Des négociations sont en cours entre les syndicats et la direction d’Air Austral, sur un accord de performance collective.

Entamées lundi, les négociations se poursuivaient à la préfecture de la Réunion hier afin de trouver un compromis qui contente les deux parties. La direction cherche à engager son personnel vers un accord de performance collective qui lui permettrait de retrouver le chemin de la rentabilité. Les représentants syndicaux et la direction ont donc jusqu’à la fin de cette semaine pour revoir leur copie dans l’effort commun de redressement d’Air Austral.

Il existe une ligne à ne pas franchir pour les salariés qui estiment qu’ils ont déjà participé à l’effort par le passé. « On est passé en activité partielle, on a perdu énormément sur nos salaires, on a déjà signé un premier accord de performance collective en 2019 et 2020. On a aussi donné des jours de congé et notre 13ème mois, et tout ça, aujourd’hui, on a l’impression que ça n’a servi à rien ! », s’exclame Marie-Noëlle Wolff, déléguée syndicale Unsa Aérien – Air Austral. Ainsi, les syndicats refusent de réduire les salaires de 10 % pendant deux ans pour une économie de 12 millions d’euros, alors que les actionnaires proposent d’injecter 10 millions d’euros supplémentaires en contrepartie.

« Certes, il y a les salaires mais il y a d’autres éléments qui doivent aussi être pris en compte », affirme Frédéric Bénard, le délégué syndical de la CFDT. « Nous avons demandé des études précises à la direction sur la productivité et l’organisation de l’entreprise », rappelle le représentant.

« Les deux parties doivent faire un effort et c’est ce que nous rechercherons », assure de son côté Harold Cazal, le directeur général de Run’Air, le consortium d’investisseurs privés à la tête de la compagnie aux côtés de la Région Réunion. Selon lui, le rapport du cabinet d’études Accuracy, qui doit apprécier le plan de redressement présenté à l’Etat « sera sans doute remis le 3 mai », ce qui laisse ainsi le restant de cette semaine pour trouver « un accord avec les organisations syndicales ».

Depuis un mois, les actionnaires et les syndicats sont entrés en négociation pour sauver la compagnie régionale qui fait face à une situation déficitaire malgré un chiffre d’affaire record de 438 millions d’euros en 2023. La compagnie compte 850 employés. Fin mars, les élus du conseil régional à la Réunion ont voté à l’unanimité un nouveau prêt de 5 millions d’euros Air Austral, pour l’aider à franchir son actuelle traversée du désert dans le cadre du plan de restructuration validé par le Conseil de surveillance d’Air Austral le 7 mars dernier. A cette aide de la Région s’ajoute 5,5 millions d’euros venant des investisseurs privés, soit au total 10 millions d’euros d’apport.

Détenue à 55% par la société RunAir, rassemblant des investisseurs réunionnais, et à 44% par la Sematra, société d’économie mixte (région, département, Caisse des Dépôts), Air Austral est sortie très lourdement endettée de la crise du Covid-19, qui l’a mise complètement à l’arrêt. Elle cumulait 300 millions de dettes avant de bénéficier de multiples aides publiques puis d’être restructurée début 2023 sur fond d’apport de capitaux privés. L’État a lâché dans l’opération 100 millions d’euros de créances. Plusieurs aides ont été octroyées ces derniers mois à Air Austral, avec l’aval de la Commission européenne : abandon de créances, restructuration de la dette… L’arrivée d’investisseurs privés réunionnais au capital, plus précisément la société Run Air regroupant plusieurs actionnaires dont Michel Deleflie, a permis d’injecter 30 millions d’euros à la compagnie. La Sematra elle, avait participé à hauteur de 25 millions d’euros.

Air Austral : syndicats et direction à la table des négociations pour réduire les coûts salariaux 1 Air Journal

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