Lufthansa Group maintient sa décision de verser des primes à long terme aux membres de son conseil d’administration, malgré l’opposition de l’Etat allemand.
En début de semaine, lorsque des fuites dans la presse allemande indiquaient que le conseil de surveillance de Lufthansa Group aurait approuvé des bonus en faveur de six membres du directoire, pour un montant non communiqué, le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Hebestreit a immédiatement critiqué cette décision : “Il y aura des questions juridiques intéressantes à clarifier“, a-t-il déclaré, rappelant que le groupe allemand a bénéficié d’un soutien massif de l’État à hauteur de 9 milliards d’euros pendant la crise sanitaire, et qu’un versement de primes serait une “violation de l’accord” passé avec le gouvernement allemand.
Jeudi, Lufthansa Group a expressément démenti que son conseil de surveillance aurait décidé rétroactivement d’une rémunération variable pour les membres du directoire. “Ce n’est pas le cas. Ainsi, la prime annuelle 2021, tout comme celle de l’année 2020, a été complètement supprimée pour le directoire“, a affirmé un porte-parole du groupe aérien. En revanche, des composantes de rémunération variable à long terme ont été réintroduites pour les périodes 2021-2024 et 2022-2025. “Il n’y aura pas d’accumulation ou de rattrapage des primes non versées“, a-t-il assuré.
Rétroactives ou pas, les primes au directoire font polémique en Allemagne. Les syndicats soulignent qu’aucune prime n’est pas prévue pour les salariés alors que le groupe aérien est de nouveau bénéficiaire. Le député de gauche Dietmar Bartsch a déclaré au journal Redaktionsnetzwerk Deutschland : “Le conseil d’administration de Lufthansa n’est pas sensible au sentiment de la population qui souffre de l’inflation. D’abord sauvé par l’argent des contribuables et maintenant des bonus de plusieurs millions, c’est un poison pour la cohésion de la société“.
En 2021, le PDG du groupe Carsten Spohr a reçu un salaire fixe de 1,63 million d’euros et aucune prime, contre un total de 4,97 millions d’euros en 2019 (dont 3,3 millions de primes), l’année ayant précédé le Covid-19, soit une baisse de deux-tiers de sa rémunération.
Anna Stazzi a commenté :
25 décembre 2022 - 16 h 07 min
On ne peut qu’éprouver de l’émotion à découvrir la candeur des propos de Dietmar Bartsch ??? dans un pays comme l’Allemagne de 2022.
inukshuk a commenté :
25 décembre 2022 - 19 h 28 min
Les règles du jeu sont partout les mêmes: on nationalise les pertes et on privatise les bénéfices! Et ce sont toujours les mêmes qui se gavent sur le dos des autres.
Le père Noël est une ordure a commenté :
26 décembre 2022 - 8 h 18 min
De la même manière ceux qui jalousent les PNT/PNC AIR FRANCE qui ont de très bonnes situations on leur conseille de passer les sélections pour accéder à ces privilèges, ceux qui jalousent les grandes pontes de LH (ou toutes autres grandes compagnies) faites les études nécessaires et présenter votre CV et vous bénéficierez de tous ces émoluments.
Anna Stazzi a commenté :
26 décembre 2022 - 11 h 39 min
L’objet n’est pas l’existence d’émoluments, mais leur versement quand simultanément les salaires sont laminés.
Ici, ces bonus ne sont dûs qu’au financement par l’état, pas aux résultats des élaborations industrielles et financières de ces crânes d’oeufs, en rade depuis trois ans.
Et ce n’est pas de la jalousie, je ne souhaite pas devenir pnt/pnc, ni rond de cuir chez Luft ni ailleurs.
jamma a commenté :
26 décembre 2022 - 22 h 28 min
Il ne faut pas confondre salaire et bonus. Cela n’a donc absolument rien à avoir avec les études. D’ailleurs, les pilotes avec un métier bien plus difficile que ces dirigeants et un niveau d’étude élevé ne bénéficient pas de ce bonus, tout comme plusieurs salariés ayant une expertise technique très pointue (ingénieurs,…etc).
Personne ne jalouse les très hauts salaires des dirigeants de LH, mais les bonus reçus grâce à la générosité des contribuables allemands, alors que la compagnie a fait face à des difficultés financières importantes.
C’est tout simplement indécent d’utiliser l’argent public pour se remplir les poches. LH devrait rembourser ces 9 milliards jusqu’au dernier centime avant de penser à accorder des bonus aux dirigeants.