Les salariés d’Air France Industries Toulouse ont débrayé la semaine dernière et maintiennent leur grève contre le projet de conversion de leur activité : au lieu de s’occuper des monocouloirs Airbus de la compagnie nationale, ils effectueraient la maintenance des avions militaires A330 MRTT et AWACS.

L’affaire remonte à juillet 2019, quand Air France annonce avoir choisi l’Airbus A220 (ex CSeries canadien) pour le remplacement de sa flotte de monocouloirs de la famille A320, dont elle opère encore 12 A318, 26 A319, 42 A320 et 19 A321. Avec pour conséquence l’arrêt programmé de la maintenance de ces appareils sur le site AFI de Blagnac (le seul en province), qui comptait 575 employés en 2004 mais plus que 280 actuellement – après notamment un plan de départs volontaires ayant concerné 80 postes l’année dernière. Air France présente à l’été 2020 un projet de reconversion à l’horizon 2022, 12 millions d’euros d’investissement étant prévus pour le site qui s’occupera de l’entretien et la maintenance de gros-porteurs miliaires A330 MRTT et AWACS.

Si la pandémie de Covid-19 a mis en veilleuse les réactions syndicales, le débrayage mené le 12 mai à Toulouse à l’appel des syndicats CGT, FO et Sud Aérien a remis le conflit sur le devant de la scène. Affirmant que 80% des employés participent au mouvement, ils revendiquent dans un communiqué que l’entretien et la maintenance des A220 « vienne se substituer à la famille A320 afin de maintenir l’activité du centre » et ainsi pérenniser les emplois, alors que pour les monocouloirs canadiens, ses activités sont prévues uniquement à Roissy.

La reconversion du site pour l’A330 MRTT et l’AWACS est dénoncé par les syndicats sur France Bleu comme « balbutiant et hypothétique » : il ne permettrait pas de générer de l’activité pour l’ensemble des salariés, et « pire, il nous enfermerait dans une mono activité qui pourrait mettre en péril l’entièreté des emplois du site, si les contrats militaires n’étaient pas renouvelés ». La France n’a reçu que trois de la douzaine de ravitailleurs en vol attendus, le programme AWACS « a 45 ans » et Air France « promet la maintenance des A330 de la flotte civile qui doivent être retirés de la flotte à horizon 2024/2025 », renchérit Rémi Carlier de la CGT dans La Tribune.  

 

Un porte-parole d’Air France a expliqué au quotidien que les opérations de maintenance seront moins fréquentes avec les A220, « avec de premières échéances fixées à 2026 » ; il fallait donc organiser l’activité du site « afin d’assurer sa pérennité à court et moyen-terme ». Les 280 salariés iront travailler dans les sites parisiens « quelques semaines », le temps des travaux à Blagnac, ce qui permettra de les former à la maintenance des gros-porteurs

Rappelons que le premier des 60 A220-300 de 148 sièges commandés ferme par Air France a été livré en septembre dernier ; le neuvième (F-HZUI baptisé Montrouge) a rejoint vendredi sa base à l’aéroport de Paris-CDG.

Air France Industries à Toulouse : virage militaire en vue 1 Air Journal

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