Le président ukrainien a rejoint les appels à reconstruire un Antonov An-225 Mriya, le seul exemplaire en service ayant été détruit lors de l’invasion  de l’Ukraine par la Russie. Le constructeur a de son côté confirmé son exil temporaire dans sa base de Leipzig, en attendant que l’aéroport Gostomel soit reconstruit.

L’annonce du 19 mai 2022 rapportée par l’agence Interfax Ukraine précise que Volodymyr Zelensky a expliqué à des étudiants lors d’une conférence en ligne que reconstruire le « Rêve » (Mriya) était un hommage à la mémoire des pilotes héros de la guerre. « Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question d’ambition », a déclaré le président, « nous avons été approchés par Ukroboronprom, l’équipe d’Antonov. C’est une question d’image pour notre pays et tous les excellents pilotes professionnels qui sont morts dans cette guerre ». Il a pourtant rappelé que la construction d’un deuxième An-225 était initialement prévue, mais que le pays n’avait pas les 800 millions de dollars nécessaires. Ukroboronprom avait déjà estimé le coût des réparations à 3 milliards de dollars, une somme qui serait « payée par la Russie » ; une autre option serait de finir l’assemblage du deuxième An-225, garé dans le même hangar que Mriya mais apparemment épargné par l’incendie.

La destruction de l’avion-cargo géant aux six réacteurs avait été confirmée le 4 mars dernier, après une semaine de rumeurs contradictoires sur son état et des polémiques qui ont continué depuis. L’avion avait été entièrement détruit dans l’incendie de son hangar à l’aéroport d’Hostomel-Antonov (HML) près de Kiev dans la nuit du 24 au 25 février, après un bombardement. Antonov a déjà lancé un appel pour lever les fonds nécessaires à la reconstruction de Mriya.

Rappelons que construit en 1988 comme dérivé de l’An-124 dans ce qui était alors l’Union soviétique, l’An-225 est reconnaissable entre tous avec ses six moteurs. Il peut emporter jusqu’à 250 tonnes sur 4000 km dans sa soute pressurisée de 43,35 mètres de long, 6,24 de large et 4,4 mètres de haut (environ 1300 m3). A plein, l’An225 nécessite une piste de 3500 mètres pour décoller à pleine charge, marge de sécurité incluse, contre 3200 pour l’Airbus A380.

Antonov justement a confirmé qu’il s’installait « temporairement » à Leipzig en Allemagne, où une base est déjà opérée depuis 2007 par sa branche de fret aérien Antonov Airlines, y compris pour la maintenance. « Compte tenu de l’impossibilité d’effectuer des vols internationaux depuis l’Ukraine, cinq An-124-100 sont temporairement basés à l’aéroport de Leipzig », précise son communiqué (deux y étaient déjà avant la guerre, en standby pour les opérations SALIS de l’OTAN). Le constructeur conserve ainsi « la capacité d’exécuter des commandes commerciales et gouvernementales » pour le transport de marchandises super lourdes et/ou surdimensionnées, ainsi que « de conserver sa position de leader dans ce marché de niche ».

« Après la victoire sur les occupants russes et la restauration de l’aéroport de Kiev-Antonov », abandonné fin mars par les troupes russes, l’avionneur reviendra s’installer près de la capitale de l’Ukraine. Les travaux de reconstruction ont déjà commencé, malgré la destruction des bâtiments de bureaux, de plusieurs hangars et les impacts de bombardement sur la piste. Deux An-124 s’y trouvent encore, un sérieusement endommagé et un autre en partie assemblé.

Zelensky veut un nouvel An-225, Antonov s’installe en Allemagne 1 Air Journal

©Antonov