Les pilotes belges de la compagnie aérienne low cost Ryanair ont rejoint l’appel à la grève le weekend prochain de leurs collègues français, et la direction menace désormais de quitter la Belgique si le mouvement se concrétise.

L’appel à la grève les 23 et 24 juillet 2022 lancé par le SNPL Malta Air (filiale européenne de la spécialiste irlandaise du vol pas cher) dans les aéroports de Beauvais, Bordeaux, Marseille et Toulouse, a été adopté par leurs collègues belges. Mais dans une lettre à ces pilotes basés à Charleroi et Bruxelles divulguée par le quotidien Le Soir, la direction de Ryanair a réagi : « Si votre seule tactique est de nier que vous ayez jamais signé un accord, refuser de négocier et continuer à appeler à la grève pour essayer de saper l’accord de 2020 que vous avez négocié, alors il n’y a aucun espoir d’un accord ». Et elle poursuit : « vous devrez finalement expliquer aux pilotes pourquoi ils doivent gaspiller de l’argent en grèves, et pourquoi l’activité quittera finalement les aéroports belges

Ryanair affirme qu’elle a trouvé un accord avec quatre pilotes sur cinq en Europe : « 80% des pilotes de notre réseau sont désormais couverts par de nouvelles ententes à long terme négociées, y compris une restauration accélérée des salaires ». Et si la position des syndicats « est que vous ne signerez jamais un accord similaire en Belgique (…), qu’il en soit ainsi, mais vous ferez grève pendant très longtemps, nuisant à l’entreprise et sapant l’investissement en Belgique, qui représente 3% de nos opérations ».

Ce n’est bien sûr pas la première fois que Ryanair menace de quitter un pays ou une ville, face à une tension sociale ou un problème de taxes en général. La base de Marseille (rouverte en 2019) s’en souvient, tout comme celle de Pescara mais aussi depuis le printemps celle de Francfort. Ou face simplement à un manque de succès, comme à Belfast qui accueillera l’année prochaine sa quatrième base en quinze ans. 

 

 

 

Le secrétaire permanent de la CNE Yves Lambot pense toutefois que cette menace est « du pipeau » : la base de Charleroi-Brussels South propose 121 destinations, et celle beaucoup plus petite à Bruxelles-Zaventem en affiche seize. Les fermer entrainerait forcément des suppressions de lignes, alors que Ryanair voit son trafic exploser depuis le début de l’année et multiplie ses annonces de nouvelles liaisons. « Reformater tout son réseau aéronautique semble peu probable à l’heure actuelle », ajoute le syndicaliste.

« Le rythme imposé par Ryanair menace potentiellement la sécurité des vols », ont de leur côté déclaré les pilotes belges dans Le Soir en réponse à la menace. Ils demandent à la compagnie d’être de bonne foi, et de reconnaître que « son système ne fonctionne pas/plus », et assurent ne pas exiger d’augmentation de salaire mais simplement « la restauration de leur salaire de 2019 ».

Rappelons qu’en juin les PNC de Ryanair avait mené leur propre grève en Belgique, entrainant des annulations de vol par dizaines – comme en France, mais pour un impact qualifié de « minimal » par la direction. Et contrairement au conflit d’avril, quand la low cost n’avait pu maintenir qu’un vol sur deux à Charleroi et Zaventem…

Grève de pilotes : Ryanair menace de quitter la Belgique 1 Air Journal

©Ryanair