Un rapport du BEA raconte comment une erreur du contrôle aérien à Paris-CDG l’année dernière a failli envoyer sur la même piste un avion de la low cost easyJet prêt à décoller et un de la compagnie aérienne United Airlines se présentant à l’atterrissage. Mais tout s’est bien terminé.

L’incident du 20 septembre 2020 à l’aéroport de Paris-CDG est qualifié de « grave » par le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité civile (BEA). Ce jour-là vers 5h17 selon son rapport d’enquête publié lundi, les atterrissages étaient effectués sur la piste 09L et les décollages sur la piste 09R (configuration face à l’est du doublet nord). La contrôleuse en position LOC (dans la tour nord) était installée dans une position ne lui donnant « pas de contact visuel direct sur les seuils des pistes 09 », l’écran de la position LOC NW « n’ayant pu être allumé ». Quelques minutes avant l’incident, deux avions avaient atterri sur la piste 09L et « maintenaient position sur la bretelle avant la traversée de la piste 09R » en raison de l’atterrissage d’un Boeing 787-9 de la compagnie Air France sur la piste 09R plus longue après avoir fait état d’un problème technique. Deux avions étaient au point d’attente D5, dont l’Airbus A320 d’easyJet, prêt pour le départ en piste 09R avec 155 personnes à bord.

Au premier contact de l’équipage du Boeing 787 de United Airlines en approche ILS sur la piste 09L (73 personnes à bord du vol en provenance de Newark), la contrôleuse « a commis un lapsus et a autorisé l’équipage à atterrir sur la piste 09R au lieu de la piste 09L », explique le BEA. L’équipage « souhaitant néanmoins lever le doute sur cette autorisation qui impliquait pour lui la réalisation d’une baïonnette », a collationné la clairance d’atterrissage en ajoutant notamment les mots « Understand » et « Sidestep for 9 right » dans l’attente d’une éventuelle correction par la contrôleuse. Mais cette dernière « n’a pas vérifié le collationnement de l’équipage », qui a donc poursuivi l’approche finale par une baïonnette à vue, en pilotage manuel, vers la piste 09R.

La contrôleuse a autorisé l’équipage d’easyJet à s’aligner en piste 09R, mais en vérifiant que l’axe d’approche final de la piste 09R était libre a vu le Dreamliner de United, « qu’il a estimé en finale sur la piste 09L ». L’A320 a débuté le roulage pour l’alignement, mais « avant de tourner pour s’aligner sur l’axe de piste, l’équipage a vérifié une dernière fois l’axe de la finale 09R » – et a vu le 787 qui effectuait une baïonnette pour la piste 09R : celui-ci était à une hauteur de 300 feet et à 1300 mètres du seuil de piste. L’équipage d’easyJet a questionné la contrôleuse sur la présence du Boeing 787 en finale, « et devant l’imminence d’une potentielle collision » a demandé à United Airlines de remettre les gaz.

L’équipage du Dreamliner s’est exécuté, ayant aperçu l’A320 sur la piste ; « dans le même temps, la contrôleuse a confirmé l’instruction de remise de gaz et les alarme RIMCAS se sont déclenchées. Le 787 a survolé l’A320 à une hauteur d’environ 300 ft », conclut le communiqué du BEA, avant de revenir se poser à Roissy sans autre problème.

Le Bureau a rappelé dans son rapport final que c’était le premier jour d’ouverture de la tour nord après deux semaines de fermeture, suite à l’utilisation exclusive du doublet de pistes sud contrôlé depuis la tour sud et la tour centrale. Selon la contrôleuse, le premier facteur contributif de cet événement est « le manque de pratique engendré par la situation sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, qui a entraîné une diminution des automatismes nécessaires à son travail ». Le BEA pointe aussi comme élément contributif l’utilisation de l’expression non standard « Understand » par l’équipage du Boeing  787, au détriment de l’expression « Confirm », « qui aurait pu attirer  davantage l’attention de la contrôleuse ». La vigilance des deux équipages, en particulier la vérification par celui d’easyJet de l’axe de la finale avant l’alignement et l’identification par celui de United Airlines de l’avion en cours d’alignement sur la piste, « a contribué à éviter une potentielle collision sur piste ».

CDG : easyJet et United Airlines évitent le crash 1 Air Journal

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