Alors que l’action de la low cost Spirit Airlines a dégringolé, Ted Christie, son CEO, a déclaré vendredi que la compagnie aérienne n’envisageait pas un dépôt de bilan (chapitre 11) et qu’elle était optimiste pour son plan futur après l’échec d’un rachat par JetBlue Airways.
Pour rappel, la low cost Spirit Airlines est confrontée à l’évolution de la demande de voyages, à la concurrence accrue aux États-Unis et au rappel de moteurs Pratt & Whitney qui a cloué au sol des dizaines de ses avions Airbus. Elle avait une opportunité de se renforcer financièrement, mais un juge fédéral américain a bloqué plus tôt cette année le projet de rachat de Spirit par JetBlue, pour un montant de 3, 8 milliards de dollars, pour des raisons antitrust. Mais cela a suscité des inquiétudes à la bourse de Wall Street quant à la capacité de la compagnie aérienne déficitaire à régler sa dette, Spirit ayant déclaré en février qu’elle cherchait à se refinancer.
« Nous sommes fiers d’exécuter notre plan alors que nous avons mis fin à l’accord de fusion avec JetBlue et sommes encouragés par les premiers résultats de notre plan autonome », a déclaré Christie lors d’une assemblée annuelle des actionnaires vendredi. « Nous n’évaluons pas de chapitre 11 pour le moment. »
Spirit Airlines avait auparavant avoué qu’elle recevrait une compensation mensuelle de Pratt & Whitney tout au long de 2024 en raison de problèmes persistants avec les moteurs fournis par les constructeurs pour les avions A320neo et A321neo. Ce montant se situerait entre 150 et 200 millions de dollars.
Malgré tout, S&P Global Ratings a dégradé mercredi la note de Spirit, évoque le média CNBC, soulevant des questions sur sa capacité à se refinancer. L’agence a souligné une obligation de fidélité de 1,1 milliard de dollars arrivant à échéance en septembre 2025 et une obligation convertible de 500 millions de dollars arrivant à échéance en 2026. « Compte tenu de la génération limitée de flux de trésorerie et des performances opérationnelles, ainsi que de l’annonce publique par la direction de sa décision de s’engager avec les prêteurs pour évaluer les options permettant de faire face à ses échéances à venir, nous pensons qu’il est probable que la société sera confrontée à des difficultés boursières », a déclaré l’agence de notation.
Les actions de Spirit ont perdu plus de 77 % cette année. La compagnie a pris une série de mesures pour économiser et rassembler des liquidités, notamment en reportant certaines livraisons d’Airbus et en concluant des opérations de cession-bail. La compagnie aérienne a également récemment modifié son modèle commercial, abandonnant la plupart des frais de changement de vol et regroupant les avantages qu’elle vendait auparavant à la carte avec un tarif bon marché. Elle a également assoupli d’autres politiques, prolongeant la durée de vie des « crédits de vol » de 90 jours à un an et augmentant le poids maximum des bagages enregistrés de 40 à 50 livres (de 18 à presque 23 kg).
Bencello a commenté :
10 juin 2024 - 12 h 33 min
Etonnamment, quand les règles fiscales et sociales sont plus convergentes pour toutes les compagnies, les transporteurs Ultra Low-cost ont plus de difficultés que les autres.
C’est assez rassurant, mais cela en dit long sur l’origine du succès de Ryanair en Europe, et sur les moyens d’entraver sa démarche du moins-disant.
Greg6 a commenté :
11 juin 2024 - 10 h 07 min
C’est vrai. Mais ce n’est pas la seule raison qui limite l’expansion low-cost aux Etats-unis.
Le marché US est fondamentalement différent du marché européen.
Les usa sont un seul et même pays, et les américains sont très mobiles dans leur pays (travail, études, famille/amis, loisirs etc…). Y compris depuis des métropoles secondaires et les villes moyennes.
En gros, ils prennent l’avion comme on prend le train en France.
Ça favorise un système de hub, des liaisons très fréquentes vers des villes de toute taille, et des flottes régionales importantes.
Même Southwest a besoin de modules de 150 places.
Sans parler du confort : les américains aiment pouvoir choisir des sièges en business, ou économie “plus”. Southwest, pour la reprendre en exemple, ne met que 175 sièges dans ses b738 et max8.
En revanche, l’Europe n’étant pas un pays, nous sommes beaucoup moins mobiles à l’intérieur. Avec une plus grosse proportion de loisir : vacances et week-end.
Ce qui favorise des liaisons moins fréquentes, et moins d’exigences sur le confort en faveur du prix. Et là les low-cost sont plus adaptées.
Nouveau a commenté :
11 juin 2024 - 23 h 18 min
Merci Greg6 pour cette belle analyse.
Titi a commenté :
5 août 2024 - 16 h 14 min
Pas terrible les lowcost, du moins chère 320 neo bof pas cher quoi