Si la situation s’est améliorée depuis l’année dernière, plus d’un tiers des pilotes professionnels ne volent toujours pas assez pour gagner leur vie et un sur cinq reste au chômage, alors que la pandémie de Covid-19 continue de faire des ravages sur le transport aérien.
The Pilot Survey 2022, réalisée par l’agence spécialisée dans l’aviation et le recrutement de pilotes GOOSE et FlightGlobal (avant l’apparition du variant Omicron), a interrogé dans le monde entiers 1743 pilotes professionnels sur leur statut professionnel et leurs attitudes vis-à-vis de leur carrière, près de deux ans après le début de la crise la plus profonde de l’histoire de l’aviation. Le sondage montre que même si les perspectives sont bien meilleures qu’au plus fort de la crise sanitaire, la situation reste sombre pour beaucoup. Et il dresse le portrait d’une profession dans laquelle la précarité de l’emploi est omniprésente et la confiance en soi faible, une profession que la plupart des pilotes ne recommanderaient pas aux jeunes.
Quand le même sondage avait été publié début 2021, plus de la moitié des les pilotes de compagnies aériennes étaient sans emploi ou en congé, ou avaient pris un emploi dans une autre industrie. La version 2022 montre que 62% des pilotes sont « employés et volent actuellement », contre seulement 43% il y a un an. La proportion de « chômeurs » est passée de 30% à 20%, tandis que 6% sont en congé, contre 17% lors de l’enquête précédente. Bien que 2021 n’a pas vu les fermetures prolongées dans une grande partie du monde telles que vécues en 2020, les fermetures de frontières en cours, les règles de quarantaine et autres mesures pour arrêter la propagation de la Covid-19 ont continué à bloquer la reprise de l’aviation.
Pour certains pilotes au chômage, la perspective de retourner dans le cockpit est préoccupante : près d’un quart d’entre eux (24%) ne sont « pas du tout confiants » quant au retour au vol, une proportion qui grimpe à quatre sur 10 en Amérique du Nord.
Les vaccinations obligatoires sont également une question controversée : 68% des pilotes pensent que la double vaccination devrait être obligatoire pour tous les pilotes, avec des « variations considérables » selon les régions. En Amérique du Nord, seulement 57% pensent que cela devrait être obligatoire, et 20% des pilotes ne sont toujours pas complètement vaccinés même si plusieurs compagnies aériennes en ont fait une condition d’emploi. Pour l’industrie dans son ensemble, 90% des pilotes déclarent avoir reçu les deux doses.
Malgré l’optimisme quant à la reprise du secteur, 61% des pilotes interrogés déclarent qu’ils sont « préoccupés » par la sécurité de l’emploi. C’est toutefois nettement mieux que l’année précédente, quand ils était 82% à être inquiets ; et il y a deux ans, lorsque la demande de personnel navigant entraînait une pénurie de compétences, 52% des pilotes déclaraient déjà que la sécurité d’emploi était une préoccupation.
Plus de pilotes que l’année dernière – 56% contre 54% – envisagent de changer d’emploi au cours des 12 prochains mois ; un résultat interprétable comme le signe d’une amélioration du marché du travail, ou d’un mécontentement à l’égard des employeurs actuels. 37% des pilotes affirment que, s’ils pouvaient revenir en arrière, ils ne seraient pas devenus pilotes (contre 36% dans le précédent sondage). Et une majorité – 55% – déclarent qu’ils ne recommanderaient pas leur carrière aux jeunes, alors que ce n’était il y a deux ans le cas que pour 29% des pilotes.
Les pilotes de lignes interrogés ne sont pas complètement négatifs cependant : 60% pensent que le secteur se rétablira complètement aux niveaux pré-pandémie dans les deux ans, et 23% disent que cela prendra encore 12 mois.
« Malgré l’humeur morose, il est clair que les pilotes attendent avec impatience que l’aviation revienne au type d’activité que nous avons vu en 2019, et ce le plus tôt possible », a déclaré Mark Charman, directeur général et fondateur de GOOSE Recruitment. « Les pilotes sont restés résilients tout au long d’une crise qui les a obligés à s’adapter aux nouvelles réalités économiques et à réévaluer ce qui est important pour eux dans leur carrière ». Mais Sophie Wild, directrice de division chez FlightGlobal, croit que la pandémie a eu de graves répercussions sur la profession, financièrement et mentalement : « Il était très important d’entendre les pilotes pour savoir comment cette crise les a touchés pendant près de deux ans et ce qu’ils pensent de l’avenir », a-t-elle déclaré.
Vincent a commenté :
31 janvier 2022 - 23 h 13 min
C’est quoi l’avenir de l’aviation des boites comme Volotea payé au smic pour bosser sur airbus ?
Pilote de ligne est malheureusement une profession que je ne recommande plus depuis un bon moment.
Max1 a commenté :
1 février 2022 - 2 h 41 min
Vincent
– vous soulignez un point important , bas salaire , avec une licence de pilot de ligne !
– tendances dans certaines compagnies depuis quelques années !
– les organisations syndicales n ont pas travaillées le sujet , globalement ! C est en effet une erreur ! Les compagnies nationales comme AF seront affectées un jour !
– ne jamais laisser de côté la base du métier ! Seule règle !
– les syndicats de contrôleurs sont parfaitement encadrés sur le sujet des salary , ce qui fait que peu de contrôleurs s orientent vers une formation PNT .
– le sujet date !! Les cadres PNT à ce jour en retraite sont passés au travers !
Justin Fair a commenté :
1 février 2022 - 7 h 59 min
“les organisations syndicales n ont pas travaillées le sujet ”
?
Vous pouvez préciser?
Max1 a commenté :
1 février 2022 - 10 h 23 min
Justin Fair
– développer en effet je pourrais , ayant bien connu ces époques charnières des années 1990 !
– ce serait indigeste sur ce forum! Sujet sensible et comme nous avons changé d époque ! Ce qui n à pas été écrit et validé ne peut être récupéré au profit des jeunes ou moins jeunes PNT .
– la base et rien que la base pour donner à une profession le meilleur avenir ! Toutes compagnies confondues !
Justin Fair a commenté :
1 février 2022 - 14 h 44 min
J’ai très bien connu aussi, cette période de libéralisation du Transport Aérien et l’arrivée des low-cost considérées comme une bénédiction par le public et MOL bienfaiteur de l’Humanité…
Que pouvaient faire dans ces conditions les syndicats de pilotes français, le SNPL en tête, se mettre en grève…
Il n’y a guère que maintenant pour les PNC, contre le passe vaccinal, que les antivax trouvent une grève justifiée…
La casse sociale, la détérioration des conditions de travail et de vie, ça fait des décennies que les syndicats les dénoncent… Et continuent de le faire…
Communiqué du SNPL aux adhérents au sujet de la Présidence française de l’UE :
“Le transport aérien fait bien partie des ambitions inscrites à l’agenda de cette Présidence, d’ailleurs les 3 et 4 février prochains se tiendra à Toulouse le Sommet européen de l’aviation, qui réunira l’ensemble des acteurs européens du secteur, sommet où la voix des pilotes du SNPL sera portée notamment au travers de l’ECA.
Le SNPL national se bat depuis toujours pour un secteur aérien socialement plus responsable, pour
une harmonisation par le haut des conditions de travail, pour bannir toutes les pratiques sociales douteuses utilisées par les flibustiers de l’aérien.
Des propositions sur l’ensemble des sujets
évoqués ont été transmises au gouvernement ; que
ce soit sur la lutte contre les “faux indépendants” (présomption de salariat) et les agences intermédiaires ; sur l’interdiction du “Pay-2-Fly” en Europe ; sur la lutte contre la concurrence déloyale dans l’UE comme hors de l’UE ; sur le renforcement de l’application ou la facilitation des contrôles (dispositions spécifiques aux travailleurs mobiles de l’aérien sur le modèle de ce qui existe dans le secteur routier) ; ou sur la clarification du droit applicable. Notre travail s’est d’ailleurs accentué depuis l’annonce de la révision du
Règlement n°1008/2008 sur les services aériens,
qui devrait être enfin l’opportunité d’intro-
duire des dispositions sociales dans l’aérien au
niveau européen.”
Max1 a commenté :
2 février 2022 - 9 h 57 min
– c est certain, c est assez complexe, et recoupement de périodes , évolution tous azimuts !
– ” l interdiction du pay to fly ”
– je ne doute pas du support du SNPL
– pris de vitesse peut être à une époque , déréglementation active et concurrence à n importe quel prix !
– évolutions techniques, com , numérique etc
Bien lu votre commentaire !
– vous avez raison d évoquer les dispositions sociales !
FranceCareer2022 a commenté :
15 septembre 2022 - 23 h 36 min
Air Corsica, la deuxieme compagnie francaise a gele presque tous ces recrutements, a l exception de deux pilotes recrutes en CDD durant la derniere periode estivale. Mieux lotie car positionnee sur des vols internes, l entreprise n a procede a aucun licenciement. Elle preselectionne une dizaine de jeunes officiers pilotes de ligne (OPL). Chaque annee, sauf en 2020. En attendant, les jeunes pilotes mettent a profit leurs competences. Adrien vient d etre recrute pour participer a l entrainement des controleurs aeriens au sol. Hugo, 26 ans et major au concours de l Enac, a fait un peu de freelancing en informatique apres la faillite de Flybe, la compagnie aerienne britannique dans laquelle il avait ete embauche.