Les compagnies aériennes Japan Airlines et All Nippon Airways ont annoncé la suspension de leurs vols vers l’Europe, tandis qu’Aeroflot a été sortie de son GDS par Sabre. Finnair pense désormais au chômage technique, et Embraer rejoint Airbus et Boeing dans la cessation des services aux compagnies russes.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie continue d’affecter le transport aérien, entre sanctions et fermetures des espaces aériens occidentaux et russes. Dernière annonce en date pour l’Europe, l’annonce le 3 mars 2022 par les deux principales compagnies japonaises à Tokyo de la suspension de la majorité de leurs vols : Japan Airlines a suspendu depuis jeudi 8 rotations dont certaines vers les aéroports de Paris-CDG, Londres-Heathrow et Helsinki, ainsi qu’une route tout-cargo vers Francfort, mais en maintient quelques unes dont un Haneda-Heathrow aujourd’hui sur une trajectoire modifiée qui devrait éviter l’espace aérien russe.
ANA de son côté annulé 14 vols au total entre jeudi et samedi, vers Paris, Londres et Francfort, mais sa rotation d’aujourd’hui vers Bruxelles a été maintenue là aussi en modifiant la trajectoire (via la Corée du Sud et la Chine au lieu de la Sibérie). Dans les deux cas, la mise en place de nouveaux plans de vol devrait permettre la reprise des routes vers l’Europe, qui en temps normal représentent plus de 50 vols par semaine. Rappelons que le Japon n’a pas (encore ?) fermé son espace aérien aux compagnies russes, et Moscou n’a pas fermé le sien aux compagnies japonaises.
En Russie, Aeroflot a été « sortie » du GDS par le distributeur Sabre Corporation, qui compte quelque 1500 employés en Pologne, les vols de la compagnie nationale russe n’étant désormais plus affichés par « les agences de voyages, les sites Web de voyages et les entreprises du monde entier pour acheter, réserver et gérer les réservations de vols ». Sabre dit suivre l’évolution de la situation en Ukraine avec une inquiétude croissante. « Depuis le début, notre objectif principal a été la sécurité des membres de notre équipe dans la région touchée, ainsi que de faire notre part pour soutenir les efforts de secours indispensables », a déclaré le CEO Sean Menke. « Nous prenons position contre ce conflit militaire. Nous respectons et continuerons de respecter les sanctions imposées à la Russie ». De plus, nous avons annoncé aujourd’hui que Sabre a mis fin à son accord de distribution avec Aeroflot, supprimant son contenu de notre GDS.
Les deux autres principaux distributeurs n’avaient pas encore officialisé leur position jeudi soir, mais un porte-parole d’Amadeus a expliqué à Reuters que la société a « commencé à suspendre la distribution des tarifs Aeroflot dans nos systèmes », et a « arrêté tout nouveau projet commercial prévu en Russie ». Chez Travelport, un responsable a déclaré que la décision avait été prise de « suspendre immédiatement les ventes d’Aeroflot depuis la plateforme ».
La « nationalisation » des avions du groupe Aeroflot loué dans l’Occident aurait été envisagée par le ministère des Transports, selon RBC Business News en Russie. Mais le quotidien Kommersant explique de son côté Aeroflot n’envisage pas cette solution qui entraînerait « probablement des sanctions directes », alors que jusque là la compagnie nationale n’est pas visée directement par les sanctions. D’après ch-aviation, seule Aeroflot devrait être « protégée » par l’Etat, les compagnies privées devant se débrouiller directement avec les sociétés de leasing et « essayer au moins de retarder la reprise de leurs avions jusqu’à ce que des solutions soient trouvées ».
Basée à Helsinki et déjà affectée par le conflit sur ses dessertes de l’Asie, Finnair a annoncé hier le début de négociations sur l’emploi de ses 2800 pilotes et PNC. La compagnie finlandaise pense à « d’éventuels congés forcés allant jusqu’à 90 jours », estimant que ses besoins chaque mois concernent entre 90 et 200 pilotes et entre 150 employés de cabines « à partir d’avril ». Ces nombres dépendront de l’évolution de « la situation exceptionnelle et des atténuations qui peuvent être trouvées et seront définies lors des négociations », écrit Finnair qui évalue également les impacts concernant les employés « en dehors de la Finlande dans les destinations où la disponibilité de travail est estimée à la baisse ».
« Avec la fermeture de l’espace aérien russe, il y aura moins de vols par Finnair, et malheureusement moins de travail disponible pour nos employés », a déclaré Jaakko Schildt, directeur des opérations de Finnair. « Une grande partie de notre personnel a été en congé prolongé pendant la pandémie, de sorte que le besoin de congés supplémentaires semble particulièrement difficile, et nous en sommes désolés ». Finnair vole actuellement vers Singapour, Bangkok, Phuket, Delhi et de nouveau à compter du 9 mars vers Tokyo, en évitant l’espace aérien russe ; elle « évalue actuellement les possibilités d’opérer une partie de ses vols vers la Corée et la Chine avec un routage alternatif ».
Pendant la guerre cependant, les affaires continuent : Air Serbia, qui a renforcé sa desserte de Moscou, et Turkish Airlines, qui l’a maintenue depuis le début du conflit, ont annoncé hier à Istanbul un renforcement de leur accord de partage de codes. La première bénéficiera de la route Ankara – Belgrade (opérée par Anadolujet), et le seconde de celles reliant Nis et Kraljevo à Istanbul. Le CEO de la compagnie turque Bilal Eksi a déclaré : « avec l’introduction de nouveaux vols en partage de code sur plusieurs destinations en Serbie, en Turquie et dans les Balkans, les passagers ont commencé à bénéficier d’une opportunité effective de profiter de plus d’alternatives de voyage. Nous espérons offrir de nouvelles perspectives de voyage à nos clients grâce au renforcement des liens bilatéraux dans la période à venir ». Son homologue en Serbie Jiri Marek a ajouté que cet accord « formalise une coopération encore meilleure dans les mois et les années à venir, espérons-le avec l’affaiblissement de la pandémie et la reprise mondiale du trafic aérien ».
Côté fret, les opérateurs DHL Express, UPS et FedEx ont annoncé hier la suspension sine die de leurs relations avec la Russie et la Biélorussie, après avoir cessé leurs activités en Ukraine.
Enfin on retiendra que l’avionneur brésilien Embraer a rejoint hier Airbus et Boeing en déclarant qu’il « s’est conformé, et continuera de se conformer, aux sanctions internationales imposées à la Russie et à certaines régions d’Ukraine, en suspendant les services de pièces, de maintenance et d’assistance technique pour les clients touchés par les sanctions ». Une décision qui affecte principalement S7 Airlines, dont la flotte compte 17 E170, et d’autres opérateurs plus petits y compris de jets privés. Mais aucun appareil de la famille E2 n’a été à ce jour commandé en Russie. Rappelons qu’environ deux-tiers de la flotte globale dans le pays est constituée d’avions produits en Occident.
Set out in stark figures in our latest @EUROCONTROL Comprehensive Aviation Assessment – no traffic in Ukraine 🇺🇦 and almost no traffic in Moldova 🇲🇩https://t.co/nrtfWOvEGI@Transport_EU @ECACceac @CANSOEurope @ACI_EUROPE @IATA @A4Europe @eraaorg @EBAAorg pic.twitter.com/rT88YQdcEh
— Eamonn Brennan (@BrennanEN23) March 3, 2022
Ricou a commenté :
4 mars 2022 - 11 h 31 min
C’est très étrange de voir le constructeur Brésilien d’adopter les sanctions internationales, alors que le gouvernement Brésilien garde sa neutralité
Pas2Neutre a commenté :
4 mars 2022 - 15 h 07 min
On vous dira que Embraer ce n’est l’état brésilien.
Les gens veulent assurer leur derrière.
FaitesLaPaixEtNonLaGuerre a commenté :
4 mars 2022 - 15 h 10 min
Waoouh; une situation sans précédent avec toutes ces sanctions à tout va.
Si demain vous pourriez faire pareil à tout pays qui veut faire la guerre fut-il puissant ou non, le monde vous en serait reconnaissant.