerciaux ont gonflé à plus de 4 milliards de dollars contre une perte de 678 millions de dollars un an auparavant. Les charges sont liées au report supplémentaire du lancement de son avion gros-porteur 777X à 2026 et à un autre retard lié au 767. Boeing prévoit de mettre fin à la production du 767 lorsque les commandes seront honorées en 2027.

Les déboires du groupe Boeing se retrouvent dans ses autres branches. Sa division de défense a perdu 2,4 milliards de dollars au troisième trimestre, contre une perte de 924 millions de dollars sur la même période en 2023, avec des charges liées à plusieurs programmes, dont le ravitailleur KC-46 et le Starliner en difficulté. Pour rappel, la capsule Starliner est revenue vide de la Station spatiale internationale cet été suite à des défaillances techniques, sans les deux astronautes de la NASA qu’elle avait initialement transportés dans l’espace. C’est le concurrent, la société privée SpaceX d’Elon Musk qui doit s’en charger. Kelly Ortberg a d’ailleurs annoncé le départ du PDG de l’unité de défense Boeing, Ted Colbert, en septembre. Ortberg a également déclaré plus tôt ce mois-ci que Boeing allait réduire de 10 % ses effectifs mondiaux, qui s’élèvent à environ 170 000 personnes, ce qui laisse entendre que l’entreprise va réduire ses effectifs.

Sur le front social, Boeing pourrait trouver une issue à un conflit qui dure depuis le 13 septembre. Les 33 000 ouvriers en grève dans les deux usines historiques d’Everett et de Renton, dans la banlieue de Seattle (Etat de Washington) votaient hier mercredi pour ratifier un accord de principe, accordant des augmentations de salaire de 35 % sur quatre ans, et mettre un terme au conflit. Ortberg a déclaré se monter « optimiste » concernant ce vote. Les résultats devaient être publiés tardivement mercredi soir, aux Etats-Unis.

La grève des machinistes commencée le 13 septembre, paralyse les deux principales usines du groupe : celle de Renton, qui produit le 737 MAX, son best seller, et celle d’Everett, qui fabrique le 777, le 767 Freighter, ainsi que plusieurs programmes militaires. Selon les estimations hautes, cette grève a déjà coûté jusqu’à plus de 3 milliards de dollars à l’avionneur.

Boeing annonce une perte trimestrielle dépassant les 6 milliards de dollars 1 Air Journal

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