La compagnie aérienne Aeroflot a rouvert deux lignes internationales vers la Turquie, qui seront exploitées en Airbus A330, tandis que la low cost easyJet va rendre six A319 à une société de leasing russe. L’Irlandaise Avolon affiche de son côté une perte nette au T1, considérant perdus 10 avions loués en Russie.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie continue d’avoir des conséquences sans précédent sur le trafic aérien, entre fermetures des espaces aériens et sanctions occidentales en passant par la suspension des grandes alliances ou le placement des transporteurs locaux dans la liste noire de l’UE. Après avoir quasiment arrêté ses vols internationaux début mars,  Aeroflot a cependant annoncé la reprise cette semaine de deux liaisons vers la Turquie (qui ne participe pas au régime des sanctions) au départ de sa base à Moscou-Sheremetyevo : à partir du 6 mai 2022, elle proposera deux vols quotidiens vers Istanbul et un vers Antalya, des routes où elle fait normalement face aux Turkish Airlines, Pegasus, Pobeda ou autres Nordwind Airlines.  Ces deux liaisons seront opérées en Airbus A330-300 pouvant emporter jusqu’à 301 passagers en deux classes.

Aeroflot possédait avant le conflit douze A330-300 d’une moyenne d’âge légèrement supérieure à 10 ans, dont quatre seulement étaient pris en leasing (chez AerCap, ALC et Goshawk) – et sont en voie d’être réenregistrés en Russie. Six bimoteurs sont actuellement actifs selon Planespotters, et peuvent donc être déployés vers l’étranger a priori sans crainte de saisie.

Guerre en Ukraine : Aeroflot en A330, easyJet sans A319 1 Air Journal

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Ce problème de location d’avions à l’étranger par des compagnies russes a par exemple poussé Avolon à annoncer une perte nette trimestrielle de 182 millions de dollars, double de ce qu’elle était en 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Selon la société de leasing basée à Dublin, cela est uniquement dû aux 304 millions de dollars effacés de ses comptes, correspondant aux dix appareils loués (sur un portfolio de 592 avions possédés ou gérés) ; sans ce problème, elle aurait affiché un bénéfice net de 80 millions de dollars.

Le CEO d’Avolon Domhnal Slattery a déclaré : « Bien que nous continuions à tout mettre en œuvre pour récupérer ces actifs et que nous soyons heureux d’avoir repris quatre (autres NDLR) avions, nous comptabilisons la dépréciation complète ce trimestre, mettant ainsi l’impact financier des sanctions russes fermement derrière nous ». Rappelons que le gouvernement russe a interdit aux transporteurs du pays de rendre les avions loués chez des sociétés de leasing de pays « inamicaux ».

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La situation est inverse chez easyJet : la spécialiste britannique du vol pas cher, basée à Londres-Luton, a décidé selon Bloomberg de rompre les contrats de location de six Airbus A319 passés avec la société russe GTLK-State Transport Leasing, Ces monocouloirs avaient été cloués au sol en mars 2020, au début de la crise sanitaire ; ils sont désormais stockés à Madrid et à Larnaca.

GTLK aurait de son côté confirmé avoir « perdu » également des contrats de leasing avec la lettonne SmartLynx Airlines (quatre A321) et l’islandaise BlueBird Nordic (trois 777-300ER devant être convertis en avion-cargo), les deux filiales d’Avia Solutions ayant refusé de payer les dernières traites.

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