La compagnie aérienne Air Serbia a été victime d’une troisième alerte à la bombe, alors qu’elle continue de desservir Moscou depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. La low cost ukrainienne SkyUp Airlines propose sa flotte à la location avec équipage, tandis que le régulateur irlandais a comme les Bermudes décidé de retirer de ses registres tous les avions russes.
Pour la troisième fois depuis le début de la guerre en Ukraine, un vol d’Air Serbia a été victime d’une fausse alerte à la bombe : le vol JU652 entre sa base à Belgrade-Nikola Tesla et l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo a été la cible d’un courriel anonyme reçu avant son départ (les menaces de vendredi et dimanche étaient arrivées en plein vol). L’Airbus A330-200 de la compagnie nationale serbe a finalement pu décoller, et s’est posé dans la capitale russe avec près de 2h30 de retard.
La Serbie n’ayant adopté aucune des sanctions européennes contre la Russie, Air Serbia a continué à desservir Moscou, avec une demande en forte hausse d’autant que sa partenaire de partage de codes Aeroflot est privée d’accès à l’espace aérien européen.
En Ukraine, la low cost SkyUp Airlines, qui ne vole plus et dont la quasi-totalité de la flotte se trouvait à l’étranger au début de l’invasion – a annoncé que quatorze Boeing (deux 737-700, huit 737-800 et quatre 737-900ER) étaient désormais disponibles à la location avec équipage (ACMI). Et ce partout dans le monde, sauf en Russie et en Biélorussie. « En utilisant nos avions, vous nous aiderez à poursuivre nos activités pendant la guerre et à payer des impôts au Trésor public, à sauver 1300 employés et à soutenir les Ukrainiens affectés – nous enverrons chaque dixième de dollar ou d’euro pour aider les victimes de la guerre », souligne son communiqué.
En Irlande, le régulateur Irish Airlines Authority (IAA) a imité son homologue des Bermudes et annoncé mardi la révocation des certificats de navigabilité de tous les avions russes immatriculés dans le pays (EI-*). L’IAA liste 34 appareils appartenant entre autres à Rossiya (neuf Boeing 747-400, cinq 777-300 et cinq 777-300ER) ou à I-Fly Airlines (six Airbus A330-200 et trois A330-300). Tous ces certificats avaient été accordés depuis le début 2021.
Rappelons que l’Irlande accueille les sociétés de leasing les plus exposées en Russie, à commencer par AerCap (149 avions loués aux compagnies aériennes russes) et SMBC Aviation Capital (45). Cette dernière, basée au Japon, a d’ailleurs annoncé qu’elle mettait fin immédiatement aux contrats de location passé avec ces clients russes. La Russie a rétorqué lundi aux saisies occidentales des avions de ses compagnies, le président Vladimir Poutine signant une loi leur permettant de « conserver » les avions loués chez des sociétés de leasing étrangères, et de les utiliser sur les routes domestiques – les seules encore opérées à quelques exceptions près. Soit environ 515 appareils au total, d’une valeur estimée à 10 milliards de dollars, que les bailleurs devaient récupérer avant le 28 mars dans le cadre des sanctions occidentales.
On notera d’autre part que Brussels Airlines a sans surprise reporté à la fin mai au plus tôt son retour vers Moscou, cette date ayant déjà été annoncée pour les vols vers Saint-Pétersbourg.
Enfin côté fret, on retiendra les manœuvres à l’intérieur du groupe Silk Ways, basé en Azerbaïdjan : selon ch-aviation, la filiale russe basée à Moscou-Vnukovo Sky Gates Airlines a transféré ses deux 747-400F (initialement enregistrés aux Bermudes) à celle de Bakou, Silk Way West Airlines : ré-immatriculés 4K-BCH et 4K-BCI, ils sont depuis la semaine dernière déployés vers des aéroports tels que Francfort, Luxembourg, Amsterdam, East Midlands, Istanbul ou Zhengzhou. Silk Ways West dispose désormais de sept 747-F et cinq 747-8F, sa maison-mère exploitant également des Ilyushin Il-76TD.
« Silk Way Airlines et Silk Way West Airlines ont cessé toutes leurs activités commerciales en Russie à compter du 25 février 2022, et n’ont pas l’intention de revenir sur le marché russe. De plus, SW West Airlines a arrêté toutes les opérations sur le territoire russe, y compris les survols, les atterrissages techniques et autres. Cette décision est définitive et irrévocable », a expliqué à ch-aviation le vice-président principal Kamran Gasimov. L’Azerbaïdjan, dont l’allié principal est la Turquie, n’a pas adhéré aux sanctions internationales contre la Russie et a maintenu une position neutre.
Aucun commentaire !