Après une grève de trois jours en Belgique qui a affecté des milliers de voyageurs, les syndicats de PNC de la compagnie aérienne low cost Ryanair se disent prêts à recommencer durant les vacances d’été si « rien ne bouge », et ce partout en Europe. En Pologne, une grève du contrôle aérien pourrait entrainer l’annulation d’un millier de vols par jour à compter de dimanche. 

Entre vendredi et dimanche dernier, plus de 280 vols opérés par des équipages belges de Ryanair au départ des aéroports de Charleroi et de Bruxelles ont été annulés, suite à l’appel à la grève lancé par les syndicats d’hôtesses de l’air et de stewards CNE et ACV Puls. Une grève « particulièrement bien suivie » selon le secrétaire permanent de la CNE Didier Lebbe cité par la Dernière Heure ; mais il déplore n’avoir eu « aucun contact avec la direction » de la spécialiste irlandaise du vol pas cher. 

Si l’absence de négociations persiste, le syndicat compte rassembler à Bruxelles ses homologues d’autres pays « afin de voir comment coordonner une grève européenne l’été prochain ». Aucune décision ne sera prise avant la fin mai au plus tôt, précise Didier Lebbe, pour qui « ce week-end d’actions chez nous a fait naître une volonté dans d’autres pays ».

Rappelons que les revendications des syndicats de PNC portent sur la négociation pour la nouvelle convention collective, négociation abandonnée vendredi dernier, et sur les salaires et primes. La précédente convention, arrivée à échéance fin mars, prévoyait notamment un revenu mensuel fixe quel que soit le nombre de vols effectués en cabine. Selon les syndicats, 75% des PNC perçoivent le salaire minimum du secteur, « un montant brut dérisoire de 2.000 euros. Bien que Ryanair ait une marge bénéficiaire de 30% à Charleroi, la plus grande base de Belgique, et qu’elle s’attende à réaliser un bénéfice d’un milliard d’euros cette année, il n’y a aucune marge pour une amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs », accusent CNE et ACV Puls. Qui dénoncent également l’absence d’un DRH en Belgique, où Ryanair emploie plus de 650 personnes.

Grèves : relancée chez Ryanair, menaçante en Pologne ? 1 Air Journal

©SETEC

En Pologne, ce sont les aiguilleurs de ciel qui ont appelé à un arrêt de travail à partir du 1er mai, leurs revendications portant sur les conditions de travail et les salaires. Jusqu’à 1000 vols par jour pourraient être affectés selon Eurocontrol, en particulier dans les deux aéroports de Varsovie (Chopin et Modlin) mais aussi en Europe de l’est plus largement. Les autorités ont donc demandé aux compagnies aériennes de réduire « drastiquement » leurs programmes de vol : seuls 170 des 510 décollages prévus en moyenne chaque jour seront conservés, les vols au départ de la capitale en particulier ne pouvant plus partir qu’entre 9h30 et 17h00 ; les liaisons vers les grandes villes telles que Paris, Bruxelles, Londres ou New York seraient épargnées dans la mesure du possible. Et 300 des 700 avions empruntant l’espace aérien polonais devraient subir des déroutements.

Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a déclaré que le gouvernement polonais était prêt à un « compromis de grande envergure » pour mettre fin à cette grève, sans réponse jusque là. Les contrôleurs aériens voudraient voir leur salaire augmenter de 7100 à 17.210 euros par mois, a affirmé un porte-parole du gouvernement. 80% d’entre eux dans la zone de Varsovie auraient menacé de démissionner dimanche prochain.

L’Agence polonaise des services de navigation aérienne (PANSA) avait déclaré en janvier que le salaire mensuel des contrôleurs, atteignant dans de rares cas 100 000 złoty (21.500 €), était « impossible » à maintenir ; les nouvelles règles prévoient des niveaux de rémunération au plus de 45 000 złoty par mois.

Grèves : relancée chez Ryanair, menaçante en Pologne ? 2 Air Journal

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