La compagnie aérienne Swiss International Air Lines a résilié la convention collective de ses pilotes, appelant le syndicat Aeropers à la négociation d’un nouveau texte.
Après des négociations « sans résultat » avec le syndicat des pilotes Aeropers sur les « mesures de crise temporaires permettant de faire face » à la pandémie de Covid-19, la compagnie nationale suisse a annoncé le 6 février 2021 avoir procédé à la « résiliation ordinaire » de la convention collective de travail (CCT), avec effet au 31 mars 2022. Le syndicat des pilotes « n’est pas prêt à faire des concessions suffisantes pendant les années de crise », accuse SWISS dans un communiqué, proposant la négociation d’une nouvelle CCT et se disant « favorable au partenariat social ».
La filiale suisse du groupe Lufthansa avait entamé en aout dernier des négociations avec Aeropers, estimant qu’elle disposera « ces prochaines années » d’un important sureffectif de pilotes en raison de la réduction des mouvements aériens liée à la pandémie de Covid-19 (en particulier à l’aéroport de Genève). L’objectif des négociations était de convenir d’une nouvelle CCT « permettant de faire face à la crise et mieux construite pour les années difficiles à venir », en remplacement de celle en vigueur depuis 2018, « inadaptée pour sortir de la crise et reconstruire l’entreprise dans un avenir incertain et très évolutif ». Mais le syndicat n’était selon SWISS disposé à ne négocier « que des mesures de crise temporaires » tout en maintenant la CTT actuellement en vigueur, ce que la direction était prête à négocier « à la condition expressément formulée que le syndicat des pilotes s’engage à d’importantes concessions de crise et approuve un champ d’action élargi ».
« Sans concessions substantielles et un champ d’action élargi pendant la crise sanitaire, nous estimons, d’un point de vue entrepreneurial, qu’il serait inopportun de maintenir la convention collective de travail en l’état », explique Thomas Frick, Chief Operating Officer de SWISS. D’où la résiliation de la CCT actuelle au 31 mars 2022, première date possible, et l’invitation lancée à Aeropers pour entamer dans les meilleurs délais des négociations sur une nouvelle convention collective. « Favorables au partenariat social, nous sommes persuadés qu’il est possible de conclure avec Aeropers une nouvelle convention collective de travail pour les pilotes qui permette de sortir de la crise, porte les couleurs de l’avenir et qui répond notamment aussi aux exigences des modèles modernes de temps de travail », a ajouté M. Frick.
Comme toute l’industrie aéronautique, Swiss International Air Lines (SWISS) a été gravement touchée par la pandémie de coronavirus. Pour les neuf premiers mois de 2020, SWISS a enregistré une perte d’exploitation de plus de 400 millions de CHF, le nombre de passagers ayant diminué de près 70% sur la même période. À cela s’ajoute le prêt bancaire garanti par la Confédération jusqu’à 1,5 milliard de CHF que SWISS prévoit de rembourser dans les meilleurs délais. La compagnie s’est donc imposé un programme strict de réduction des coûts. Des économies substantielles dans tous les domaines de l’entreprise sont inévitables. Dans ce contexte, des accords de crise pluriannuels ont été conclus avec les partenaires sociaux représentant le personnel au sol et le personnel de cabine.
Le ton est évidemment différent chez le syndicat de pilotes, qui dans un communiqué rappelle que la rupture des négociations vendredi dernier et la résiliation de la CCT « montrent que le partenariat social avec la compagnie est au plus bas ». Les pilotes « montrent de la compréhension pour les difficultés que traverse le secteur, et c’est pourquoi des solutions communes étaient recherchées » poursuit Aeropers, rappelant au passage que c’est sous la CCT 2018 que la compagnie « a réalisé les plus importants bénéfices de son histoire ». Le syndicat avait proposé un nouveau paquet de mesures impliquant des baisses de salaires jusqu’à 20% ; les économies ainsi réalisées sur le personnel du cockpit « auraient atteint 130 millions de francs suisses ».
Aeropers souligne également que la Confédération a débloqué en avril dernier un crédit de 1,5 milliard de francs suisses pour la compagnie de Star Alliance et sa société-sœur Edelweiss Air ; dans ce cadre, SWISS s’était « engagée à trouver des solutions dans le cadre du partenariat social ».
From 8 February 2021 onwards, all flight guests travelling to or transition in Switzerland must fill in the electronic passenger locator form (ePLF) and submit proof of a negative PCR test result when entering to Switzerland. More info: https://t.co/VVCvncbjg1 pic.twitter.com/6NxjA8M7v0
— Swiss Intl Air Lines (@FlySWISS) February 4, 2021
Sam a commenté :
8 février 2021 - 9 h 37 min
« les exigences des modèles modernes de temps de travail ». Il fallait la trouver, cette formulation !
Bencello a commenté :
8 février 2021 - 10 h 49 min
…disposé à ne négocier « que des mesures de crise temporaires »…
On voit bien les 2 états d’esprits: des salariés qui sont prêts à faire des efforts, mais avec un horizon de “retour à la normale” et une direction qui aimerait bien graver dans le marbre des conditions bien plus favorables pour elle, pour de nombreuses années encore.
Tout dépend de l’interprétation de la crise actuelle d’un côté et de l’autre.
Pionner 300 a commenté :
8 février 2021 - 11 h 02 min
Ceux que j’appelle” les anti NAVIAGNTS PRIMAIRES ” qui stigmatisent systématiquement les personnels français pretenduement assis sur leurs avantages exhorbitants sont étonnamment silencieux
Ces pilotes toujours cités en exemple Allemands ,l Hollandais et maintenant les Suisses ,sont finalement eux aussi en lutte pour sauver leurs emplois ,car ne nous leurrons pas c’est de cela dont il s’agit dans un monde de l’aérien fracassé par la pandémie Non messieurs les donneurs de leçon s ,ailleurs n’est pas different ,alors arrêtez de croire au mal français en matière de lutte sociale
lyonnnais a commenté :
8 février 2021 - 12 h 26 min
Vous tirez une conclusion péremptoire de ce clash…
Mais on peut aussi simplement constater qu’il y avait, jusqu’en 2020, un déficit mondial de PNT. Ceci a entrainé une concurrence féroce entre compagnies pour recruter, quitte à accepter des exigences de pilotes en position de force.
Après COVID, les compagnies se trouve en position de force du fait de la surcapacité en terme de nombre de PNT. Le rapport de force s’étant inversé,les compagnies souhaitent rétablir l’équilibre vers un coût plus équilibré !!!
Vous voyez, votre prisme sur le sujet vous amène à une interprétation de la situation,mais celle-ci n’est pas forcément LA vérité…
Kikilefada a commenté :
8 février 2021 - 14 h 19 min
Il n’y a eu aucun rapport de force avant mars 2020 les PNTs en ont juste profité pour changer vers des postes plus favorables (géographiquement, financièrement ou comme moi pour accéder au long courrier …) désormais les compagnies font comprendre à leurs PNTs qu’elles ont 4000 CVs … c’est un argument stupide qui démontre le mépris du management en général pour leurs pilotes …
En ce qui concerne Swiss comme toutes les compagnies l’acceptabilité de réduction des conditions ne peuvent être acceptées que si elles sont temporaires (mais éventuellement renouvelables si la crise dure) car il n’y a aucune raison qu’un employé dans n’importe quel secteur d’activité voit les conditions acceptées à son embauche être changées définitivement alors qu’après la crise il y aura une demande très forte des personnes qui voudront voyager à nouveau … ce n’est pas pour rien que les compagnies aériennes s’endettent pour survivre …
lyonnnais a commenté :
9 février 2021 - 3 h 25 min
C’est,malheureusement,la situationque vivent dpis très longtemps l’ensemble des salariés,dans tous les secteurs,y compris l’aérien (personnel au sol,PNC,…)
Des salariés qui étaient en mesure de diriger à la place des dirigeants,de limiter le développement d’une filiale (limitation du nombre d’appareils,interdiction d’ouverture de telle ou telle base,…si vous n’appelez pas ça un rapport de force,les mots n’ont plus de sens !)ces salariés tout-puissants sont en voie de disparition!!
Eh bien, moi je trouve: a commenté :
8 février 2021 - 14 h 26 min
Eh bien moi je trouve qu’il est tout à fait normal que les personnels en place dans une entreprise , tous les personnels, de toutes les qualifications et métiers et dans toutes les entreprises, essaient de con server et leurs postes et leurs revenus et les avantages divers qu’ils peuvent avoir…
Et je trouve tout aussi normal que les directions d’entreprises diverses et variées cherchent à minimiser leurs coûts en demandant des efforts temporaires ou définitifs à leurs employés…
Après, à eux de voir , de discuter, d’arriver ou pas à éviter un blocage type grève…d’arriver ou pas à éviter des choses plus radicales type licenciements..
C’est ça la vie sociale d’une entreprise et ilm n’y a là pas de quoi faire froncer un sourcil rageur à personne… Tout ça, c’est juste dans l’ordre normal des choses!
private equity a commenté :
10 février 2021 - 3 h 13 min
En Suisse les syndicats sont malheureusement très faibles.
Traditionnellement les pilotes étaient (du temps de Swissair) très proche de la ligne de la direction de la compagnie. D’ailleurs avant Philippe Bruggisser (celui qui a coulé la compagnie) les CEO de Swissair étaient des anciens pilotes.
La grève n’est pas du tout dans la culture des personnels des compagnies aériennes en suisse, que ce soient les pilotes ou les personnels de cabine.
Résultat la direction qui a reçu des milliards de l’Etat fera ce qu’elle veut.
On a souvent une vision carte postale de la Suisse et de son partenariat social. En fait c’est de l’ultra libéralisme à la mode américaine ou canadienne. On est loin de l’Etat social à la française.